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Caudron-Renault : l'aventure aéronautique de Louis Renault qui révélera Hélène Boucher
PAUL CLÉMENT-COLLIN - 18 sept. 2016Si je suis passionné par les avions (oui, aussi), j’avoue ne pas être un pro ! J’avoue aussi être un fanatique de bande dessinée, particulièrement la ligne claire belge (mais pas que). Quel rapport me direz-vous, et surtout quel rapport avec l’automobile ? Un seul, un rapport minime, que tout amateur d’Hergé connaît : le fameux H22, construit par la fictive SAFCA et piloté par hasard par Jo, Zette, et leur singe Zocko !
Là, vous vous dites que j’ai pris un apéro un peu trop fort… Et pourtant ! Regardez bien ce H22 ! Ne vous rappelle-t-il rien ? Le « Testament de M. Pump », et sa suite, « Destination New York », sont deux albums parus en 1939 sous la dénomination « Stratosphérique H », laissent apparaître un H22 ressemblant étrangement à un …. Caudron-Renault C460, échangeant une teinte bleue de France pour un rouge plus bédégénique !
Le Caudron-Renault C460 n’est pas un avion de guerre, mais un avion de course, destiné à battre tous les records pour la promotion de la nouvelle filiale de… Renault. Car depuis 1933, les frères Caudron, en difficulté financière, se sont alliés avec Louis Renault, qui, depuis la 1ère guerre mondiale, produit des moteurs d’avions en sus de ses automobiles.
La nouvelle filiale de Renault semble avoir un avenir radieux : son avion Caudron-Simoun, pour le transport léger, s’avère prometteur, ses installations de Guyancourt offrent du terrain que Renault n’a pas à Billancourt (des années plus tard, Renault ne l’oubliera pas), et ce C460 promet des records de vitesse. En 1934, Renault-Caudron (qui remplace la société des Avions Caudon), engage Hélène Boucher, qui est à l’aviation ce qu’est Michèle Mouton pour le Rallye, et semble pouvoir rivaliser avec les Dewoitine, les Maurane-Saulnier ou les Bloch (qui deviendront Dassault).
Hélène Boucher, légende de l’aéronautique !Pour Louis Renault, passionné d’automobile, certes, mais aussi d’aviation et de tout ce qui traite de mécanique, c’est l’heure de gloire : propriétaire de l’une des marques automobiles les plus réputées d’Europe, il devient aussi le maître d’une entreprise aéronautique réputée. A la même époque, il rentre au capital d’Air Bleu et participe à la création de ce qui deviendra Air France…
Malheureusement, la guerre viendra interrompre la belle aventure aéronautique de Louis Renault. L’attaque éclair et le réarmement trop tardif de l’Armée de l’Air ne le permettra pas d’enrayer l’avance allemande, et l’entreprise de Billancourt passera dès lors sous les fourches caudines de l’occupant. L’activité de Caudron-Renault tombera à néant, et ne se relèvera pas de la guerre, d’une part, mais aussi de la chute de Louis Renault, accusé (nous en reparlerons) de collaboration, et disparu de façon étrange, provoquant l’ire de la famille qui accusera de mauvais traitements les autorités.
L’aventure Renault dans l’aéronautique en restera là, du moins sous la marque Caudron Renault. Car la régie, nationalisée donc, continuera son activité de motoriste aéronautique quelques temps encore. Adieu les avions profilés façon Caudron, et donc Renault. Adieu aussi les rêve d’hégémonie de Louis Renault sur tout ce qui dispose d’un moteur. Restera une pluie de record, la mise sur orbite d’Hélène Boucher, et cette fameuse histoire à bulle, ce fameux SACAF Stratonef H22, librement adapté d’un Caudron Renault !