On a peine à le croire quand on contemple les premiers exemplaires du modèle, mais la Gallardo a fêté ses vingt ans au printemps dernier ! Celle qui, pour des raisons que nous développons ci-après, a été sans doute le modèle le plus important dans l’histoire de Lamborghini, arbore toujours une insolente modernité, que l’on s’intéresse à son design, à ses qualités routières et bien sûr au cœur de l’engin – c’est-à-dire ce V10 d’anthologie qui, comme le reste de la voiture, doit tout à l’ingénierie germanique. Pour autant, il ne s’agit en aucun cas d’une Audi recarrossée ; la firme allemande a très intelligemment su préserver l’identité de son vassal italien en concevant une berlinette en tous points respectueuse de l’ADN Lamborghini, tout en bannissant les approximations d’une créature artisanale comme la Jalpa, lointaine devancière de la Gallardo. C’est précisément ce qui a assuré le succès de la formule et a permis à la marque d’atteindre une nouvelle clientèle. Au-delà de la performance commerciale, qui a littéralement fait basculer le destin de Lamborghini, passé d’une production artisanale et confidentielle à la rigueur de process industriels très éloignés des divagations d’autrefois, la Gallardo a pour principal mérite d’avoir établi la légitimité de son constructeur dans un segment de marché qu’il n’avait jamais réussi à investir réellement, faute de moyens pour assurer une qualité de production digne des caractéristiques de ses voitures. Idéales pour frimer à basse vitesse sur les Champs-Élysées, les Lamborghini ont longtemps été des créatures aussi fantasmatiques que fragiles et difficilement utilisables, en particulier lorsque l’on s’avisait de les pousser dans leurs retranchements, ce que d’ailleurs peu de propriétaires osaient faire. La Gallardo, qui a emprunté le meilleur de l’ingénierie allemande pour y parvenir, a choisi un tout autre chemin, sans rien perdre de ses capacités de séduction et sans jamais cesser d’évoluer (il faudrait un livre entier pour en détailler les innombrables variantes et séries limitées, en berlinette ou Spyder, en quatre ou deux roues motrices). Ceux qui la trouvent trop sage n’ont en général pas pris la peine d’effectuer un galop d’essai son volant et, aujourd’hui encore, les berlinettes à moteur central de ce calibre ne sont pas si répandues – même s’il se trouvera toujours des cuistres pour faire remarquer qu’une puissance de 500 ch est presque devenue banale de nos jours. En attendant, ces chevaux-là ont le bon goût de demeurer absolument thermiques, si vous voyez ce que je veux dire… à vous de savoir en profiter.