

Il existe, chez Ferrari, une tradition non écrite qui stipule que, depuis la 360 Modena, les berlinettes d’entrée de gamme voient apparaître, à l’approche de leur fin de carrière, des variantes optimisées à tous égards, proposant des prestations encore plus affûtées que leur matrice, aussi bien en matière de puissance brute que de comportement routier. C’est à présent au tour de la 296, pourtant récente dans l’absolu – après tout, l’auto ne date que de 2021, c’était hier – d’y avoir droit, sous la forme d’une nouvelle version simplement baptisée « Speciale », et disponible aussi bien en version fermée qu’en Spider…



Les limites sont faites pour être repoussées
L’on se souvient sans doute des devancières de la Speciale : durant le dernier quart de siècle, elles se nommèrent successivement Challenge Stradale, 430 Scuderia, 458 Speciale et enfin 488 Pista – seule la F8 Tributo n’ayant pas eu droit à ce feu d’artifice final. À chaque fois, il s’est agi de magnifier, voire même de radicaliser le niveau de jeu des berlinettes originelles ; c’est-à-dire ces modèles dont on se dit toujours, après les avoir conduites, qu’il sera très difficile de pousser encore plus loin les curseurs de la performance, de l’efficience routière et, en définitive, du plaisir de conduite. Et pourtant, « ils » y arrivent toujours, parvenant ainsi à se maintenir au firmament d’une catégorie pourtant ardemment disputée – ni Lamborghini, ni Porsche, ni McLaren n’ayant par exemple l’intention de laisser Ferrari s’ébattre sans concurrence…
Pour cinquante chevaux de plus
Ce n’est qu’au début de 2026 que débuteront les livraisons de la 296 Speciale, lorsque les versions « normales » auront quitté le catalogue Ferrari – en commençant par la version fermée, la variante Aperta, qui succèdera donc logiquement à la 296 GTS, suivant le mouvement avant l’été. Ceux qui ont l’habitude de dévorer gloutonnement les fiches techniques maison retiendront d’emblée les valeurs les plus marquantes qui, comme on s’en doute, concernent principalement la mécanique. La Speciale demeure évidemment fidèle au V6 3 litres doublement suralimenté et hybridé qui, il y a cinq ans déjà, a sans vergogne envoyé à la retraite le V8 de la F8 – mais les évolutions sont notables par rapport à la GTB, l’ensemble passant de 830 à 880 ch !
Le poids, c’est l’ennemi
En fait, le groupe motopropulseur gagne sur tous les tableaux : à soi seul, le V6 progresse en atteignant désormais la barre des 700 ch (+ 6 %), tandis que la machine électrique à flux axial MGU-K qui l’accompagne se fortifie plus modestement, délivrant désormais 180 ch versus 163 précédemment. Bien sûr, les ingénieurs ne se sont pas arrêtés là et se sont également concentrés sur la perte de poids de l’engin. On parle de 60 kilos en moins pour la Speciale en version berlinette, et 50 kilos dans le cas de la Speciale Aperta – soit, respectivement, 1410 et 1490 kilos à vide. Des gains aussi significatifs se traduisent par un allègement plus ou moins visible à bord : les sièges baquets sensiblement amincis sont désormais constitués de carbone et les insonorisants ont en partie disparu.

Raffinements aérodynamiques
À l’extérieur, la 296 Speciale, rabaissée de cinq millimètres, s’identifie par des détails qui attireront immanquablement l’œil du connaisseur, à commencer par le magistral diffuseur – sans doute plus efficace que subtil –, lequel s’inscrit dans un dispositif aérodynamique particulièrement impressionnant, comportant en outre des volets au sommet des ailes avant (destinés à réduire la pression dans les passages de roues), des ailerons arrière latéraux rappelant ceux de la FXX K ou encore des jupes latérales inédites. Notons aussi les entrées d’air agrandies et de nouvelles ouvertures situées au niveau des feux avant, chargées de parfaire le refroidissement des freins. Le clou du spectacle réside toutefois dans la lame en carbone à la hauteur réglable et jouant le rôle d’aileron actif (Ferrari revendique 435 kilos de déportance à 250 km/h), sans oublier le système d’amortissement aérodynamique hérité de la 296 Challenge et basé sur des flux d’air pilotés entre le bouclier avant et la partie supérieure du capot.
Chaque dixième compte (ou pas)
Les chronos publiés par Ferrari sont éloquents : quelle que soit la carrosserie, la 296 Speciale exécute le 0 à 100 km/h en 2,8 secondes (soit 0,1 seconde de moins que la GTB), alors que la progression est encore plus nette dans le cas du 0 à 200 km/h (7 secondes versus 7,3 secondes). Annoncée à plus de 330 km/h, la vitesse maximale n’évolue pas mais, de toute façon, le discours officiel de la marque insiste davantage sur l’émotion que sur la quête effrénée de données chiffrées toujours plus véhémentes, même si le temps au tour de l’auto sur le circuit de Fiorano (1 minute et 19 secondes, soit deux secondes de gagnées par rapport à la GTB) est mentionné comme il se doit… Annoncée à 407 000 euros pour la Speciale et 462 000 euros pour la Speciale Aperta, la 296 ultime fait d’ores et déjà figure de collector indispensable !






Texte : Nicolas Fourny