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Alfa Romeo 75 : désirable sparadrap

PAUL CLÉMENT-COLLIN - 20 mars 2020

Au début des années 80, Alfa Romeo ne se porte pas très bien. Sa gamme est pléthorique, mais fouillie (et difficile à comprendre), les échecs ont été nombreux (et parfois cuisants comme celui de l’Alfa 6). Bien que nationalisée, la marque manque de moyens pour se développer, et tente de faire du neuf avec du vieux. C’est dans ce contexte étrange et alors que la concurrence européenne se modernise à vitesse grand V que va naître la 75, ainsi nommée pour célébrer les 75 ans de la marque. Une voiture ni belle ni moche, ni moderne ni ancienne, mais qui va connaître son petit succès commercial malgré tout grâce à des moteurs typiquement “Alfa”, souvent sportifs et toujours robustes.

Imbroglio de gamme

La gamme Alfa Romeo en ce début des années 80 est un mystère pour tout marketeur (même à l’époque) : en entrée de gamme compacte, on trouve tout d’abord l’Arna depuis 1984, clone de Nissan mal positionné, et pas vraiment raccord avec ce que l’on attend de la marque qui croyait, pourtant, avoir flairé la bonne affaire. Un peu au-dessus, deux modèles assez proches : la Nuova Giulietta et l’Alfetta, l’une un peu plus compacte que l’autre, mais dans des gabarits très proches. Au-dessus on trouve l’Alfa 6, fer de lance un peu émoussé. De façon périphérique, la Sprint et la GTV perdurent, pour satisfaire les besoins hédonistes de l’Alfiste de base !

À cette époque (il est sans doute bon de le rappeler), Alfa Romeo appartient à l’IRI (et donc est une entreprise nationale au même titre que Renault en France). L’argent manque, la crise pétrolière de 1979 liée à la crise iranienne a laissé des traces partout, et l’Italie fait aussi face à d’autres problèmes (les Brigades rouges qui bientôt donneront les “années de plomb” notamment). Bref, rien n’est simple et il faut faire avec les moyens du bord.

Des efforts, mais dans tous les sens

Faisons un parallèle : à la même période le groupe PSA qui réunit (à l’époque) Peugeot, Citroën et Talbot, est à deux doigts de découvrir le précipice, sans avoir les capitaux étatiques en sécurité. On pourra toujours hurler au scandale : “Citroën n’est plus Citroën” ou “PSA a tué Simca et étouffé Talbot”, la réalité est plus pragmatique. Le groupe a en effet concentré ses efforts sur deux modèles salvateurs, la BX et la 205. Chez Alfa, on n’en est pas encore là. Pire, on est loin du compte.

Certes la marque est un peu plus “premium” que Peugeot, Citroën ou Talbot (et encore), mais son organisation est totalement à côté de la plaque. Plutôt que de rectifier le tir, on va donc enfanter une drôle d’Arna qui rate son sujet et donner une succession double aux Alfetta et Giulietta. Rien au-dessous de l’Arna (une citadine nerveuse pour concurrencer la Renault 5 Alpine Turbo ou la Peugeot 205 GTi naissante ?), et l’obstination au-dessus : la 33 s’intercale au-dessus de l’Arna sans bénéfice visible, la 75 remplace la Giulietta, et la 90 l’Alfetta : tout va très bien, Madame la Marquise.

Faisons du neuf avec du vieux

À force de diviser les budgets à droite ou à gauche, alors qu’il n’y en a déjà pas beaucoup, on fait donc du neuf avec du vieux. La 75 se retrouve dans ce cas de figure, mais s’en tire plutôt pas mal si l’on compare avec l’Alfa 90 ! À la base, l’Alfetta (qui date de 1972) donne son châssis et finalement beaucoup de ses moteurs. La 75 sera in fine la dernière “transaxle” de chez Alfa : moteur avant, propulsion, et boîte à l’arrière, un gage de sportivité qui n’est pas un handicap. Pourtant, à l’époque, les “tractions” faisaient des progrès. Certes, en 1985 l’Alfa Romeo 75 a une concurrence restreinte (chez Peugeot la 305 est vieillissante, la Renault 18 aussi pour ne parler que des françaises) mais la BMW E30 vient de remplacer l’E21, tandis que les armes fourbissent chez les généralistes (Peugeot 405Renault 21, et même chez Rover où Honda a redressé la qualité). Chez Alfa, on s’en fout !

La 75 est assez intéressante car, sur la même plateforme que l’Alfetta, elle offre un nouveau regard : sera-ce suffisant ? Oui et non. La voiture se vendra, au-delà peut-être des espérances d’Alfa, mais elle reste une voiture marginale, comme la Saab 900 pouvait l’être à l’époque. Dommage car tout au long de sa vie, elle aura expérimenté bien des moteurs plaisants comme Alfa sait (savait ?) en faire.

L’Alfa Romeo 75 Turbo Evoluzione, sacrément méchante !

Une offre moteur pléthorique

Évidemment, on trouvera des 1.6 à double carbus double corps de seulement 110 chevaux, mais qui avaient la niaque (l’équivalent en injection sortira 110 canassons itou, comme quoi), le 1.8 propose 10 chevaux de plus (120 comme l’injection à partir de 1988). Le même moteur avec le turbo offre 155 chevaux dès 1986 et 210 km/h en pointe, quand la version Quadrifoglio verde envoie 165 bourrins (à partir de 1990). Juste avant le 1.8 Turbo Evoluzione offre dès 1987 (et pour cette seule année) 180 chevaux. Le 2 litres double carbu double corps propose 128 chevaux dès 1985, remplacé par le Twin Spark de 148 chevaux en 1987. Côté V6 on aura, comme souvent chez Alfa, le choix entre deux “Six” : le 2.5 Busso de 156 chevaux et le 3 litres de 188 puis 192 chevaux (lire aussi : Alfa Romeo 75 6V). Je n’ai même pas parlé des diesel tant la liste est déjà pléthorique (des VM pas si nuls, notamment un 2 litres turbo de 95 chevaux au départ puis un 2.4 TD de 112 chevaux à partir de la deuxième série).

A partir de 1988, la 75 reçoit un léger restylage.

Reprenons notre souffle : la 75 ne révolutionne pas son monde, mais offre un contenu intéressant dans un contenant remis au goût du jour. Certes, il s’agit d’une italienne des années 80 à laquelle on reprochera toujours son électricité parfois défaillante, sa finition proche de l’à-peu-près (mais est-elle vraiment la seule à cette époque), et sa plateforme antique. La vaillance de ses moteurs prouve que la modernité n’est pas toujours gage de qualité tant ils font le job, mais oui, tout n’est pas au niveau d’une E30 contemporaine. Et alors ?

Une bonne voiture, finalement

Connaissez-vous beaucoup de berlines (et de break puisque la 75 s’offre une “Sportwagon”) intermédiaires proposant un aussi large panel de moteurs rigolos, une propu, une architecture transaxle pour une meilleure répartition des masses, le tout à la même époque ? Pire : on peut critiquer son look, mais en fait aujourd’hui on aime bien cet avant vertical, ce cul haut sans être bombé, rappelant parfois les Maserati Biturbo de la même époque ! Les versions America avec leurs soufflets de pare-chocs semblent statutaires (mais sont sans doute le fruit de l’échec des Milano aux USA), les 1.8 Turbo Evoluzione semblent démoniaques, et quoi qu’il arrive, la 75 vous offre beaucoup sans débourser trop. Que demande le peuple ?

Au total, Alfa vendra 386 767 exemplaires de sa berline entre 1985 et 1992 : un score tout à fait honorable face à une large concurrence. Elle sera la dernière propulsion de la marque, remplacée par une 155 traction assez réussie mais au style tout aussi “carrée”. Au dessus d’elle et depuis 1987, on trouve une 164 elle aussi traction et issue du programme Tipo 4 en collaboration avec Saab (Fiat Croma / Lancia Thema / Saab 9000). La 75 aura en tout cas tenu son rang pendant plus de 7 ans, malgré sa base ancienne et son style particulier : un pis-aller, un sparadrap, qui a fait son job à l’époque et qui en devient désirable aujourd’hui.

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