Poughkeepsie : l'éphémère usine américaine de Fiat
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Poughkeepsie : l'éphémère usine américaine de Fiat

Par PAUL CLÉMENT-COLLIN - 22/06/2018

L’histoire automobile réserve toujours des surprises à celui qui passe son temps à chercher de l’information. C’est en fouinant sur le net pour glaner des informations sur une usine italienne que je suis tombé sur d’autres informations, concernant une usine américaine … d’une marque italienne. Dix ans avant que Rolls Royce n’installe sa propre usine sur le sol américain (lire aussi : Rolls Royce aux USA), la Fiat ouvrait la sienne à Poughkeepsie, une petite ville située à 111 km au nord de New York, au bord de l’Hudson.

Poughkeepsie n’est pas une ville très connue des Etats-Unis, il faut l’admettre. Outre les gens du coins, ceux qui connaissent cette ville sont sûrement des lecteurs assidus de SAS, car avant de s’installer définitivement au château de Liezen, son Altesse sérénissime le Prince Malko Linge y habitait « un petit cottage de Robin Hill Drive ». D’autres plus érudits signaleront qu’y repose le Pierre Teilhard de Chardin, chercheur, théologien et philosophe. Mais combien savait qu’entre 1909 et 1918 Fiat s’y installa pour y produire ses berlines de luxe destinées aux Etats-Unis ?

La Fiat avait été créée en 1898 mais dix ans plus tard, c’était déjà une société solidement implantée en Italie, mais aussi dans le monde entier. Sa renommée est déjà importante aux USA où la marque est importée par Hollander & Tangeman. Pour la première édition du Grand Prix des Etats-Unis, en 1908, Fiat s’imposait avec au volant le pilote Louis Wagner (un grand prix que Fiat gagnera aussi en 1911 et 1912), de quoi assurer encore un peu plus sa réputation auprès de la clientèle américaine aisée. A l’époque, Fiat fabriquait des voitures relativement haut de gamme, Giovanni Agnelli s’imaginant d’ailleurs l’équivalent italien de Rolls-Royce, et la clientèle américaine en était friande.

Excédé par des droits de douanes excessifs allant jusqu’à 45 % (en rendant les voitures encore plus hors de prix), Agnelli prit la décision d’installer une usine de montage aux USA pour éviter ces taxes. En 1908 était créée la Fiat Motor Co tandis qu’en 1909, le contrat d’importation avec Hollander & Tangeman était rompu. Fiat n’était pas l’unique actionnaire de Fiat Motor Co, et s’était alliée avec plusieurs hommes d’affaires américains alléchés par un potentiel succès de ces automobiles italiennes sur la côte Est notamment. Fiat Motor Co payait des royalties à Fiat SpA pour chaque voiture vendue, en plus d’acheter un certain nombre de pièces détachées.

En 1910, Agnelli inaugurait l’usine de Poughkeepsie, et la production des luxueuses Fiat 54 puis 55 commença sur le sol américain. Pourquoi Poughkeepsie fut-elle choisie ? Nul ne le sait : le bas prix des terrains sans doute, allié à la proximité de l’Hudson (pour acheminer les pièces détachées venues d’Europe et débarquée à New York). En 1912, Fiat lançait un modèle dédié au marché US, la Tipo 56, dotée d’un 6 cylindres en ligne de 8.6 litres et 45 chevaux (les précédentes Fiat 54 et 55 étaient des 4 cylindres). Les grosses automobiles de Fiat se vendaient entre 4000 et 9000 $ suivant les modèles, à comparer aux 1000 $ d’une Ford T.

Une tipo 56, exclusivité du marché US

Au début, Fiat Motor Co avait de grandes ambitions, et présentait 4 modèles distincts à la clientèle américaines en 1914 (les Tipo 53, 54, 55 et 56). La production atteignait environ 350 voitures annuelles, ce qui n’était certes pas mirifiques, mais au prix où elles étaient vendues, c’était assez rentable. Fiat envisageait même d’y produire un véhicule plus abordable au point de prendre le contrôle de Fiat Motor Co. C’était sans compter l’entrée en guerre de l’Italie en 1915, qui immobilisa Fiat dans ses investissements, et celle des USA en 1917, qui vit l’usine de Poughkeepsie se tourner vers une production militaire. Dès 1915, des châssis de Tipo 55 furent fabriqués aux USA pour être transformés en véhicules militaires (pour la Grande Bretagne, mais aussi la Russie). Pour réagir à la contraction du marché américain, quelques modèles courts de la Tipo 56 et dotés d’un 4 cylindres furent produits.

La difficulté à se procurer des pièces en provenance d’Italie à cause de la guerre fut la raison principale de l’arrêt de l’activité de Fiat. En outre, pour répondre à la demande des armées US, Duesenberg cherchait à s’agrandir et lorgnait sur les machines de Fiat Motor Co. L’usine fut donc vendue en février 1918 à Duesenberg Motors Company qui fabriquait alors des moteurs d’avions pour le compte de l’armée américaine et qui lorgnait surtout sur les machines de Fiat qui furent rapatriées dans son usine d’Elizabeth. Duesenberg vendra le bâtiment en 1919 qui abritera tout au long du siècle un certain nombre d’entreprises, et même les classes d’un collège mariste, avant d’être démoli en 1997 pour laisser la place à divers commerces, comme Home Depot et McDonalds.

Pour en savoir plus : le site Hagerty

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