Lagonda Rapide : une DB4 pour la famille
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Lagonda Rapide : une DB4 pour la famille

Par Nicolas Fourny - 01/08/2025

« Improbable compilation d’influences disparates, la Rapide n’arrive pas à la cheville de la Flying Spur en termes d’élégance formelle »

Voici sans doute la plus oubliée des Aston Martin – peut-être aussi parce qu’elle n’en porte pas le blason : la très fugitive Lagonda Rapide, berline de grand tourisme aux caractéristiques séduisantes sur le papier, mais qui ne parvint hélas pas à rencontrer son public. À l’évidence, celui-ci n’était pas prêt à se détourner des Bentley Continental pour se laisser convaincre par cette première tentative de la petite firme de Newport Pagnell, que James Bond n’avait pas encore extraite d’une certaine confidentialité. Moyennant quoi, seuls cinquante-cinq exemplaires de l’auto furent construits en trois ans de production, et il fallut attendre de longues années pour qu’Aston retente l’aventure. Cela n’empêche pas cet insolite dérivé de la DB4 de distiller un charme très particulier…

Un label à éclipses

En matière d’industrie comme de destinées humaines, aucun itinéraire n’est parfaitement rectiligne, mais certains sont cependant moins mouvementés que d’autres. Ainsi, contrairement à celui d’Aston Martin, le nom de Lagonda n’est que peu familier pour le grand public – alors que les deux firmes ont fusionné dès 1947 sous l’égide de David Brown, qui s’en était successivement porté acquéreur après la guerre. Depuis lors, Lagonda a tantôt vécu comme un label à part entière, tantôt comme la dénomination de berlines dérivées de coupés Aston – sans parler de ses longues périodes de mise en sommeil –, de sorte que son identité demeure très floue dans la mémoire collective. Bien peu de gens se souviennent que Lagonda, fondée en 1906, a été une firme prestigieuse avant la guerre, rivalisant sans complexes avec Rolls-Royce ou Bentley. Au début des années 1950, la marque tenta de poursuivre sur cette lancée en construisant 270 exemplaires de la très confidentielle 3-Litre, dont le moteur avait justement été conçu par W.O. Bentley, lequel avait rejoint l’entreprise en 1935 (pour les amateurs, on peut apercevoir l’auto en version décapotable dans les deux premières saisons de la série The Crown). Mais ce n’était évidemment pas suffisant pour assurer l’avenir de Lagonda en tant que marque à part entière…

Les Bentley en point de mire

À vrai dire, c’est bien le six-cylindres Lagonda qui avait, en premier lieu, suscité la convoitise de David Brown lorsqu’il avait acquis la vieille firme mais, après avoir récupéré cette noble mécanique pour en équiper les premières Aston portant ses initiales, le nouveau patron sembla ne plus réellement savoir que faire de la plus ancienne de ses deux marques, qui disparut des radars en 1958 – c’est-à-dire l’année même du lancement d’une certaine DB4… Entretemps, Bentley avait, avec un certain succès, lancé la série des Continental, proposant sous ce nom d’opulents coupés et cabriolets censés incarner le climax du grand tourisme britannique, auxquels la firme de Crewe avait ajouté, en 1957, la sublimissime berline Flying Spur, établie sur le châssis de la berline S. Il ne faut sans doute pas chercher plus loin les motivations de Brown lorsqu’il décida de ressusciter Lagonda en lançant une nouvelle berline susceptible de rivaliser avec la plus somptueuse des Bentley !

Ceci n’est pas une Aston

À ce moment-là, la Flying Spur ne connaît aucune concurrente. Ni Mercedes-Benz, ni Jaguar, ni Maserati – la Quattroporte n’apparaîtra qu’en 1963 – ne sont alors en mesure d’engager la conversation avec Bentley ; quant à Ferrari, jamais le Commendatore n’acceptera qu’une triviale carrosserie à quatre portes n’arbore le cheval cabré, et ses lointains héritiers ne commettront le Purosangue que trente-cinq ans après la mort d’Enzo. Il y a donc un coup à tenter pour Aston Martin, dont la notoriété commence tout juste de s’épanouir à la faveur de la victoire de la DBR1 aux 24 Heures du Mans 1959, aux mains de Roy Salvadori et Carroll Shelby. Pourtant, l’auto ne s’appellera pas Aston, même si son étroite parenté technique avec la DB4 ne fait aucun doute ; c’est donc sous la marque Lagonda que la première berline lancée par le petit constructeur du Buckinghamshire fait son apparition au Salon de Paris 1961. Et il faut bien en convenir, dès l’abord, la Rapide – qui reprend le patronyme d’un modèle Lagonda d’avant-guerre – déconcerte les observateurs, avant tout en raison d’un design quelque peu maladroit, élaboré en interne même si l’auto reprend le principe Superleggera mis au point par la Carrozzeria Touring et utilisé sur la DB4.

Rapidement abandonnée

Improbable compilation d’influences disparates, la grande berline (4,97 mètres de long) n’arrive pas à la cheville de la Flying Spur en termes d’élégance formelle, avec sa proue rappelant vaguement celle de l’Edsel 1958, tandis que la poupe, pour sa part, semble calquée sur celle du cabriolet DB4. Entre les deux, l’habitacle ne s’éloigne pas des stricts canons du classicisme et engendre une atmosphère plus raffinée que celle d’une Aston contemporaine. Sous le capot, l’on trouve le six-cylindres 4 litres préfigurant celui de la future DB5, tandis que l’essieu arrière De Dion annonce déjà celui de la DBS de 1967. Insuffisamment mise au point, coûtant horriblement cher à produire et non rentable en dépit d’un tarif élitaire, la Rapide ne séduit qu’une toute petite tribu de happy few, qui ne seront pas assez nombreux pour justifier la poursuite de l’aventure. Arrêtée dès 1964, l’auto sombre aussitôt dans l’oubli, éclipsée ensuite par la fantasmatique Lagonda des seventies, due à William Towns. Cotant à présent un peu moins qu’un coupé DB4, la Rapide est devenue une machine de connaisseurs, attirés par les vilains petits canards délaissés par les collectionneurs préférant se pâmer devant la séduction plus évidente d’une Aston. Si vous aimez sortir des sentiers battus, vous savez ce qu’il vous reste à faire…

3995 cm3Cylindrée
235 chPuissance
210 km/hVmax



Texte : Nicolas Fourny

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