De Tomaso P72 : opération renaissance
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De Tomaso P72 : opération renaissance

Par Nicolas Fourny - 02/09/2025

« Les soupirs de soulagement sont autorisés : la P72 s’abstient de toute électrification »

On ne compte plus les marques de prestige disparues et qui ont fait l’objet, pour le meilleur ou pour le pire, de tentatives de résurrection. Ainsi, au fil du temps, des noms tels qu’Isotta Fraschini, Invicta ou TVR ont été rachetés par des entrepreneurs plus ou moins sérieux qui, la main sur le cœur, s’engageaient à relancer ces blasons en présentant, dans le meilleur des cas, des prototypes qui disparaissaient corps et biens après avoir été exposés à Paris ou Genève. Heureusement, tel n’est pas le cas des actuels propriétaires de De Tomaso qui, après avoir racheté l’entreprise en 2014, se sont acharnés à développer une supercar entièrement inédite, la P72, dont les livraisons sont – enfin – sur le point de commencer !

Le fantôme d’Alejandro

De nos jours, l’ancienne usine De Tomaso, à Modène, n’est plus qu’un bâtiment fantomatique livré aux amateurs d’urbex. Et, hormis quelques connaisseurs, peu de gens se souviennent de ce que cette marque a représenté en son âge d’or – lequel, il est vrai, a pris fin il y a déjà plus de trois décennies. Fondée en 1959 par l’argentin Alejandro de Tomaso, l’entreprise s’est immédiatement positionnée dans le segment des automobiles d’exception et, après une spectaculaire (mais confidentielle) Mangusta due au talent de Giorgetto Giugiaro, c’est avec la Pantera lancée en 1970, et construite à plus de sept mille exemplaires en vingt-deux ans de carrière, que le petit constructeur va accéder à une réelle notoriété. Laquelle permettra à Alejandro de Tomaso de développer son catalogue et de se porter acquéreur de Ghia (revendu par la suite à Ford), puis de Maserati, d’Innocenti et de Moto Guzzi, constituant ainsi un véritable petit empire industriel au cours des seventies. La fin de parcours sera hélas moins glorieuse : incapable de renouveler sa gamme avec autre chose que des créations anecdotiques et sans avenir, De Tomaso finira par revendre Maserati et Innocenti au groupe Fiat et sera déclaré en faillite en 2004, un an après le décès de son fondateur.

À chacun son Himalaya

Après la désastreuse tentative de relance de la marque intervenue en 2009, le groupe hong-kongais Ideal Team Ventures en a finalement racheté les droits en 2014, avec des objectifs ambitieux : il s’agissait de retrouver l’esprit des premières De Tomaso en développant des voitures de sport d’exception, susceptibles, comme autrefois, de rivaliser avec les références de la catégorie. Il faut bien en convenir, les initiatives de ce genre sont souvent accueillies avec un certain scepticisme : de la sorte, s’efforcer de redonner vie à un label tombé dans l’oubli depuis des lustres afin d’affronter des concurrents aussi solides que Ferrari, Lamborghini, McLaren ou Porsche, voilà qui pouvait légitimement interroger quant à la viabilité du projet – en particulier à une époque où tous les constructeurs sont confrontés à de gigantesques défis, corrélés notamment à une électrification qui, c’est le moins qu’on puisse écrire, ne fait pas l’unanimité mais dont les nouveaux propriétaires de De Tomaso ont su s’affranchir, comme on va le voir…

Née dans la douleur

De fait, la conception de la P72 – ainsi dénommée en hommage au prototype de course P70, apparu il y a exactement soixante ans, et en référence au nombre d’exemplaires prévus – n’a pas été de tout repos, et il convient de saluer la persévérance des responsables du projet, auxquels il aura fallu six ans d’efforts pour aboutir au modèle de série (si l’on ose écrire). Si le site de production a changé à plusieurs reprises – aux dernières nouvelles, l’auto sera construite en Allemagne, à Affalterbach (mais pas chez AMG, je vous vois venir) –, le concept n’a pas évolué depuis la présentation officielle du prototype, intervenue lors du Festival of Speed de Goodwood en 2019. La nouvelle De Tomaso est donc une berlinette de grand tourisme dont le design renvoie directement aux années 1960 : la voiture évoque spontanément les protos engagés dans les courses d’endurance de ce temps-là. Par surcroît, implanté en position centrale arrière, le V8 chargé d’animer l’ensemble provient de chez Ford, comme à la grande époque !

Un charme old school

La version définitive reste fidèle aux substrats du prototype et – les soupirs de soulagement sont autorisés – la P72 s’abstient de toute électrification. Préparé chez Roush, le moteur Ford, suralimenté par un compresseur de type Roots, développe 700 ch, le couple atteignant pour sa part l’impressionnante valeur de 800 Nm. Voilà qui, en termes de valeurs brutes, situe l’engin en net retrait d’une Ferrari 296, mais pas très loin d’une McLaren 750S… À l’intérieur, l’atmosphère ne ressemble à rien de connu, même si l’on peut, çà et là, retrouver l’influence du style Pagani. À l’instar de celui d’une Bugatti Tourbillon, le mobilier de bord ne recèle aucun écran, ce qui mérite d’être salué (si seulement Mercedes ou Audi pouvaient en prendre de la graine…). Et puis, surtout, la boîte à six rapports est exclusivement manuelle. Tout cela augure de réconfortantes sensations « à l’ancienne », sans doute très éloignées des tendances contemporaines – et qui, si elles n’ont pas de prix, ont un coût : comptez environ 1,6 million d’euros pour pouvoir, de nouveau, rouler en De Tomaso neuve. Quand on aime…

4951 cm3Cylindrée
700 chPuissance
800 NmCouple



Texte : Nicolas Fourny

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