AMC AMX/3 : la mort subite d'une supercar américaine de conception européenne
Classics
Amc
Américaine
Classics
Italienne
Youngtimers

AMC AMX/3 : la mort subite d'une supercar américaine de conception européenne

Par Paul Clément-Collin - 21/03/2017

Dans les années 60, les constructeurs Américains commencent à être énervés par l’insolente efficacité des sportives européennes, et en particulier italienne. Ford d’ailleurs, après avoir tenté de racheter Ferrari, se lancera dans la bagarre avec une GT40 impressionnant, et tentera l’aventure de la GT européenne avec la De Tomaso Pantera (lire aussi : la bataille de Ford et Ferrari au Mans). Mais aux Etats-Unis, il n’y a pas que Ford qui aimerait bien se faire une place au soleil avec une supercar digne des européennes. AMC (American Motors Corporation), le plut petit des « big four », a dans l’idée de lancer sa propre voiture : l’AMX/3.

Le projet AMX/2 de 1969

L’AMX est à l’origine un petit coupé sportif (enfin « petit » selon les normes américaines) de seulement deux places, propulsion et moteur avant. Sous le capot, un V8 en plusieurs configuration de cylindrée et de puissante, du petit 290 (4.8 litres) de 290 ch au gros 390 (6.4 litres) de 375 ch. Vendue pendant 3 millésimes (1968, 1969 et 1970), l’AMX connaîtra un succès d’estime plus qu’un succès tout court, avec 19 134 exemplaires vendus (dont 12 735 dotés du V8 « 390 »). En 1969, cherchant à « transformer » son AMX en coupé à moteur central arrière capable de rivaliser avec les sportives européennes, AMC va présenter un premier prototype dénommé AMX/2 au Salon de Chicago. Une sportive dessinée par le designer maison Bob Nixon, malgré la mise en compétition avec Giugiaro. Le bon accueil réservé à l’AMX/2 va donner des ailes à AMC, qui s’apprête à concrétiser son rêve avec l’AMX/3.

l’AMX/3, présentée à Rome en janvier 1970

Comme s’il existait toujours un petit complexe américain concernant les châssis, AMC va alors s’adresser à un fameux italien, Giotto Bizzarrini, connu pour ses compétences de motoristes ou de trains roulants. Et ça tombe bien car Bizzarrini, qui s’était lancé dans la construction d’automobiles en 1964 avec les 5300 Strada, P538 et la « petite » Europa 1900 GT, venait de faire faillite en 1969. Un contrat de consultant et de réalisation de prototypes qui tombait à pic pour se refaire une santé. Bizzarrini va donc s’atteler à la tâche et réaliser un premier prototype en juin 1969, avec une suspension maison (indépendante aux 4 roues). Le châssis est lui aussi spécifique et créé par l’Italien, doté d’une exceptionnelle rigidité (dit « châssis semi-monocoque).

Pour faire passer le couple du puissant V8 AMC, Bizzarrini et son associé Salvatore Diomante (lire aussi : les drôle de Lambo de Salvatore Diomante) vont faire développer une boîte de vitesse à 4 rapports par le spécialiste OTO Melara. Le design est quant à lui une évolution de l’AMX/2, faisant d’ailleurs sous bien des angles penser à la De Tomaso Pantera (lire aussi : De Tomaso Pantera). Le tout est relativement élégant.

AMC veut tout de même être sûr de son coup, et va s’attacher les services d’un constructeur européen qui à l’époque ne rechigne pas à faire du consulting, un allemand, BMW. Son rôle ? Tester la tenue de route, les suspensions, et la bonne tenue du moteur. Le verdict tombe bientôt : il faut revoir la copie, la stabilité n’était pas vraiment là, la suspension pas au point, et le refroidissement du moteur problématique. Giotto Bizzarrini va donc plancher à nouveau pour enfin pouvoir présenter un modèle au point debut 1970 à Rome, puis en juin au salon de New York.

En ce début 70, on est encore confiant. AMC, initialement, prévoyait une production de 5000 exemplaires annuels, rien que cela. Des ambitions vite revues à la baisse vue le coût de vente prévu : 12 000 $ de plus qu’une AMC AMX, et même presque 3000 $ de plus qu’une Pantera. On n’envisage plus qu’une production réduite à quelques dizaines d’exemplaires annuels. Jusqu’en juillet, le projet semble proche d’une production de série, qui serait dès lors confiée à Bizzarrini. Pourtant, en ce mois d’été 70, AMC va annuler le programme AMX/3. Jusqu’alors, Bizzarrini avait déjà construit 5 exemplaires au total.

Pourquoi AMC annule-t-elle le programme ? Les coûts tout d’abord, jugés trop importants, obligeant à un prix de vente élevé. Mais surtout les nouvelles normes américaines obligeant à doter les voitures de pare-chocs proéminents, ce que le dessin de l’AMX/3 ne permettait pas en l’état. AMC, un constructeur aux problèmes financiers récurrents, préférait arrêter les frais plutôt que de s’engager dans une aventure hasardeuse.

Malgré le désengagement, Bizzarrini va espérer pouvoir produire malgré tout la voiture, sous sa propre marque et sous le nom de Sciabola, mais AMC refusera de fournir les pièces pour une industrialisation. Pourtant, un prototype Sciabola fut construit par Diomante avec le stock de pièces restant, mais aucun modèle de série ne sortira vraiment des ateliers italiens. Six, c’est le chiffre régulièrement retenu comme « production » officiels (les 5 pré-séries + le prototype Sciabola). Pourtant, le chiffre de 17 est parfois évoqué (dont 9 exemplaires auraient été détruits par AMC), sans certitude. Ce sera en tout cas la dernière aventure de Giotto Bizzarrini, qui bien que motoriste et ingénieur de génie, ne réussira pas à devenir un constructeur. Sans doute parce que la technique lui importait plus que la gestion, les contrats et le marketing.

Paul Clément-Collin

Paul Clément-Collin

Paul Clément-Collin est une figure reconnue du journalisme automobile français. Fondateur du site culte Boîtier Rouge, sacré meilleur blog auto aux Golden Blog Awards 2014 et cité parmi les médias auto les plus influents par Teads/eBuzzing et l’étude Scanblog Advent, il a ensuite été rédacteur en chef de CarJager et collaborateur de Top Gear Magazine France. Journaliste indépendant, spécialiste des voitures oubliées, rares, iconiques ou mal-aimées, il cultive une écriture passionnée et documentée, mêlant culture auto, design, histoire et anecdotes authentiques, et intervient également sur des événements majeurs comme le Mondial de l’Auto.

Autos similaires en vente

Ferrari 328 Gts
Ferrari 328 Gts
Ferrari 328 Gts
Ferrari 328 Gts
Ferrari 328 Gts
Austin-healey 100 /4 Bn1 Fia
Austin-healey 100 /4 Bn1 Fia
Austin-healey 100 /4 Bn1 Fia
Austin-healey 100 /4 Bn1 Fia
Austin-healey 100 /4 Bn1 Fia
Chevrolet Corvette C1 283 Ci
Chevrolet Corvette C1 283 Ci
Chevrolet Corvette C1 283 Ci
Chevrolet Corvette C1 283 Ci
Chevrolet Corvette C1 283 Ci
Jaguar Type E Series 3
Jaguar Type E Series 3
Jaguar Type E Series 3
Jaguar Type E Series 3
Jaguar Type E Series 3

Carjager vous recommande

Nicolas Fourny / 12 nov. 2025

Mercedes Classe G surélevés : un bras d'honneur pour les bien-pensants

« Les Classe G surélevés épuisent les qualificatifs »
Classe G
Mercedes
V12
Nicolas Fourny / 12 nov. 2025

Aston Martin : les aventures de B549 WUU

« L’AM V8 est généreusement pourvue en gadgets et adresse de sympathiques clins d’œil à la DB5 »
Anglaise
Aston Martin
Classic
Nicolas Fourny / 12 nov. 2025

Audi Concept C : une divine surprise

« Il faut du courage pour s’engager à contre-courant des tendances lourdes qui structurent le design contemporain »
Allemande
Audi
Concept Car
Nicolas Fourny / 12 nov. 2025

Lamborghini Espada : un splendide isolement

« L’Espada demeure, comme autrefois, une automobile de connaisseur »
Classic
Italienne
Lamborghini
Nicolas Fourny / 12 nov. 2025

Citroën CX 2400 Prestige : le carrosse des Chevrons

« La concurrence française n’est pas en mesure d’égaler le raffinement de la Prestige »
Citroën
Classic
Cx
Nicolas Fourny / 12 nov. 2025

Mercedes-Benz Museum : l'écrin des rêves

« Le Mercedes-Benz Museum est bien plus qu’un simple lieu d’exposition »
Allemande
Classic
Mercedes
Vladimir Grudzinski / 12 nov. 2025

An Unreserved Opinion Piece on a Market That’s Not So Hammered…

The classic car market is slowing down but remains stable: the poor results of auction houses mainly reflect an outdated business model.
Classic
Marché
Nicolas Fourny / 12 nov. 2025

Porsche 914/8 : celle qu'on n'a pas eue

« Ferry Porsche n’apprécie pas particulièrement cette voiture, bien vite remisée dans les réserves du constructeur »
914
Porsche
Sports Cars

Vendre avec CarJager ?

Voir toutes nos offres de vente