Partager cet article
Alfa Romeo 1750 GT Veloce : chef d'oeuvre à l'italienne
PAUL CLÉMENT-COLLIN - 26 juil. 2018L’Alfa Romeo 1750 GT Veloce n’est qu’une des nombreuses versions du dérivé coupé 2+2 de la berline Giulia lancée en 1962. Pourtant, en inaugurant le nouveau design des coupés type 105 (nouveau capot moteur, paire de doubles phares à l’avant, pour les caractéristiques les plus visibles), et en offrant un moteur rageur et sportif (un 1.8 de 118 chevaux), la 1750 allait devenir l’icône de la gamme jusqu’à la personnifier.
Avouez que la 1750 GT Veloce « Bertone » a de l’allure. On lui adjoint souvent le nom de son designer histoire de la différencier des versions Junior Z et 1600 Junior Z dessinées pour leur part par un autre italien Zagato. Chez Bertone, c’était un tout jeune « artiste » de 22 ans qui signait ce coup de maître, seul dans sa chambre et alors qu’il s’apprêtait à faire son service militaire : Giorgetto Giugiaro. Tapez son nom dans le moteur de recherche de Boîtier Rouge, et vous vous rendrez compte combien cet homme fut un génie. Avec la 1750 GT Veloce, on touche au sublime, tellement moderne et pourtant totalement dans l’air du temps : aujourd’hui encore, elle respire les années 60 ce qui en fait autant le charme que le succès.
Avant les coupés 105, il y avait eu le coupé type 101 Giulietta Sprint dessiné par Nuncio Bertone himself, posant les bases d’un design typique. Lefranc lui-même roulait d’ailleurs dans un modèle « Veloce » sous la plume de Jacques Martin (et inspiré du propre coupé d’Hergé, lire aussi : Lefranc et l’automobile). Mais c’est le stylo de Giugiaro qui lui donna une sorte d’achèvement : le 105 apportait une touche de modernité, surtout dans sa version à double phares.
Les coupés 105, sur base de Giulia raccourcie, furent lancés en 1963, mais ils auraient pu être lancés plus tôt si l’usine d’Arèse avait été terminée plus tôt. La direction d’Alfa Romeo, devant le dessin de Giugiaro, fut subjuguée au point de ne quasiment rien modifier pour le passage en série. La série, lancée avec le modèle Sprint GT et son 1.6 double arbre de 106 chevaux, évoluera avec la GTC (version cabriolet) en 1964, Sprint GT Veloce en 1965 (1.6 issu du Spider Duetto développant 109 chevaux, lire aussi : Alfa Romeo Spider) tandis qu’apparaissaient les versions « d’attaque » GT 1300 Junior la même année (1.3 de 89 chevaux).
En 1967, la Giulia Sprint GT Veloce allait évoluer vers un « nouveau » modèle : la 1750 GT Veloce. Son nom marquait une rupture : adieu l’appellation Giulia, welcome 1750 qui rappelait un célèbre modèle Alfa d’avant-guerre et non sa cylindrée plus proche de 1800 cm3 (en fait 1779 cm3 pour être précis). Son moteur dérivait de celui de sa devancière, mais sa cylindrée augmentée lui offrait plus de sportivité, plus de facilité d’utilisation et quelques chevaux en plus, 118 au total, pour un poids dépassant tout juste la tonne.
En outre, la 1750 GT Veloce, grâce à Giugiaro toujours, récupérait un nouveau design : adieu capot « boîte aux lettres », place à un nouveau capot plat. Surtout, sa nouvelle calandre à 4 phares lui donnait un air beaucoup plus viril, agressif, et pour tout dire sportif. Elégance et performance, telles étaient les qualités de ce nouveau coupé qui allait, avec la Junior, dynamiser les ventes du type 105 ! Elle inaugurait aussi un nouvel intérieur plus moderne, avec une nouvelle planche de bord. En 1970, la 1750 GTV obtenait quelques modifications esthétiques et mécaniques pour devenir « série 2 » : les pare-chocs plus fins permettent de la reconnaître.
Avec le Spider d’un côté, et cette GTV de l’autre, Alfa Romeo avait réussi à « sentir » les années 60 et à les retranscrire parfaitement en matière d’automobiles. Aujourd’hui encore, c’est ce parfum subtil des sixties, ce dessin si charmant (et toujours d’actualité) bien plus que les performances qui font de la 1750 GT Veloce une voiture particulièrement recherchée par les amateurs, mais aussi appréciée des badauds qui la croisent. Cette GTV « 105 » vous propulse irrémédiablement vers un passé glorieux, heureux, fleurant bon la Dolce Vita.
Surtout, c’était le bon compromis, ses chiffres de vente en attestent : 44 269 exemplaires furent produits entre 1967 à 1973, soit plus que la 2000 GT Veloce qui lui succéda (37 459 exemplaires entre 1971 et 1976), mais moins que l’accessible GT 1300 Junior, l’entrée de gamme des coupés 105 (91 195 exemplaires).
Pour l’amateur de voitures de cette époque en général, et d’Alfa en particulier, la 1750 est le choix rêvé, mais aussi le plus recherché (et donc le plus cher) : normal, bien que moins puissante que la 2000 GTV, la 1750 est la plus homogène, la plus « Alfa », et la plus « sixties ». Pour les désargentés, une Junior 1300 sera sans doute plus accessible, et pour les plus originaux, les versions Zagato évidemment plus attractifs. Les amateurs de raretés chercheront à dénicher un rare cabriolet GTC (1000 exemplaires), mais les Alfistes, les vrais, concentreront leurs recherches sur cette fameuse 1750 GT Veloce et son trèfle sur les flancs !
CARACTERISTIQUES TECHNIQUES | |
Motorisation | |
Moteur | 4 cylindres en ligne, 8 soupapes |
Energie | Essence |
Cylindrée | 1779 cm3 |
Alimentation | 2 carburateurs double corps |
Puissance | 118 ch (85 KW) à 5500 tours/minutes |
Couple maxi | 170 Nm (17.3mkg) à 3000 tr/min (~73ch) |
Transmission | |
Roues motrices | Propulsion |
Boîte de vitesse | Manuelle à 5 rapports |
Freinage | |
Freins avant | Disques pleins |
Freins arrières | Disques pleins |
Roues / Pneus | |
Jantes | 14 |
Pneumatiques | 165/80 |
Dimensions et capacités | |
Longueur | 408 cm |
Largeur | 158 cm |
Hauteur | 132 cm |
Empattement | 235 cm |
Poids à vide / PTAC | 1040 / 1190 kg |
Vitesse maxi | 185 km/h |
0 à 100 km/h | 10,8 secondes |
Production | 1967-1972 |
Tarif | |
Prix de base neuf | 21 000 francs (~ 26 000€ actuels) |
Cote 2018 | 45 000 euros |