Partager cet article
Ferrari 275 GTB/4S Spider (Spyder) NART : la star des ventes aux enchères !
PAUL CLÉMENT-COLLIN - 26 août 2018Pourquoi une voiture atteint-elle des sommets inimaginables lors d’une vente aux enchères, et pas une autre ? Cela tient sans doute à peu de chose : la spéculation, certes, mais aussi la marque (une Ferrari évidemment), le modèle (une 275 GTB4 déjà, ça envoie un peu de rêve non?), sa déclinaison rarissime Spider, son histoire en général et surtout en particulier. Créée pour l’Amérique, vedette fugace mais tenace de cinéma, adulée par Steve McQueen himself, et diffusée à 10 petits exemplaires seulement, la Ferrari 275 GTB/4 N.A.R.T Spider était assurée d’exploser les plafonds aux enchères !
Spider ou Spyder ?
Avant d’aller plus loin sur cette superbe Ferrari, il convient de se poser la question : la 275 GTB/4S NART est-elle dénommée Spider ou Spyder ? Les deux écritures étant régulièrement utilisée, on peut se poser sincèrement la question. A l’origine, on écrivait Spider pour une automobile, avec un i, mais avec le temps (ou les envies d’originalité), le terme se déclina en Spyder, notamment avec la fameuse Porsche 550 Spyder. Une écriture que l’on retrouvera globalement sur les modèles du groupe Volkswagen, Audi R8 Spyder mais aussi Lamborghini Huracan Spyder par exemple. En revanche, chez les italiens, le Y n’existe pas, et globalement, et sauf exception (on l’a vu avec la Huracan, mais ce fut le cas aussi pour la Maserati Biturbo Spyder), les modèles transalpins s’octroient l’écriture originelle, avec un i, notamment les modèles issus du groupe Fiat (lire aussi : Fiat 124 Spider) et notamment chez Ferrari.
Ce premier châssis à carrosserie « alu » sera la vedette de « l’Affaire Thomas Crown » et Steve McQueen, acteur vedette, tombera sous son charme au point d’en être le 6ème clientDans ce cas précis, s’agit-il d’un Spider ou d’un Spyder ? Difficile de trancher, car s’il s’agit d’une italienne (et devrait donc s’appeler Spider), elle fut commandé pour le marché américain par l’importateur Ferrari Luigi Chinetti. Or aux USA, l’appellation Spyder fut souvent utilisée, notamment pour la Chevrolet Corvair Monza Spyder. Une possibilité : pour Ferrari, il s’agissait d’un Spider, tandis que Chinetti, malgré ses origines italiennes, aurait utilisé le terme Spyder pour les USA, marché cible de la fameuse 275 GTB/4S NART. Ce qui est sûr, c’est que les maisons de ventes aux enchères utilisent aujourd’hui le terme Spider : à vous de choisir !
A partir du 3ème châssis, la carrosserie est en acier, à la place de l’aluminium !Aux origines du modèle
Au milieu des années 60, Luigi Chinetti était le puissant importateur de la marque au cheval cabré outre-Atlantique : un débouché suffisamment important pour que ce dernier puisse parler d’égal à égal avec Enzo Ferrari ! Or Chinetti semblait qu’il existait un « trou » dans la gamme Ferrari de l’époque, du moins pour la clientèle américaine férue de découvrables (convertibles). La Ferrari 275 GTB/4 et son fabuleux V12 méritait sans doute une déclinaison à même de séduire une riche clientèle US, sur la côte Ouest notamment. En outre, la 365 GTB/4 « Daytona », remplaçante désignée de la 275 pour l’année 1968, allait être une vraie rupture stylistique qui, selon Chinetti, pouvait décontenancer les plus conservateurs aux USA.
L’un des 2 modèles « alu » existant, aujourd’hui peint en jauneLuigi Chinetti était un homme de ressource : décrochant son téléphone, il réussit à convaincre Enzo Ferrari de produire une version Spider de la 275 (et ce n’était pas évident, car les deux hommes avaient réussi à se brouiller peu de temps avant). Pour réaliser cette transformation, on fit appel au carrossier attitré de Ferrari, Scaglietti. Chinetti envisageait 25 exemplaires pour son propre modèle, qui prenait l’appellation de son écurie de course dédiée à la promotion des modèles Ferrari, N.A.R.T. (North American Racing Team). Avec le concours de Scaglietti, l’élégant coupé devenait un Spider 2 places particulièrement désirable.
Le dernier châssis, produit en 1968, et livré en Espagne à un Colonel sans doute argentéStar de Cinéma
Le premier exemplaire de la série NART, sur un châssis de 275 GTB/4 (numéro 09437), fut sûrement le plus célèbre des 10 exemplaires finalement construits (les 25 initialement prévus s’avérèrent un peu optimiste). Pour faire la promotion du Spider, le 09437 fut d’abord présenté comme une voiture de course : le 1er avril 1967, il fut engagé aux 12 heures de Sebring avec au volant un équipage entièrement féminin, Marianne « Pinky » Rollo et Denise McCluggage. Cette première apparition publique fit sensation, notamment à Hollywood ou il tapa dans l’oeil du producteur de l’Affaire Thomas Crown !
Ce fut ce modèle 09437, remis en condition « route » et repeint, qu’on aperçut rapidement dans ce film qui connut un succès immense (et deux oscars) en 1968, avec pour vedette Steve McQueen et Faye Dunaway. D’ailleurs l’acteur américain tombera amoureux de la 275 GTB/4S NART, au point de passer commande immédiatement après le tournage du film : il sera le 6ème client (châssis 10453). Le film, sorti en 1968, sera pour beaucoup dans le succès populaire de la voiture, mais cela ne suffira pas à en faire un succès : très chère, elle ne put convaincre que 10 clients entre 1967 et début 1968. La dernière voiture produite (début 1968, la seule de cette année-là) fut d’ailleurs livrée en Europe et non aux Etats-Unis comme les 9 châssis précédents, en Espagne (châssis 11057).
Bête de foire aux enchères
Prévue pour être rare, elle le fut plus encore : entre sa rareté initiale, son double aura cinématographique (le film, certes, mais aussi Steve McQueen), sa beauté due au talent de Scaglietti qui sut livrer une copie parfaite, sans dénaturer le dessin de Pininfarina, son puissant V12 ; après soyons raisonnable, peu d’entre nous accéderont à ce graal. Même la 365 Daytona est inaccessible. Ne reste plus, pour qui cherche une Ferrari pas (trop) chère que la Dino 308 GT4 ou une rare mais moins « mainstream » Ferrari 208 Turbo. Mieux, une Mondial vous ouvrira le monde de la « coolitude », le choix improbable qui vous fera passer du côté des amateurs éclairés MAIS désargentés.
CARACTERISTIQUES TECHNIQUES | |
Motorisation | |
Moteur | V12 avant, longitudinal, à 60° |
Cylindrée | 3286 cc |
Alimentation | 6 carbus Weber DCN 9 |
Puissance | 300 ch |
Transmission | |
Roues motrices | Arrière |
Boîte de vitesses | Manuelle 5 vitesses |
Dimensions | |
Empattement | 2400 mm |
Largeur avant | 1401 mm |
Hauteur | 1417 mm |
Poids à vide | 1100 kg |
Performances | |
Vitesse maxi | 268 km/h |
Production | 10 exemplaires (1967-1968) |
Tarif | |
Cote moyenne 2018 | stratosphérique |