Peugeot 104 ZS : moteur hurlant
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Peugeot 104 ZS : moteur hurlant

Par Paul Clément-Collin - 02/08/2022

Avant que l’hégémonie GTi ne se répande en Europe avec son bling-bling so eighties, il existait une catégorie intéressante de petites voitures nerveuses et joueuses, incarnée dans les années 70 par la Renault 5 LS puis TS, la Mini Cooper, l’Autobianchi A112 Abarth ou, bien entendu, la 104 ZS. Il s’agissait, dans un volume contenu et convenu, d’offrir beaucoup d’espace, un peu de chevaux et un poil de plaisir pour se différencier du quidam. C’est peut-être un détail pour vous, mais pour moi ça veut dire beaucoup : pas besoin de centaines de canassons et d’une électronique compliquée pour prendre du plaisir. Avec la 104 ZS comme avec ses consoeurs, le bonheur se trouve dès 50 km/h.

Une 104 ZS rouge, avec ses jantes en tôle (et non les Amil réservées au kit “Rallye”), garée devant chez moi : 66 chevaux de bonheur pour 1 124 cc de plaisir ; une mère incapable de passer ses vitesses “smoothly” et le moteur rageur qui hurle dans la montée vers le bourg berrichon qui nous sert de villégiature, le regard ahuri des passants du village montant la côte à pied pour rejoindre le marché hebdomadaire sur la place carrée conçue par Salomon de Brosse (oui oui, l’architecte du Palais du Luxembourg ou de la façade de l’église Saint-Gervais). Au milieu des Citroën Dyane2CVSimca 1100 même pas Ti et autres vieilleries encore présentes pendant mon enfance, cette 104-là, bien que déjà âgée (la voiture est sortie en 1975, année de ma naissance, tandis que la scène se passe au début des années 80) en jetait clairement.

Moteur hurlant (les amateurs de bédé comprendront)

D’une certaine manière, avec une telle voiture, nous étions les “Parisiens” en ces terres berrichonnes industrieuses. La Peugeot 305 SR de mon père semblait bien terne à côté du rouge vif de la puce sochalienne qui servait de deuxième voiture. Récupérée auprès de mon grand-oncle, amateur de sportives sans pour autant se ruiner (il était passé d’une Panhard 24CT à cette fameuse ZS, pour ensuite s’orienter vers une ZS2, une 205 XS et finir sa vie plus calmement avec une 206 Quiksilver), cette petite 104 à l’odeur si particulière n’avait pas été repérée par mes parents comme une sportive : ils l’utilisaient comme une citadine.

Étrangement, c’est moi, du haut de mes 7 ou 8 ans, qui, à l’écoute du moteur, m’en rendis compte en premier : la ZS était une sportive. En comparaison, la 305 paraissait feutrée. La petite puce rouge gueulait de tout son échappement : il faut dire que ma mère, qui la conduisait, avait appris à conduire sur une paisible 2CV et continuait à appuyer pour lancer la voiture avant de passer la deuxième : hérésie mécanique certes, mais souvenirs d’enfance ô combien délicieux. Après de longues balades en vélo, la 104 vermillon pointait le bout de son nez, et récupérait les biclous dans le coffre à hayon.

Une petite écurie qui donne le sourire

66 chevaux, rendez-vous compte ! Aujourd’hui, la moindre Dacia de base s’offre une écurie plus fournie. Mais avec sa taille riquiqui, (3 mètres 30 de long seulement), et 780 kg sur la balance, la machinerie suffisait largement. Bien sûr, plus tard, des versions plus “punchy” viendront tenter de concurrencer les Renault 5 Alpine et la Golf GTi, sans trop y croire : 93 ch d’abord, avec 1 361 cc (ZS2, en série limitée), puis 72 ch sur la ZS de série avec la même cylindrée, et enfin 80 ch sur la ZS “80hp”. Cette ZS rencontrera même en frontal la 205 GTI puisqu’elle sera commercialisée jusqu’en juillet 1985.

Le kit Rallye et ses 80 chevaux, avant même la ZS2

Si aujourd’hui on me donnait un billet de 10 000, je prendrais une ZS plutôt qu’une 205 GTi : moins évoluée, moins pointue, moins performante (155 km/h en pointe, autant dire peanuts, un 0 à 100 en 15 secondes qui frise le ridicule si l’on se réfère aux voitures d’aujourd’hui). Souvenirs d’enfance, évidemment, mais pas que : j’ai retrouvé ce plaisir dans les années 2000 avec ma Fiat Cinquecento S (même pas Sporting). Le genre de bagnole qui donne le sourire avant même de passer la troisième, qui transforme n’importe quelle route départementale en spéciale de rallye sans jamais dépasser les limites de vitesse.

Collector ? Assurément

Une voiture aussi largement vivable, habitable dirait-on aujourd’hui : outre les vélos dans le coffre (avec les roues qui dépassent, n’exagérons pas), on avait 4 vraies places d’adultes (ou 5 si les 3 de derrière avaient moins de 15 ans). Une voiture idéale qui, malheureusement, n’est pas restée dans le cheptel familial : gracieusement donnée à mon parrain, de onze ans mon aîné, il n’hésita pas à jouer un peu avec… Vous imaginez la suite : cette 104 ZS ne lui aura pas survécu. Je pense que mes parents n’avaient pas conscience du jouet qu’ils lui avaient donné !

Aujourd’hui, soyons clairs : la 104 ZS reprend des couleurs. Si environ 80 000 exemplaires furent produits (un chiffre fort honorable en comparaison des 350 000 unités de 205 GTi, succès de plus de dix années dans une période favorable), il en reste peu tant nombre d’entre elles furent « abîmées » comme celle de mon enfance. La ZS2 est intouchable par sa rareté plus que par son prix, tandis que la ZS, elle, se trouve encore à la faveur d’une recherche opinîatre et d’une volonté de fer. Son look d’enfer, coach à l’ancienne, carrée au possible, et ses 66 chevaux sauront vous convaincre.

Paul Clément-Collin

Paul Clément-Collin

Paul Clément-Collin est une figure reconnue du journalisme automobile français. Fondateur du site culte Boîtier Rouge, sacré meilleur blog auto aux Golden Blog Awards 2014 et cité parmi les médias auto les plus influents par Teads/eBuzzing et l’étude Scanblog Advent, il a ensuite été rédacteur en chef de CarJager et collaborateur de Top Gear Magazine France. Journaliste indépendant, spécialiste des voitures oubliées, rares, iconiques ou mal-aimées, il cultive une écriture passionnée et documentée, mêlant culture auto, design, histoire et anecdotes authentiques, et intervient également sur des événements majeurs comme le Mondial de l’Auto.

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