Ferrari 275 GTB/4S Spider (Spyder) NART : la star des ventes aux enchères !
CLASSICS
FERRARI
ITALIENNE

Ferrari 275 GTB/4S Spider (Spyder) NART : la star des ventes aux enchères !

Par PAUL CLÉMENT-COLLIN - 26/08/2018

Pourquoi une voiture atteint-elle des sommets inimaginables lors d’une vente aux enchères, et pas une autre ? Cela tient sans doute à peu de chose : la spéculation, certes, mais aussi la marque (une Ferrari évidemment), le modèle (une 275 GTB4 déjà, ça envoie un peu de rêve non?), sa déclinaison rarissime Spider, son histoire en général et surtout en particulier. Créée pour l’Amérique, vedette fugace mais tenace de cinéma, adulée par Steve McQueen himself, et diffusée à 10 petits exemplaires seulement, la Ferrari 275 GTB/4 N.A.R.T Spider était assurée d’exploser les plafonds aux enchères !

La première NART, qui sera aussi celle du film « l’affaire Thomas Crown », sera d’abord une voiture de course, à Sebring en avril 1967. Elle avait (comme le deuxième châssis produit) une carrosserie en aluminium

Spider ou Spyder ?

Avant d’aller plus loin sur cette superbe Ferrari, il convient de se poser la question : la 275 GTB/4S NART est-elle dénommée Spider ou Spyder ? Les deux écritures étant régulièrement utilisée, on peut se poser sincèrement la question. A l’origine, on écrivait Spider pour une automobile, avec un i, mais avec le temps (ou les envies d’originalité), le terme se déclina en Spyder, notamment avec la fameuse Porsche 550 Spyder. Une écriture que l’on retrouvera globalement sur les modèles du groupe Volkswagen, Audi R8 Spyder mais aussi Lamborghini Huracan Spyder par exemple. En revanche, chez les italiens, le Y n’existe pas, et globalement, et sauf exception (on l’a vu avec la Huracan, mais ce fut le cas aussi pour la Maserati Biturbo Spyder), les modèles transalpins s’octroient l’écriture originelle, avec un i, notamment les modèles issus du groupe Fiat (lire aussi : Fiat 124 Spider) et notamment chez Ferrari.

Ce premier châssis à carrosserie « alu » sera la vedette de « l’Affaire Thomas Crown » et Steve McQueen, acteur vedette, tombera sous son charme au point d’en être le 6ème client

Dans ce cas précis, s’agit-il d’un Spider ou d’un Spyder ? Difficile de trancher, car s’il s’agit d’une italienne (et devrait donc s’appeler Spider), elle fut commandé pour le marché américain par l’importateur Ferrari Luigi Chinetti. Or aux USA, l’appellation Spyder fut souvent utilisée, notamment pour la Chevrolet Corvair Monza Spyder. Une possibilité : pour Ferrari, il s’agissait d’un Spider, tandis que Chinetti, malgré ses origines italiennes, aurait utilisé le terme Spyder pour les USA, marché cible de la fameuse 275 GTB/4S NART. Ce qui est sûr, c’est que les maisons de ventes aux enchères utilisent aujourd’hui le terme Spider : à vous de choisir !

A partir du 3ème châssis, la carrosserie est en acier, à la place de l’aluminium !

Aux origines du modèle

Au milieu des années 60, Luigi Chinetti était le puissant importateur de la marque au cheval cabré outre-Atlantique : un débouché suffisamment important pour que ce dernier puisse parler d’égal à égal avec Enzo Ferrari ! Or Chinetti semblait qu’il existait un « trou » dans la gamme Ferrari de l’époque, du moins pour la clientèle américaine férue de découvrables (convertibles). La Ferrari 275 GTB/4 et son fabuleux V12 méritait sans doute une déclinaison à même de séduire une riche clientèle US, sur la côte Ouest notamment. En outre, la 365 GTB/4 « Daytona », remplaçante désignée de la 275 pour l’année 1968, allait être une vraie rupture stylistique qui, selon Chinetti, pouvait décontenancer les plus conservateurs aux USA.

L’un des 2 modèles « alu » existant, aujourd’hui peint en jaune

Luigi Chinetti était un homme de ressource : décrochant son téléphone, il réussit à convaincre Enzo Ferrari de produire une version Spider de la 275 (et ce n’était pas évident, car les deux hommes avaient réussi à se brouiller peu de temps avant). Pour réaliser cette transformation, on fit appel au carrossier attitré de Ferrari, Scaglietti. Chinetti envisageait 25 exemplaires pour son propre modèle, qui prenait l’appellation de son écurie de course dédiée à la promotion des modèles Ferrari, N.A.R.T. (North American Racing Team). Avec le concours de Scaglietti, l’élégant coupé devenait un Spider 2 places particulièrement désirable.

Le dernier châssis, produit en 1968, et livré en Espagne à un Colonel sans doute argenté

Star de Cinéma

Le premier exemplaire de la série NART, sur un châssis de 275 GTB/4 (numéro 09437), fut sûrement le plus célèbre des 10 exemplaires finalement construits (les 25 initialement prévus s’avérèrent un peu optimiste). Pour faire la promotion du Spider, le 09437 fut d’abord présenté comme une voiture de course : le 1er avril 1967, il fut engagé aux 12 heures de Sebring avec au volant un équipage entièrement féminin, Marianne « Pinky » Rollo et Denise McCluggage. Cette première apparition publique fit sensation, notamment à Hollywood ou il tapa dans l’oeil du producteur de l’Affaire Thomas Crown !

Ce fut ce modèle 09437, remis en condition « route » et repeint, qu’on aperçut rapidement dans ce film qui connut un succès immense (et deux oscars) en 1968, avec pour vedette Steve McQueen et Faye Dunaway. D’ailleurs l’acteur américain tombera amoureux de la 275 GTB/4S NART, au point de passer commande immédiatement après le tournage du film : il sera le 6ème client (châssis 10453). Le film, sorti en 1968, sera pour beaucoup dans le succès populaire de la voiture, mais cela ne suffira pas à en faire un succès : très chère, elle ne put convaincre que 10 clients entre 1967 et début 1968. La dernière voiture produite (début 1968, la seule de cette année-là) fut d’ailleurs livrée en Europe et non aux Etats-Unis comme les 9 châssis précédents, en Espagne (châssis 11057).

Bête de foire aux enchères

Prévue pour être rare, elle le fut plus encore : entre sa rareté initiale, son double aura cinématographique (le film, certes, mais aussi Steve McQueen), sa beauté due au talent de Scaglietti qui sut livrer une copie parfaite, sans dénaturer le dessin de Pininfarina, son puissant V12 ; après soyons raisonnable, peu d’entre nous accéderont à ce graal. Même la 365 Daytona est inaccessible. Ne reste plus, pour qui cherche une Ferrari pas (trop) chère que la Dino 308 GT4  ou une rare mais moins « mainstream » Ferrari 208 Turbo. Mieux, une Mondial vous ouvrira le monde de la « coolitude », le choix improbable qui vous fera passer du côté des amateurs éclairés MAIS désargentés.

CARACTERISTIQUES TECHNIQUES

Motorisation

MoteurV12 avant, longitudinal, à 60°
Cylindrée3286 cc
Alimentation6 carbus Weber DCN 9
Puissance300 ch

Transmission

Roues motricesArrière
Boîte de vitessesManuelle 5 vitesses

Dimensions

Empattement2400 mm
Largeur avant1401 mm
Hauteur1417 mm
Poids à vide1100 kg

Performances

Vitesse maxi268 km/h
Production10 exemplaires (1967-1968)

Tarif

Cote moyenne 2018stratosphérique


Autos similaires en vente

Ferrari 365 Gt4 Bb
Ferrari 365 Gt4 Bb
Ferrari 365 Gt4 Bb
Ferrari 365 Gt4 Bb
Ferrari 365 Gt4 Bb
1975 / Manuelle
340 000 €
Ferrari Dino 308 Gt4
Ferrari Dino 308 Gt4
Ferrari Dino 308 Gt4
Ferrari Dino 308 Gt4
Ferrari Dino 308 Gt4
1977 / Manuelle
75 000 €
Ferrari 250 Gte 2+2 Moteur 4.0 Superamerica
Ferrari 250 Gte 2+2 Moteur 4.0 Superamerica
Ferrari 250 Gte 2+2 Moteur 4.0 Superamerica
Ferrari 250 Gte 2+2 Moteur 4.0 Superamerica
Ferrari 250 Gte 2+2 Moteur 4.0 Superamerica
1959 / Manuelle
350 000 €
Ferrari 250 Gte
Ferrari 250 Gte
Ferrari 250 Gte
Ferrari 250 Gte
Ferrari 250 Gte
1962 / Manuelle
340 000 €

Carjager vous recommande

Nicolas Fourny / 13 févr. 2024

Ferrari 365 GT 2+2 : l'invitation au voyage

« S’il ne s’agit pas à proprement parler d’une voiture de luxe, la 365 GT 2+2 s’inspire plus ou moins de la capiteuse 500 Superfast, au grand dam de certains puristes »
COUPÉ
FERRARI
ITALIENNE
Nicolas Fourny / 19 janv. 2023

Ferrari 275 GTS/4 Spyder NART : un séduisant accident de l’histoire

« Si vous vous amusiez à dresser la liste des cabriolets à moteur 12 cylindres apparus depuis la guerre, vous n’y consacreriez pas beaucoup d’encre et, du reste, au départ Maranello n’avait pas prévu de développer une telle variante en partant de la 275 GTB/4 »
CABRIOLET
FERRARI
ITALIENNE
Nicolas Fourny / 08 nov. 2022

Ferrari BB : la pionnière oubliée

Depuis l’apparition de la Lamborghini Miura, en 1966, une controverse apparemment sans fin brûlait entre Ferrari et Pininfarina. Les deux partenaires, dont l’association remontait aux origines mêmes de la firme de Maranello, divergeaient sur une question majeure, puisqu’elle concernait l’architecture des berlinettes au cheval cabré : celles-ci devaient-elles porter leur moteur à l’avant ou en position centrale arrière ?
CLASSICS
FERRARI
ITALIENNE
PAUL CLÉMENT-COLLIN / 08 août 2022

Ferrari 365 GT4 / 512 BB : quand Ferrari remet tout à plat

Enzo Ferrari était un homme de conviction mais il savait aussi ne pas rester fermé. Devant le succès de la Lamborghini Miura et de son moteur V12 en position centrale arrière, le maître de Maranello dut se remettre en question. Certes, la Ferrari 365 GTB/4 Daytona se vendait correctement avec son moteur à l’avant mais l’avenir semblait pencher vers l’arrière pour les sportives de haut niveau. Pour cette raison, l’étude d’une super-sportive basée sur ce type d’architecture fut lancée dès 1968, donnant naissance en 1973 à la Ferrari 365 GT4 BB, puis à ses descendantes 512 BB (1976) et 512 BBi (1981) : une légende était née.
FERRARI
ITALIENNE
PAUL CLÉMENT-COLLIN / 08 août 2022

Dino/Ferrari 308 GT4: la quadrature du cercle !

Née en 1965, la Dino 206 GT, devenue 246 GT en 1969 (lire aussi : Dino 246 GT), tire sa révérence en 1974. Pour perpétuer la marque sœur de Ferrari, tout en cultivant sa différence, on décide à Maranello d’offrir un concept peu ordinaire à Maranello : un V8 central arrière, et 4 places, l’équation presque impossible. Tellement impossible d’ailleurs que Pininfarina déclinera la proposition d’en réaliser le dessin (il dessinera pourtant la Mondial en 1980, nous y reviendrons). C’est donc Bertone qui s’y colle, et son designer fétiche Marcello Gandini. Avec la 308 GT4, il s’agit donc d’une vraie rupture technique et stylistique.
FERRARI
ITALIENNE
Paul Clément-Collin / 01 août 2022

5 voitures devenues célèbres grâce aux séries TV

Notre culture automobile se forge de nombreuses manières, mais il faut bien l’admettre : la télévision a parfois été essentielle dans sa construction. Grâce au petit écran, certains voitures sont devenues célèbres, désirables ou risibles, c’est selon. Voici donc 5 voitures devenues célèbres grâce aux séries télé qui pourraient sans problème trouver place dans votre collection.
ALLEMANDE
CLASSICS
FRANÇAISE
28 juil. 2022

Les Ferrari V12 2+2 : douze devant, quatre derrière

Que les mauvais esprits jugulent leur déception : dans ce titre énigmatique, « derrière » s’écrit bien au singulier. De quoi s’agit-il ? De la belle et longue histoire des Ferrari quatre places à moteur V12. Une histoire qui se prolonge encore de nos jours, et qui a commencé un beau jour du printemps 1960, lorsque la firme italienne décida de s’adresser à une nouvelle clientèle.
CLASSICS
FERRARI
ITALIENNE
Nicolas Fourny / 18 mai 2021

Dino 246 GT : into the Wilde !

Parmi les heureux conducteurs de Ferrari F8 Tributo, de 360 Modena ou de 328 GTB — pour ne citer qu’elles —, combien sont conscients de ce que leurs autos doivent à une machine fluette et gracieuse dont l’architecture générale et le design remontent à plus de cinquante ans ? Fort peu, assurément. Un demi-siècle d’innovations, de bouleversements esthétiques et de course à la puissance, ça compte et, pourtant, la 206 puis la 246 GT ont balisé le chemin pour toutes les « petites » Ferrari biplaces à moteur central qui, depuis 1975, constituent l’entrée de gamme de la firme italienne. Les amateurs de paradoxes auront noté que ces deux voitures, qui n’ont jamais officiellement porté le nom de leur constructeur, lui ont cependant ouvert les perspectives les plus fructueuses de son histoire. Les lignes qui suivent s’efforcent de rendre hommage à l’épopée brève mais flamboyante d’une automobile qui, par des moyens détournés, a brillamment su intégrer la légende.
COUPÉ
FERRARI
ITALIENNE
Jean-Jacques Lucas / 21 juil. 2020

Ferrari 275 GTB : beau comme l’antique

Ferrari 275 GTB. Elle n’a même pas de nom, mais son moteur porte, par habitude, celui de son lointain fondateur. Elle est une machine désignée par sa cylindrée unitaire, trois chiffres, et sa catégorie de compétition, trois lettres. Une Ferrari n’a pas besoin de nom supplémentaire. Elle est un aptonyme aux récits inépuisables.
COUPÉ
FERRARI
ITALIENNE

Vendre avec CarJager ?