Renault 21 Turbo 4×4 Superproduction : du sport, rien que du sport
GT et Supercars
Française
Renault

Renault 21 Turbo 4×4 Superproduction : du sport, rien que du sport

Par Paul Clément-Collin - 15/08/2022

Il fut un temps où l’automobile n’était pas diabolisée et où les compétitions “mineures” rencontraient autant de succès que la Formule 1. À partir de la fin des années 70, un drôle de championnat se déroulant sur une dizaine de circuits français se mit en place, permettant à des voitures proches de la série (et le plus souvent des berlines) de s’affronter, réunissant quelques pointures ou des pilotes en devenir et offrant un spectacle de premier plan. Appelé Production puis Superproduction avant de devenir Supertourisme, ce championnat permit l’apparition d’un monstre qui rafla tout sur son passage : la Renault 21 Turbo 4×4 Superproduction.

C’était toute la force de ce championnat : à la manière du rallye, les voitures qui y concouraient restaient très proches visuellement de la série, permettant aux jeunes spectateurs d’imaginer leur père (voire eux-mêmes) sur ces circuits mythiques. Certes, la Peugeot 505 de Papa était un diesel, mais la 505 “Production”, elle, envoyait du steak. Les stickers “sponsors”, les spoilers ou les bas de caisse en moins, la 505 “de course” gardait sa ressemblance avec sa soeur de “route”.

Un nouveau championnat “proche” de la série

Lancé en 1976, le Championnat de France de Production était ardemment soutenu par Jean-Pierre Beltoise, bien connu des circuits de Formule 1, qui fit beaucoup pour sa promotion via notamment l’agence NOSCAR. Bien sûr, les débuts furent difficiles car il fallait convaincre les constructeurs de s’investir officiellement, mais au fur et à mesure des saisons et des affluences sur les circuits, les choses commencèrent à changer.

Car le succès de la série alla croissant : il faut dire que les courses étaient spectaculaires. Certes, les voitures n’étaient pas encore des monstres de puissance, mais de nombreux pilotes vinrent “s’amuser” avec ces grosses berlines transformées en bêtes de course, rendant chaque épreuve vivante et remplie de suspense ! Sur les pistes de France, des Ford Capri affrontaient des Rover SD1, des Audi 200 Quattro, des Alfa Romeo GTV, des BMW Série 3 (E21 puis E30), des Renault 5 Turbo et des Peugeot 505 donc.

La course à la puissance

Peu à peu, la course à la puissance s’engageait, les moteurs passant de moins de 200 chevaux au départ à désormais 300, voire 400. Il faut dire que les constructeurs, de plus en plus intéressés par ce Championnat “Production”, soutenaient de plus en plus les équipes, voire intervenaient officiellement. Ce fut le cas de Peugeot, avec la 505 Production, mais ce fut encore plus vrai pour Renault avec la Renault 21 Turbo 4×4 Superproduction.

En 1986, le constructeur au losange lança sa nouvelle berline, la Renault 21, vite rejointe en 1987 par une version sportive appelée 21 2 litres Turbo. À cette époque, disposer d’une version sportive dans sa gamme de berlines n’était pas du tout incongru : tous les amateurs de sport n’étaient pas célibataires, et il fallait pouvoir proposer des voitures viriles, y compris dans cette catégorie, à même de transporter aussi les enfants. Avec 175 chevaux sous le capot, on en avait sous le pied. Il fallait vite convaincre car la concurrence s’affûtait : la Peugeot 405 était sur les starting blocks, tout comme sa déclinaison “sport”, la Mi16.

Renault s’engage pour la victoire

Pour promouvoir sa berline sportive, Renault n’avait pas 36 solutions : le rallye imposait beaucoup d’investissements, les réglements étaient à l’époque sur le point de changer, et l’ennemi Peugeot trustait les victoires avec sa petite 205 Turbo 16. Il fallait donc trouver une autre solution et c’est en Production que la 21 Turbo allait pouvoir prouver ses qualités. Renault s’engageait alors pour la saison 1988 dans le championnat tout juste devenu “Superproduction” tant les voitures étaient désormais évoluées par rapport à la série, avec deux voitures : l’une aux mains de Jean Ragnotti, l’autre confiée aux bons soins de Jean-Louis Bousquet. En parallèle, la marque lançait un championnat monotype appelé Europa Cup.

Pour concevoir la Superproduction, on fit appel à la Sodemo pour préparer le 2 litres Turbo. Des 175 chevaux d’origine, on passa à 430 chevaux (voire 480 chevaux en fin de saison). Le moteur fut largement revu : Turbo Garrett T4, pistons forgés, bielles en titane et autres petites gourmandises. Le châssis était en partie tubulaire tandis que pour passer la puissance aux roues, on optait pour la transmission intégrale, le fameux système Quadra que l’on retrouvera sur la gamme 21 et sur l’Espace, mais aussi des trains avant spécifiques (et un arbre de transmission en carbone). Au total, la voiture ne pesait que 1 220 kilos.

Ragnotti et Bousquet raflent tout

À peine arrivées dans le championnat, les Renault 21 Turbo 4×4 s’éclatèrent (au bon sens du terme) : surclassant les BMW M3 ou les Mercedes 2.5-16, sans parler des vieillissantes 505, la 21 de Ragnotti s’offrit 3 victoires, comme à la parade, sans compter Jean-Louis Bousquet souvent pas loin derrière Ragnotti, et régulièrement en pole position, qui, lui, glana 3 autres victoires, sur les 10 courses du championnat. De quoi dégoûter les adversaires. Aux points, ce fut Ragnotti qui coiffa la couronne, mais Bousquet n’était pas loin ! Une démonstration de force, d’autant que le projet n’avait été lancé qu’en octobre 1987, pour une première course en mars 1988.

Pour 1989, le championnat devint Supertourisme, et Renault cessa son implication directe. Dommage car la voiture aurait pu continuer à truster les podiums, d’autant que dès 1988, Peugeot avait engagé sa 405 Grand Raid au Paris Dakar, s’offrant le titre mais aussi la faveur des journalistes plus “grand public”. Reste aujourd’hui que la 21 Turbo 4×4 Superproduction a fait beaucoup pour l’image de la 21 2 litres Turbo, notamment auprès des spécialistes qui généralement préfèrent la sportive au losange à celle du Lion pourtant plus diffusée.

Paul Clément-Collin

Paul Clément-Collin

Paul Clément-Collin est une figure reconnue du journalisme automobile français. Fondateur du site culte Boîtier Rouge, sacré meilleur blog auto aux Golden Blog Awards 2014 et cité parmi les médias auto les plus influents par Teads/eBuzzing et l’étude Scanblog Advent, il a ensuite été rédacteur en chef de CarJager et collaborateur de Top Gear Magazine France. Journaliste indépendant, spécialiste des voitures oubliées, rares, iconiques ou mal-aimées, il cultive une écriture passionnée et documentée, mêlant culture auto, design, histoire et anecdotes authentiques, et intervient également sur des événements majeurs comme le Mondial de l’Auto.

Autos similaires en vente

Renault R5 Turbo 2
Renault R5 Turbo 2
Renault R5 Turbo 2
Renault R5 Turbo 2
Renault R5 Turbo 2
Renault R8 Gordini 1300 R1135
Renault R8 Gordini 1300 R1135
Renault R8 Gordini 1300 R1135
Renault R8 Gordini 1300 R1135
Renault R8 Gordini 1300 R1135
Renault R5 Turbo
Renault R5 Turbo
Renault R5 Turbo
Renault R5 Turbo
Renault R5 Turbo
Renault R5 Turbo
Renault R5 Turbo
Renault R5 Turbo
Renault R5 Turbo
Renault R5 Turbo

Carjager vous recommande

Nicolas Fourny / 12 nov. 2025

Renault Mégane R.S. R26.R : pour l'amour du Nürburgring

« Automobile à piloter plus qu’à conduire, la R26.R est sans conteste la plus captivante et la plus exclusive des Mégane R.S. »
Française
Renault
Sports Cars
Nicolas Fourny / 12 nov. 2025

Renault 5 Turbo : la métamorphose de Supercar

« Au-delà des chiffres, ce sont avant tout la personnalité et le typage de la voiture qui interpellent le public : la 5 Turbo ne connaît tout simplement aucun équivalent au moment où elle apparaît sur le marché »
Française
R5
Renault
Carjager / 12 nov. 2025

Renault 5 Alpine Groupe 2: dans la peau de Jean Ragnotti !

Lorsque j’ai lancé Boîtier Rouge en mars 2014, je ne m’attendais pas à ce que deux ans plus tard, je puisse conduire les voitures de mes rêves ! Et c’est en prenant le volant de ma Renault 5 Alpine Groupe 2 que j’ai mesuré la chance que j’avais. Casqué, bien calé dans mon siège baquet, sanglé, je regardais la sortie des stands et le premier banking au fond de la ligne droite, prêt à en découdre avec l’asphalte (enfin, si on peut appeler ainsi le revêtement en très mauvais état de l’anneau de Montlhéry), en me prenant pour Jean Ragnotti qui venait de faire le pitre toute la matinée avec sa bonne humeur coutumière, ainsi qu’une petite démonstration de 360 à répétition avec sa Renault 5 Turbo Maxi !
Alpine
Calberson
R5
Carjager / 12 nov. 2025

Dieppe, avenue de Bréauté : de l'Alpine A110 à l'Alpine A110

Il y a une semaine, nous avions la chance de tester la nouvelle Alpine A110 sur route comme sur circuit, et nous avions été doublement enthousiastes : pour ses qualités intrinsèques d’une part, mais d’autre part parce qu’elle marque la renaissance d’Alpine 22 ans après son arrêt par Renault, en 1995 (lire aussi : Alpine A110 2017, retour gagnant). Cette semaine, Alpine annonçait l’inauguration de la nouvelle ligne de production de l’A110 à l’usine « historique » de Dieppe, avenue de Bréauté. L’occasion rêvée pour vous raconter l’histoire de cette usine mythique qui n’a jamais fermé ses portes malgré l’arrêt de la production de l’A610.
Cabriolet
Gt
Porsche
Paul Clément-Collin / 12 nov. 2025

Renault RS01 : les premiers tours de roues de la "Yellow Teapot" à Silverstone

Silverstone, 16 juillet 1977
Competition
Course
F1
Paul Clément-Collin / 12 nov. 2025

Renault Mégane 2 R26-R : pistarde de collection !

Soyons honnête, la Renault Mégane 2 n’est pas un prix de beauté, mais reste tout à fait cohérente dans la galerie des bizarreries de l’ère Le Quément. Elle est révélée au monde ébahi en 2002 après l’apparition quasi mystique des ovnis Avantime (lire aussi : Renault Avantime) et Vel Satis (lire aussi : Renault Vel Sati). Avec le recul, on ne peut qu’admirer l’audace (ou l’inconscience) de Renault à lancer une telle gamme, mais aussi constater son échec. Pourtant, la Mégane 2 réussira à séduire 3 100 000 clients, ce qui n’était pas une mince affaire !
Française
Megane
Renault
Paul Clément-Collin / 12 nov. 2025

Renault 5 Turbo PPG Pace Car: le "must have" du collectionneur !

Si je vous dis « PPG Industries », vous allez me rire au nez… Rien de très glamour qu’un fabricant américain de peintures (pour les voitures justement), de chlore, de verre, ou de fibre de verre, réalisant plus de 15 milliards de $ de chiffre d’affaire en 2013. Enfin c’est ce que vous croyez ! Car au début des années 80, PPG eut la bonne idée de sponsoriser les courses d’Indy Car. Le championnat portait d’ailleurs à l’époque le nom du fabricant, PPG Indy Car World Series.
Chevrolet
Clio
Ferrari
Paul Clément-Collin / 12 nov. 2025

Renault Sport R.S.01 : va y avoir du sport !!!

Alors que l’on attend toujours l’Alpine, qui reste, selon son PDG Bernard Ollivier, toujours prévue pour 2016 (ndlr, elle est désormais sortie, lire aussi : Alpine A110), Renault Sport nous présentait au Salon de Moscou son nouveau et séduisant jouet, dans la lignée du concept car Dzir, la R.S.01 ! Revêtue de la traditionnelle couleur jaune qui sied aux Renault de course depuis la fin des années 70, cette séduisante GT n’est pas qu’un exercice de style.
Alpine
Gt
Rs

Vendre avec CarJager ?

Voir toutes nos offres de vente