Citroën 15/6 H Chapron : le prestige de la Présidence !
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Citroën 15/6 H Chapron : le prestige de la Présidence !

Par PAUL CLÉMENT-COLLIN - 05/09/2022

Pour nombre d’entre vous, et moi y compris, le véhicule d’apparat officiel de la présidence de la République est personnifiée par la sublime SM « Présidentielle » commandée par Georges Pompidou à Chapron en 1972 (lire aussi : Citroën SM Présidentielle). Pour les plus jeunes, sans doute ne restera-t-il en mémoire que la 607 Paladine, qui n’était qu’un prêt de Peugeot, et qui ne servit qu’une seule fois, à l’intronisation de Nicolas Sarkozy (lire aussi : Peugeot 607 Paladine), ou la DS5 de François Hollande (lire aussi : DS 5 Présidentielle). Pourtant, avant la SM, il y eu un véhicule d’apparat de toute beauté, qui restera en service 15 années durant, servant 3 présidents (Coty, De Gaulle et Pompidou, voire quatre si l’on compte l’intérimaire Alain Poher, qui réussit la passe de deux : deux fois président intérimaire en 5 ans, pour un peu plus de 3 mois cumulés dans la fonction) : la Citroën 15/6 H Chapron !

La 15/6 H Franay, présentée au salon de Paris 1955 (elle connut un grand succès)
La 15/6 H Franay, présentée au salon de Paris 1955 (elle connut un grand succès)

C’est à René Coty que l’on doit ce superbe landaulet. Entré en fonction en 1954, il décide tout d’abord de doter la Présidence de la République d’une limousine statutaire permettant d’accueillir dignement les chefs d’états étrangers en visite en France. La 15/6 H, le haut de gamme de Citroën à l’époque, dotée de la suspension hydraulique à l’arrière (lire aussi : Citroën 15/6 H), servira de base à cette limousine 4 portes 6 glaces à qui l’on confie le « re-carrossage » à Marius Franay (avec Philippe Charbonneaux à la planche à dessin). Difficile d’imaginer que sous cette nouvelle robe se cache une 15. Mais René Coty désirait vraiment que la voiture présidentielle soit différente du commun des mortels roulant en 11 ou en 15 ! Cette limousine Franay était un véritable patchwork : pare-brise ET pare-chocs de Ford Comète, glace arrière de Buick Roadmaster, jantes et poignée de coffre de Ford Vendôme, poignée de porte de Bentley, feux arrières Chevrolet ! Mais le pire, c’est qu’elle est tellement lourde que ses freins sont limites, la contraignant à ne rouler qu’en défilé. En encore, le moteur surchauffait à tel point qu’elle tombera en panne en 1957 lors de la visite de la Reine Elisabeth II. Elle fut heureusement modifiée et continuera à servir la Présidence occasionnellement sous de Gaulle et Pompidou. Elle sera immatriculée 1 FK 75 puis 2 PR 75 sous De Gaulle.

Les 15/6 H Franay et Chapron côte à côte, pour une meilleure comparaison !
Les 15/6 H Franay et Chapron côte à côte, pour une meilleure comparaison !

Mais cette première tentative ne satisfait pas totalement René Coty, qui change de fusil d’épaule et commande en 1956 un landaulet, permettant à la foule en délire de l’apercevoir lui et ses hôtes. On n’est pas encore dans la « présidence normale » voulue par le président Hollande. Franay ayant fait faillite, c’est à Chapron qu’on s’adresse. C’est encore la base de la 15/6 H qu’on choisit, pourtant en fin de carrière et alors que la DS est déjà sortie (1955). Mais d’une part René Coty adorait la 15, et d’autre part, les modifications paraissaient plus aisées sur une 15 que sur une DS (Chapron réalisera pourtant des modifications sur les DS, avec une « super DS » pour le Général de Gaulle ou bien les Lorraine, lire aussi : Citroën DS Lorraine). Peu importe, il sera cependant difficile d’obtenir un châssis auprès de Citroën.

Chapron lors d'un défilé présidentiel

Dès lors, Chapron va proposer une ligne générale proche de la Franay, tout en optant pour un effet de style distinctif, le décroché de carrosserie au niveau de la vitre arrière, qui lui donne toute sa grâce et sa légèreté visuelle. Curiosité du modèle : la banquette arrière se remonte électriquement pour qu’on puisse mieux voir les grands de ce monde en position assise, tandis qu’une barre de fer permet la station debout sans risquer de choir ! La capote, elle, est manuelle, jusqu’à sa transformation électrique en 1963.

Chapron lors d'un défilé présidentiel

Cette superbe 15/6 H Chapron sera utilisée jusqu’à l’apparition des SM Présidentielles, elles aussi sortant des ateliers du carrossier, croisement entre une Mylord (lire aussi : Citroën SM) et une Opéra (lire aussi : Citroën SM Opéra). La 15/6 H Landaulet sera immatriculée 1 EN 75, puis 1 PR 75 (inaugurant la série des PR) en enfin 7 PR 75 avec l’arrivée de la limousine DS !

La SM Présidentielle, qui prit la suite de la 15/6 H Chapron
La SM Présidentielle, qui prit la suite de la 15/6 H Chapron

Avouez qu’aujourd’hui, le parc automobile de l’Elysée fait pâle figure face aux 15 Franay ou Chapron, à la DS Limousine ou aux SM Présidentielles. La 607 Paladine aurait pu faire une digne héritière, hélas ce ne fut qu’un coup de publicité. Dommage ! De toute façon, l’automobile n’est plus en odeur de sainteté, en témoigne les projets délirants de la mairie de Paris, et l’austérité apparente devenue une règle (à géométrie variable). Pas sûr qu’un jour une nouvelle limousine de standing ou un landaulet retrouve sa place dans les parkings du « Chateau » !

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