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TAS : l'usine Volkswagen de Sarajevo

PAUL CLÉMENT-COLLIN - 16 sept. 2017

Je me souviens encore d’une certaine propagande à la fin des années 80 nous présentant la Yougoslavie comme le vrai paradis du monde socialiste, et d’une certaine manière c’était vrai, en comparaison des pays de l’Est sous la coupe de l’URSS. Les dépliants et brochures touristiques des années 70 et 80 montrait un pays moderne, aux femmes séduisantes habillées à la dernière mode, un pays libre et ouvert, aux paysages à couper le souffle. Un bon moyen d’attirer le touriste, mais aussi l’investisseur. Car la Yougoslavie mettait un point d’honneur, malgré son régime ouvertement communiste (mais à la sauce titiste, hein), à marquer sa différence avec le grand frère communiste : le pays s’était libéré du joug allemand seul, sans l’aide soviétique, et se tentait de garder une certaine neutralité, une 3ème voie socialiste plus ouverte et moins répressive.

En termes économiques, cela passait par l’ouverture de son marché (enfin, sous certaines limites) : attirer les investisseurs pour produire sur place et développer l’industrie yougoslave. C’était particulièrement vrai dans l’industrie automobile : Fiat avec Zastava en Serbie, à Belgrade (lire aussi: Yugo Florida), Austin puis Renault avec IMV en Slovénie, à Novo mesto (lire aussi : l’usine Renault de Novo mesto), ou bien Citroën, en Slovénie elle-aussi, à Koper (lire aussi : Cimos). Un autre constructeur, allemand celui-là, profita de l’ouverture du marché automobile : Volkswagen, par l’intermédiaire de TAS (pour Tvornica Automobila Sarajevo), à Sarajevo, en Bosnie-Herzégovine.

En fait, c’est par le biais de NSU que Volkswagen va s’intéresser à la Yougoslavie. En rachetant son petit concurrent, VW va découvrir que NSU fabriquait des Prinz à Sarajevo depuis 1963 avec l’entreprise d’Etat Pretis. La marque de Wolfsburg s’intéressa donc à cet étrange accord, puis rapidement comprit quel intérêt il pouvait y avoir à produire en CKD pour conquérir un marché yougoslave en plein développement. Associé à Pretis, actionnaire majoritaire avec 51 % du capital (VW n’ayant que les 49 % restant), elle fondait alors, en 1970, la société Unis et l’usine automobile de Sarajevo, appelée donc TAS (qui deviendra d’une certaine manière la marque d’Unis et Volkswagen eu Yougoslavie).

Entre 1970 et 1972, il fallut d’abord construire l’usine. Le premier modèle à sortir des chaînes en 1972 sera une Cox. Les véhicules seront presque entièrement construits en Allemagne, seuls quelques éléments étaient montés sur place. A partir de 1973, la production devint plus « autonome » avec un système de kits (CKD) provenant d’Allemagne. Entre 1972 et 1976, 31 667 exemplaires de la Coccinelle furent fabriqués à Sarajevo, sous l’appellation 1200 J et 1300 J (J pour Yougoslavie en Serbe, Југославија).

En 1976, c’était au tour de la Golf d’être produite en Bosnie. Là encore, il s’agissait de kits, mais la part des pièces produites en Yougoslavie progressait par rapport aux Cox. Cette Golf était destinée au marché intérieur, et reprenait les finitions « basses ». Elles se distinguaient elles-aussi par leur indicatif J devant le niveau de finition (JGL, ou JX par exemple). Sur leur calandre, le logo TAS prenait place aux côtés du logo VW. Sous le capot, des 1.3 (à carburateur) et 1.6 essence, ainsi qu’un 1.6 diesel. La TAS Jetta viendra bientôt la rejoindre.

En 1982, ce fut la consécration pour TAS, qui recevait la mission de produire pour l’Europe entière la version pick-up de la Golf, la Caddy. Si les voitures particulières Golf ou Jetta étaient alors réservées aux 6 pays de l’Union Yougoslave, la Caddy, elle, devait répondre à une demande autrement plus exigeantes, et allait pouvoir rapporter des devises. Jusqu’alors réservée au marché américain (où elle était produite en Pennsylvanie) ou sud-africain (produite à l’usine de Uitenhage) depuis 1978, la Caddy allait enfin s’offrir aux artisans ou agriculteurs européens.

En 1984, TAS produisait 27 700 exemplaires de Golf, Jetta et Caddy. En 1985, la petite firme yougoslave passait à la Golf 2, gardant ses spécificités comme le logo TAS. En 1989, année record, l’usine employait 3500 salariés, et produisait plus de 37 000 voitures ! De quoi envisager l’avenir sereinement. En 1991, l’usine célébrait sa 300 000ème voiture et s’apprêtait à lancer la nouveauté de l’année, la Golf 3. C’était sans compter l’explosion en vol de la Yougoslavie, et la guerre sans merci qui se déclarait en Bosnie, de triste mémoire. L’usine fut contrainte à la fermeture. Lorsqu’en 1998 Volkswagen reprenait possession des lieux, on découvrit les ravages de la guerre, les machines dégradées voire volées (on retrouvera des presses dans des entreprises Serbes alors qu’elles commandaient des pièces détachées auprès du fournisseur allemand).

Il fallut quelques temps avant que la production de véhicules puisse redémarrer. Adieu TAS, l’entreprise devenait en 2002 Volkswagen doo Sarajevo, devenue filiale à 58 % de Volkswagen AG. Dès la reprise de la production, l’entreprise avait perdu sa spécificité, montant des VW, Skoda ou Audi sans signes distinctifs. Elle durera jusqu’en 2008, date à laquelle cessa toute activité de montage, plus assez rentable. L’usine désormais devenait un fournisseur pour la maison mère, produisant des essieux, des freins, des réservoirs, des tuyaux, des silencieux d’échappements ou des jantes. Entre 2009 et 2011, l’entreprise va pourtant tenter un come-back en produisant pour le compte de la société allemande EcoCraft un petit véhicule utilitaire électrique, l’EcoCarier… dont la production restera confidentielle.

Voilà, vous savez tout désormais sur ces Golf ou Jetta siglées d’un TAS qu’on peut croiser quelques fois sur les routes de Slovénie, Croatie, Bosnie ou Serbie. Vous saurez aussi, désormais, que les Caddy européennes proviennent de ce petit pays balkanique. Et puis, sait-on jamais, un jour viendra où replacer cette information pourra impressionner quelqu’un.


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