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Hofstetter Turbo : la Carabo brésilienne
PAUL CLÉMENT-COLLIN - 3 nov. 2017Qui n’a jamais rêvé d’avoir sa propre marque automobile ? J’avoue, de mon côté, avoir souvent imaginé ma vie de capitaine de l’industrie automobile. Il me manquait sûrement le talent, l’envie, les connaissances techniques, l’argent et toutes sortes de choses qui font qu’une marque peut naître au lieu de rester en songe. Mario Richard Hofstetter, lui, a eu le courage de se lancer, même si sa marque n’aura jamais connu l’aura de Porsche ou de Ferrari : avec seulement 18 exemplaires produits (ou 19 si l’on compte le premier proto de 1984) entre 1986 et 1993, la Hofstetter Turbo, devenue Cortada avec le temps, n’aura jamais cassé la baraque mais aura eu le mérite d’exister.
En regardant cette Turbo, difficile de ne pas penser au célèbre show-car Carabo de 1968, œuvre intemporelle de Bertone. Mais il faut bien l’admettre : l’évocation n’égale pas l’originale, et malgré un style plutôt réussi, la sportive brésilienne manque un peu de grâce, de finesse, de l’égance, tout ce que la Carabo possédait si longtemps avant. Cependant, avant de jeter la pierre à la Turbo, admettons tout de même qu’elle partageait avec la Vector américaine un style qui faisait rêver les gosses dans ces années 80, la puissance en moins (lire aussi : Vector).
Le prototype présenté en 1984Comme toute brésilienne qui se respecte, il fallait bien faire avec les moyens du bord et piocher dans les banques d’organes « à pas cher » locales, et la Turbo optait pour une mécanique Volkswagen, un 1.8 litre issu de la Santana et gavé par un Turbo (d’où son nom) pour atteindre la puissance confortable (pour l’époque et le pays) de 154 chevaux. A partir de 1988, les Turbo S s’offrait même un 2 litres VW porté à 210 chevaux toujours grâce à la magie du turbal !
Histoire d’impressionner les voisins, la Turbo se voyait affublée de portes papillons. Oui c’est idiot, ça sert à rien, et c’est même pas très pratique, mais ça fait toujours son petit effet, que ce soit au Brésil ou ailleurs, et la Hofstetter n’était pas la seule, à l’époque, à céder à ce genre d’effets de style un peu facile (le plus bel exemple reste la DeLorean DMC12, lire aussi : DeLorean DMC12).
Contrairement à d’autres sportives artisanales brésiliennes, la Turbo ne récupérait pas un châssis de Cox/Fusca. Au contraire, elle bénéficiait d’un châssis maison, tubulaire of course, recouvert d’une carrosserie en plastique pour un poids total d’un peu plus d’une tonne. 154 chevaux pour 1030 kg, ça paraît peu aujourd’hui, mais c’était un rapport poids/puissance honorable à l’époque, à défaut d’être extraordinaire.
Image: ANDRE LESSA/AE.Bon, vous l’aurez compris, cette Turbo ne cassa jamais la baraque. Le premier prototype fut présenté en 1984, deux ans après la création de la société, tandis que la production commençait en 1986. En 1987, 13 exemplaires avaient été construits. 5 autres suivirent entre 1988 et 1993 avant que Hofstetter ne jette le gant, par manque de moyen. Bien évidemment, la voiture était trop chère alors que le marché brésilien s’ouvrait en baissant ses droits de douanes, ouvrant les vannes aux Porsche et autres sportives européennes.
Reste cette tentative intéressante, faite avec les moyens du bord, dont les exemplaires restant font l’objet de tous les soins de leurs propriétaires. Si jamais vous vous mettiez en chasse, privilégiez un des premiers modèles plus fins et élégants que les derniers affublés d’appendices aérodynamiques discutables.