En 1972, la Renault 5, citadine polyvalente à hayon, séduit par son côté pratique et ludique. Publicis la dote d'une personnalité attachante via une campagne publicitaire marquante. Mais en 1976, Renault Sport, fraîchement créé, vise le retour en rallye. La R5 est choisie, alors que sort l'Alpine. Ses 93ch sont insuffisants et son architecture "tout à l'avant" limite les performances. On vise plus haut : Dès 1978, Bertone, sur base des dessins de Robert Opron, livre une maquette définitive de la R5 Turbo, dessinée par Marcello Gandini. Extérieur musclé, habitacle digne d'un concept-car, l'auto conserve pourtant l'identité de la R5. L'autocollant "TURBO" annonce la couleur et la banquette arrière disparaît, laissant deviner l'implantation du moteur. Plusieurs solutions sont envisagées, mais c'est le bloc de la 5 Alpine, profondément modifié, qui est retenu. Le brave "Cléon fonte" se mue en bête de course grâce au turbocompresseur, alors peu répandu. La suralimentation transfigure le moteur, offrant une puissance jamais vue en France (hors la malheureuse et éphémère Talbot Tagora SX). Avec 160ch (72% de plus que l'Alpine!), la R5 Turbo devient la voiture de série française la plus puissante. Son injection Bosch et son turbo Garrett T3 propulsent l'auto à près de 200 km/h. Mais c'est son caractère qui interpelle : la 5 Turbo est unique. Présentée au Salon de Paris 1978 sous forme de maquette, la version définitive est dévoilée deux ans plus tard. Son prix (115 000 francs, soit plus de quatre fois une R5 basique) et ses performances la positionnent au-dessus de l'Alpine A310. Son train arrière, inspiré de l'Alpine, fera d'ailleurs beaucoup parler la presse spécialisée. Jean-Paul Thévenet, dans L'Automobile, résume parfaitement la conduite de la 5 Turbo : "On croirait tout simplement que rien ne peut se passer si l'on ne s'enhardit pas... à libérer toute la puissance pour déclencher une petite ruade de l'essieu arrière, dont le contrôle est un véritable plaisir." La légende de la Renault 5 Turbo est née.