Alfa Romeo Giulia : la sportive familiale
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Alfa Romeo Giulia : la sportive familiale

Par Paul Clément-Collin - 17/05/2019

On devient alfiste comme on entre en religion : par une révélation. Et pour beaucoup, cette révélation vint avec l’Alfa Romeo Giulia. Cette berline lancée en 1962 n’était pourtant pas particulièrement belle (certains journalistes la trouvant même plutôt laide à l’époque) avec ses lignes carrées, mais elle offrait un moteur rageur et puissant permettant de goûter aux joies de la conduite sportive en famille. D’une certaine manière, elle inaugurait une nouvelle catégorie, celle de la berline de sport dans laquelle seule BMW vint se confronter dans ces années-là.

L’Alfa Romeo Giulia devait remplacer la Giulietta qui avait déjà posé les jalons du concept de la berline sportive italienne. Elle en reprenait d’ailleurs les moteurs 1 300 et 1 600 ainsi que la boîte 5 vitesses, mais s’offrait un tout nouveau châssis. Elle fut une des premières voitures au monde à être étudiée en soufflerie pour soigner son aérodynamique. Avec un Cx de 0,34 couplé à la puissance de son moteur, la Giulia s’offrait des performances impressionnantes.

Berline, mais sportive

Pourtant, tout n’était pas moderne sur la Giulia : pont arrière rigide, freins à tambour sur les premiers modèles. Autant dire qu’il fallait un certain courage pour aller chercher ses limites. Présentée en 1962 dans sa version sportive t.i. (pour Tourismo Internazionale) dotée du 1 600 de 92 chevaux, elle séduira rapidement les testeurs, moins les esthètes qui regrettaient sans doute les rondeurs de la Giulietta. Mais l’époque était au “tout carré” pour les berlines : il suffit de voir Renault et ses 8 et 10. La Giulia, au moins, tentait d’adoucir tout cela par des artifices stylistiques plutôt réussis, comme cet ourlet courant sur ses flancs, ou son capot avant plissé, sans compter son regard hypnotique.

La Giulia se décline aussi en version 1300

De toute façon, on n’achetait pas la Giulia pour son physique, mais pour son coeur. Avec le temps, sa ligne a bien vieilli et retrouve un charme qu’il lui manquait dans les années 60 mais à l’époque peu importait : la voiture allait vite et son moteur dérivé d’un bloc Alfa Romeo Aviation offrait au conducteur un son rauque inimitable et enchanteur, c’était bien l’essentiel. Les Carabiniers, les policiers ou les douaniers l’avaient bien compris eux-aussi, s’équipant de Giulia t.i. parfois “boostées” pour jouer aux gendarmes et aux voleurs sur les “autostrades” italiennes.

« La berline qui gagne des courses »

La Giulia, c’était aussi la “berline qui gagne des courses”, Alfa Romeo n’hésitant pas à engager sa berline en compétition. Pour les besoins d’homologation sportive, la marque au biscione présentait en 1963 la t.i. Super. Avec son capot ou ses portes en aluminium, cette dernière passait à 910 kg (contre 980 pour la t.i. “classique”) tandis que le 1 600 était boosté à 112 chevaux. Une vraie petite bombinette disposant pourtant de 5 vraie place. Au même moment, la t.i. recevait elle aussi 4 freins à disques plus à même de l’arrêter une fois lancée à haute vitesse.

En 1964, les dernières Giulietta enfin produites, Alfa Romeo élargissait la gamme Giulia vers le bas en proposant une version 1 300 de 78 chevaux. Au même moment, la t.i. devenait TI (subtile évolution) tandis que toutes les Giulia perdait leur levier de vitesse au volant et la banquette 3 places à l’avant pour un levier au plancher, plus pratique en conduite sportive. C’était aussi à cette époque que la fabrication dans leur intégralité des Giulia s’effectuait enfin dans la nouvelle usine d’Arese, conçue spécialement pour elle.

Développement de la gamme

La gamme Giulia évoluera ensuite par petite touche, avec notamment une Giulia Super en 1965 au moteur poussé à 102 chevaux tandis que la 1300 passait à 82 chevaux, voire 89 en 1970. Il y eut même une (rare) version break Promiscua et un premier petit lifting en 1969 avec une nouvelle calandre. En 1974 en revanche, 12 ans après son lancement, la Giulia s’offrait une cure de jouvence avec une remise à niveau stylistique, au point de prendre le nom de Giulia Nuova Super. Disponible en deux versions, 1 300 de 89 ch et 1 600 de 102 chevaux, elle semblait dépassée dans les années 70 mais conservait un certain nombre de fidèles encore séduits par ses qualités routières si particulières.

La Giulia Nuova Super pour terminer sa carrière en beauté.

On tenta aussi de prolonger sa carrière en lui greffant une mécanique diesel VM Motori et destinée aux gros rouleurs, sans grand succès. Il fallait bien s’y résoudre, la Giulia avait fait son temps, et en 1977, 15 ans après son lancement, elle fut remplacée par une nouvelle Giulietta après 572 646 exemplaires. Jusqu’alors, jamais Alfa n’avait fabriqué autant d’exemplaires d’un même modèle.

En toute fin de carrière, la Giulia Nuova s’offrira une version diesel.

Aujourd’hui, la berline Giulia est très recherchée même si elle possède moins de charme stylistique que ses dérivés Spider, Sprint (coupé sport) ou GTC (cabriolet), mais elle est l’archétype de la discrète mais sportive berline qui peut encore en surprendre plus d’un au feu rouge. Légère, puissante, logeable, discrète, elle saura vous distiller beaucoup de plaisir y compris (ou surtout) en famille : de quoi transmettre le virus Alfa à votre progéniture.

Paul Clément-Collin

Paul Clément-Collin

Paul Clément-Collin est une figure reconnue du journalisme automobile français. Fondateur du site culte Boîtier Rouge, sacré meilleur blog auto aux Golden Blog Awards 2014 et cité parmi les médias auto les plus influents par Teads/eBuzzing et l’étude Scanblog Advent, il a ensuite été rédacteur en chef de CarJager et collaborateur de Top Gear Magazine France. Journaliste indépendant, spécialiste des voitures oubliées, rares, iconiques ou mal-aimées, il cultive une écriture passionnée et documentée, mêlant culture auto, design, histoire et anecdotes authentiques, et intervient également sur des événements majeurs comme le Mondial de l’Auto.

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