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Unimog : les débuts d'une légende

PAUL CLÉMENT-COLLIN - 25 oct. 2016

Unimog ! Rien qu’à entendre ce nom, bien des passionnés se mettent à rêver d’un exemplaire au chaud dans la grange, prêt à crapahuter en forêt ou à la montagne, voire à parcourir le désert en direction de Dakar (histoire de se faire un revival des grandes années). L’Unimog, c’est le camion tout-terrain multifonction du siècle (et cela continue encore aujourd’hui), sorte de Cournil (lire aussi : Tracteur Cournil) ou d’UMM (lire aussi : UMM Alter) qui aurait réussi dans la vie…

Un bon produit peut avoir une durée de vie incroyable. Imaginé pendant la guerre, développé à partir de 1946, et entré en production fin 1948, l’Unimog a évolué jusqu’à aujourd’hui, s’est multiplié en de nombreuses versions, mais fondamentalement, rien n’a beaucoup changé depuis l’après-guerre. Avec la fin du Land Rover Defender cette année, l’Unimog reste donc le dernier des dinosaures encore en production, et si son look a évolué au fil des ans, il garde encore cette silhouette ramassée et cette face de bulldog qui lui donnent autant de caractère, bien qu’on ne puisse pas le qualifier de « beau ».

Depuis 1953, l’Unimog porte l’étoile de Mercedes-Benz, mais n’allez pas croire que c’est Daimler AG qui en est à l’origine. Il aura vécu 6 ans avec un logo à tête de bœuf dont les cornes forment un U (pour Unimog). Unimog tiens, ça veut dire quoi ? Il s’agit tout simplement de l’abréviation de « Universal-Motor Gerät », en français : engin universel motorisé. Et le nom est bien trouvé, car si au départ (et comme Cournil en France) l’engin devait servir de tracteur ou d’engin agricole à tout-faire (d’ailleurs, la largeur des voies correspond à deux rangées de sac de pommes de terre), il finira par servir à toutes les sauces : utilitaire ou engin militaire (même l’armée française en possédera dans les années 50, notamment ses forces d’occupation basées en Allemagne). La gamme s’élargira à des versions plus grandes, plus longues, ou plus puissantes (du U25 d’origine, on passera à l’U34, puis l’U70, l’U80, l’U90, l’U100 puis l’U110, dans des séries « gamme moyenne 416 » ou « gamme légère 421/403  puis le fameux 404» – une nomenclature très « utilitaire » dans laquelle il es facile de se perdre –).

Mais revenons aux débuts de l’Unimog. Tout commence avec l’idée géniale d’un ancien responsable de la division « moteurs d’avions » de Daimler-Benz AG, Albert Friedrich, de réaliser un tracteur agricole compact et tout terrain. Il s’agit d’une machine assez rustique, mais en ces lendemains de guerre difficiles, l’heure n’est pas au confort, ni même au look, mais à l’efficacité. L’idée maîtresse : offrir un véhicule capable aussi bien des travaux des champs (grâce à l’adaptation d’outils adéquats) qu’au transport de matériel ou à la récolte (de pommes de terre par exemple).

A partir de 1946, et avec l’aide de la société Erhard, il va étudier le futur Unimog. Un premier proto est prêt fin 46, mais c’est en 1947 qu’il trouvera son moteur, un… Mercedes-Benz, un moteur diesel de 25 ch. La production commencera en août 1948, mais chez Boehringer, une société de machines-outils. Si la production reste faible du fait des capacités limitées de Boehringer (600 exemplaires entre 1948 et 1950), l’Unimog U25 rencontre un vrai succès d’estime, et intéresse de plus en plus l’ex employeur de Friedrich, Daimler AG, qui y voit la possibilité d’intégrer un utilitaire « en vogue » à moindre coût.

A la fin de l’année 1950, Mercedes-Benz rachète donc le projet, et rapatrie l’Unimog dans son usine de Gaggenau. Pourtant, l’U25 ne portera l’étoile qu’à partir de 1953, persistant avec son bœuf corné pendant deux années encore. En revanche, la production devient « industrielle », puisqu’entre 1955 et 1977, ce sont 64 242 Unimog S 404 qui seront construits (essentiellement dédiés aux forces armées, sans compter les autres versions, moins produites). Dès lors, la carrière de ce « petit » camion 4×4, ou de cette « grosse Jeep » (au choix), était lancée, devenant même culte auprès d’un paquet d’amateurs de tout-terrain, ou de voitures tout simplement.

Ses capacités tout-terrain sont en effet louées, sa simplicité aussi. On l’a vu, il connaîtra de multiples versions, des premiers U25 diesel à capote, jusqu’aux versions « chasse neige » d’aujourd’hui, en passant par les premières versions à cabine fermée (fabriquées dans un premier temps chez Westfalia, plus connu pour ses caravanes). Bien entendu, l’offre moteur variera au fil du temps, adoptant des motorisations essence, de plus en plus puissantes.

Il serait fastidieux d’énumérer toutes les versions (longues ou courtes, modernes ou anciennes, civiles ou militaires), mais il était amusant de vous présenter les débuts de l’Unimog qui avec le temps est devenu, dans l’imaginaire collectif, une « Mercedes ». La force des grandes marques, c’est aussi de savoir intégrer et digérer des idées venues d’ailleurs.

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