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De Tomaso Pantera SI : le début de la fin !
PAUL CLÉMENT-COLLIN - 29 nov. 2015La De Tomaso Pantera n’est pas une voiture si rare que cela si l’on considère que depuis son lancement en 1971 et jusqu’à la fin de sa carrière en 1993, 7082 exemplaires ont été fabriqués. La majorité des Pantera furent fabriquées dans les années 70 (6579 exemplaires entre 1971 et 1979 en version « push button », L, GTS Euro ou GTS-US), et les modèles des années 80 (GT5 et GT5-S) seront déjà un peu plus rares encore (462 exemplaires entre 1979 et 1989).
C’est dire donc si les 41 exemplaires de la Pantera SI (ou Pantera 200, voire Pantera 90 en Angleterre), fabriqués entre 1990 et 1993, font de ce modèle une vraie rareté. D’autant que 2 exemplaires serviront de crash test et seront donc détruite : 39 exemplaires seulement seront donc mis en circulation.
La Pantera SI, revue et corrigée par Marcello Gandini en 1990La Pantera (un temps commercialisée par Ford, actionnaire de De Tomaso jusqu’en 1974) a marqué son époque (les années 70) mais a peu à peu perdu de son prestige. Il faut dire que le flamboyant Alejandro de Tomaso, fondateur de la marque, s’est un peu désintéressé de sa marque éponyme pour se consacrer à son « groupe automobile » formée par Maserati mais aussi Innocenti (lire aussi : Innocenti Nueva Mini) ou le constructeur de moto Moto Guzzi. Pourtant, après des débuts en fanfare grâce à une Biturbo salvatrice, les problèmes financiers obligèrent Alejandro à revendre Innocenti à Fiat, et à laisser entrer au capital de Maserati le géant turinois. Dès lors, Alejandro, perdant la main sur son empire, se remit à penser à sa marque fétiche !
Délesté de ses joujous favoris, Alejandro de Tomaso va tenter de donner un coup de fouet à sa vieillissante Pantera pour revenir sur le devant de la scène. Pour moderniser la ligne de sa sportive devenue presque caricaturale au cours des années 80 avec rajouts de carrosseries ou d’ailerons, De Tomaso va faire appel à son designer fétiche, Marcello Gandini. C’est bien le dessin original de Tom Tjaarda (Ghia) qui sert de base à l’artiste italian, mais il va le modifier profondément, et le modifier suffisamment pour qu’elle paraisse presque moderne.
On ne reconnaît plus le dessin gracile de 1971, mais on ne peut qu’admirer Gandini qui a su s’approprier la Pantera pour rendre une copie qui la fait passer pour un nouveau modèle. On reconnaît d’ailleurs quelques tics de dessin, comme la casquette à la base du pare brise, que l’on retrouve aussi sur la Maserati Shamal (lire aussi : Maserati Shamal) et sur toutes les « Biturbo » restylées par le maestro au début des années 90 : Sporting, 4.24v, Ghibli, et Spyder.
La Pantera SI est présentée en 1990. Elle reste fidèle à Ford, mais dispose du moderne V8 302 à injection électronique (adieu les carbus) de la Mustang de l’époque. Retravaillé chez De Tomaso, ce moteur offre 305 ch, soit 58 ch de plus que sa base américaine, grâce à la modification des arbres à cames, des ressorts de soupapes et du collecteur d’admission. Les freins sont changés (Brembo), tout comme le châssis retravaillé, les suspensions, ou les échappements (catalysés). Certains exemplaires recevront en outre une boîte de vitesse Getrag 6 vitesses issues de l’Audi RS2 (lire aussi : Audi RS2). 4 exemplaires seront modifiés très officiellement en 1994 par la carrosserie Pavesi, vieux partenaire des marques du groupe de Tomaso, en version Targa : autant dire qu’elles seront encore plus difficiles à dénicher.
Malgré ce coup de jeune, la marque a du mal à redémarrer, et la Pantera SI, malgré la chirurgie esthétiques et ces quelques évolutions techniques, reste dépassée. Voilà pourquoi seule une poignée d’exemplaires trouvera preneur (on l’a vu, 39 exemplaires, au lieu des 250 attendus). Mais pour Alejandro de Tomaso, il s’agissait surtout de tenir avant le lancement de la nouvelle Guara qui doit elle assurer l’avenir de la marque (lire aussi : De Tomaso Guara).
La SI sera la dernière de la lignée des Pantera. La Guara ne rencontrera pas non plus le succès escompté. Quand à l’aventure Bigua, elle tournera même au « grand guignol » (lire aussi : Qvale Mangusta). C’en était fini de la marque italienne !