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BMW M535i et M5 « E28 » : deux M dans une même gamme !
PAUL CLÉMENT-COLLIN - 28 juil. 2022Aujourd’hui, lorsque l’on parle des modèles sportifs de la gamme BMW, il suffit de rajouter un M au numéro de la série et on a tout bon (M2,M3, M4, M5). Mais au début des années 80, tout n’est pas encore aussi simple, même si le M est bien déjà présent.
La société BMW Motorsport GmbH (plus connue sous la lettre M), filiale du constructeur munichois BMW est créée en 1972 afin de développer des modèles de compétitions (Formule 2, Supertourisme), mais présente en 1978 sa première voiture de série, la fantastique M1 dotée du fameux 6 cylindres en ligne M88. Cette mère de toutes les M donnera l’impulsion à Motorsport qui désormais travaillera toujours sur les voitures de la gamme de la maison mère (sans doute en réponse à Alpina). Une première BMW M535i « E12 » (nous y reviendrons) sera produite de 1981 à 1984 à 3066 exemplaires (dont près de la moitié en Afrique du Sud), avec le 6 cylindres 3,5 litres de 218 ch sous le capot.
La M535i « E28 » se pare de boucliers spécifiques, mais son 6 cylindres ne développe « que » 218ch.En 1984, l’heure est au passage à la nouvelle génération de série 5, la E28, pour Motorsport, qui reprend la même formule qu’avec la E12 : le 3,5 litres de 218 ch, mais pousse l’aspect « tuning » encore plus loin, avec des jantes spécifiques, des pneus larges, et des boucliers et bas de caisse spécifiques et peu discrets. On sent qu’il s’agit de répondre à l’apparition des tuners allemands, et en particulier Alpina. Mais si le plumage est sportif, le ramage reste dans la norme. Surtout, au même moment, Alpina sort la B7 Turbo E28 qui sur la même base propose 300 ch.
La M535i se la joue beaucoup moins discrète que sa soeur M5 (ici les jantes ne sont pas d’origine).Impossible d’en rester là pour BMW, qui va affiner son concept M avec un deuxième modèle E28, du nom désormais célèbre de M5 en 1985. Avec elle, Motorsport va faire l’inverse de la M535i : une robe sobre et discrète, reconnaissable uniquement à des détails, mais un moteur de feu sous le capot. Pour motoriser sa nouvelle M5, BMW va récupérer le fameux moteur M88 de la M1 : 6 cylindres en ligne, 3,5 litres mais 286 ch désormais, une vraie bombe. De quoi mettre tout le monde d’accord, même si Alpina reste devant en terme de puissance.
La vraie M de la gamme E28, c’est elle, la M5. Elle est aussi beaucoup plus rare !A partir de là, et jusqu’en 1987, date de fin de commercialisation des deux modèles (1988 pour la M5 sud-africaine), la M5 va prendre le pas sur sa sœur M535i, du moins en terme d’image. Car en terme de production, la M535i va sortir son épingle du jeu : 10 335 exemplaires produits (dont 1140 à destination du Japon, et 852 fabriqués en Afrique du Sud). La M5, elle, se fait beaucoup plus rare, surtout en Europe :775 exemplaires furent destinés à l’Europe, 1340 exemplaires pour les USA et le Canada, 30 pour le Japon, et 95 exemplaires fabriqués en Afrique du Sud, soit un total de 2240 M5 produites, près de 5 fois moins que la M535i.
Sous le capot de cette M5, le fameux 6 en ligne de la M1, le M88 de 286 ch.Cela dit, la vraie M, c’est bien la M5, la M535i usurpant un peu son nom. L’ajout d’éléments « tuning » ne suffira désormais plus pour faire d’une BMW une vraie M, et après la E28, il n’y aura plus jamais deux M dans la même gamme.
Certes, mais il convient de faire la différence entre les « vraies » M (M2, M4, etc.) et les M « édulcorées » telles que les M235i et consorts. On n’est clairement pas dans le même monde…