Maserati Shamal : flamboyante apothéose
YOUNGTIMERS
COUPÉ
ITALIENNE
MASERATI
YOUNGTIMERS

Maserati Shamal : flamboyante apothéose

Par Nicolas Fourny - 14/10/2025

« La Shamal était censée couronner la gamme en retrouvant le prestige du V8 »

Qui aurait pu croire en 1981, lors de la présentation de la toute première Maserati Biturbo, que ce coach élégant mais discret se muerait, dix ans plus tard, en une Shamal à la torride exubérance, assumant sa sauvagerie et semblant prête à cracher des flammes ? On ne peut rien, décidément, contre sa propre identité, et la firme modénaise qui, avec la Biturbo originelle, semblait se vouer à concurrencer la BMW Série 3, a fini par revenir à ses vieilles traditions. Engin singulier, exigeant, d’un exotisme paroxystique, animé par un authentique volcan en guise de moteur, la Shamal a laissé des souvenirs particulièrement épicés à tous ceux qui l’ont pratiquée. Voici pourquoi…

Au commencement était la Biturbo

La grande famille des Biturbo (même si elles n’ont pas toutes officiellement porté cette dénomination) a, pour l’essentiel, animé l’intégralité du catalogue Maserati durant dix-sept ans – les ultimes Quattroporte de quatrième génération, issues de la même base, ayant même poursuivi leur route jusqu’en 2001 ! Pourtant, à ses débuts l’auto en a déconcerté plus d’un, avec ce design volontairement banalisé, directement inspiré de la Quattroporte III mais tranchant très nettement avec celui des berlinettes et des coupés qui avaient jusqu’alors marqué l’histoire du constructeur. Dans ces lignes sobres, élégantes dans leur neutralité et se contentant de suggérer une sportivité tout en retenue, inutile de rechercher le charisme d’une Bora ou d’une Mistral… C’est qu’Alejandro de Tomaso, propriétaire de Maserati depuis 1975, avait décidé de réorienter la marque vers le segment des berlines compactes à caractère sportif, alors en plein essor, porté – déjà – par une certaine Série 3, devenue en peu d’années le mètre étalon de la catégorie.

Ne jamais se fier aux apparences

Cependant, les premiers essayeurs de l’engin ne tardent pas à en déceler le tempérament véritable. Mue par un moteur de feu – en somme, le V6 issu de la Merak, mais profondément retravaillé et, surtout, suralimenté par les deux turbocompresseurs ayant donné son nom à l’auto –, la Biturbo cache bien son jeu et, sous une physionomie que certains jugent anodine, vous attend une automobile de caractère, dont, dès l’abord, la mécanique s’avère pleine de ressources. Bien sûr, nous sommes en Italie au début des années 1980, conséquemment la mise au point n’a pas grand-chose à voir avec celle d’une Porsche 944 mais il se trouvera un nombre assez conséquent d’amateurs pour pardonner ses défaillances à la Biturbo, préférant la fougue et la musicalité du V6 italien au grondement sans éclat du quatre-cylindres allemand, même si la voiture de Stuttgart était bien plus facile à contrôler à la limite. D’autant qu’au fil des ans, la « petite » Maserati ne cessera de développer sa gamme, diversifiant aussi bien ses carrosseries que la puissance de son six-cylindres, lequel passera des 180 ch du 2 litres originel aux 285 ch de l’éphémère variante dite « Racing », tandis que, pour sa part, la cylindrée culminait à 2,8 litres.

Le retour du V8

Parvenue aux limites du développement de son V6 vers la fin de la décennie, la petite officine n’en était pas moins toujours décidée à poursuivre la course à la puissance dans laquelle elle s’était lancée et n’avait pas du tout l’intention de laisser le champ libre à la concurrence. Présentée dans les derniers jours de 1989, la Shamal – baptisée d’un nom de vent, selon une vieille tradition maison – était donc censée couronner la gamme en retrouvant le prestige du huit-cylindres. En l’occurrence, un V8 inédit mais, à la vérité, étroitement dérivé du V6 qui faisait les beaux jours de la Biturbo et de sa descendance depuis huit ans. Ce qui n’empêchait pas le nouveau moteur de tenir toutes ses promesses de sa fiche technique, qui s’inspirait directement – et pour cause – des solutions retenues pour le six-cylindres. D’une cylindrée de 3,2 litres et disposant de quatre soupapes par cylindre, le V8 Maserati recevait donc lui aussi le renfort de deux turbos IHI accompagnés de leurs échangeurs air/air, ce qui lui permettait d’afficher la confortable puissance de 326 ch à 6000 tours/minute, le couple atteignant de son côté les 431 Nm délivrés dès 3000 tours. Les chronos étaient à l’avenant et tutoyaient ceux d’une Porsche 928 GT, avec 270 km/h en pointe et le kilomètre départ arrêté abattu en un peu plus de 26 secondes.

Chassez le naturel…

Là s’arrêtent toutefois les comparaisons, car les deux voitures ne s’adressent évidemment pas à la même clientèle. Au design sophistiqué et à la rigueur toute germanique de la 928, la Shamal – œuvre d’un Marcello Gandini que l’on a connu plus inspiré – ressemble à ce qu’elle est, c’est-à-dire à une Biturbo sous anabolisants, hypertrophiée à tous égards et flirtant même avec une certaine vulgarité. Construite sur l’empattement le plus court de la famille Biturbo (celui des Karif et Spyder) et souffrant d’un déséquilibre structurel (59 % du poids pèse sur l’avant), l’auto ne donne le meilleur d’elle-même qu’entre des mains expertes, mais même les pilotes les plus aguerris seront bien avisés de prendre toutes les précautions d’usage sur le mouillé…

Plus sulfureuse que désirable

Totalement décalée par rapport à ses rivales potentielles, la Shamal n’aura trouvé que 369 clients en six ans de production. Réputé pour sa violence et son indomptabilité, le modèle a souffert de la réputation de fragilité (pas toujours justifiée) de son constructeur et d’un style très vite ringardisé par la sublimissime 3200 GT, qui en reprenait la mécanique mais avec un tout autre langage stylistique, aussi plébiscité par la clientèle que la Shamal aura été boudée. Qu’en reste-t-il aujourd’hui ? Son allure très datée continue de rebuter certains collectionneurs mais, à l’inverse, elle peut séduire les amateurs de raretés et que la brutalité de l’engin ne rebutera pas. Et ceux-ci sont sans doute plus nombreux qu’on pourrait le penser car, de nos jours, une belle Shamal se négocie quasiment deux fois plus cher qu’une 3200 GT dans le même état. À méditer…

3217 cm3Cylindrée
326 chPuissance
270 km/hVmax



Texte : Nicolas Fourny

Autos similaires en vente

Maserati 4200   0
Maserati 4200   1
Maserati 4200   2
Maserati 4200   3
Maserati 4200   4
Maserati 4200 Spyder 0
Maserati 4200 Spyder 1
Maserati 4200 Spyder 2
Maserati 4200 Spyder 3
Maserati 4200 Spyder 4
Maserati Granturismo   0
Maserati Granturismo   1
Maserati Granturismo   2
Maserati Granturismo   3
Maserati Granturismo   4
Maserati Granturismo   0
Maserati Granturismo   1
Maserati Granturismo   2
Maserati Granturismo   3
Maserati Granturismo   4

Carjager vous recommande

Maserati Ghibli II : l’anti M3 italienne
PAUL CLÉMENT-COLLIN / 05 août 2022

Maserati Ghibli II : l’anti M3 italienne

En ce début d’année 1993, la référence en matière d’automobile compacte à haute performance, c’est la BMW « E36 » M3, avec son 6 cylindres en ligne de 3 litres et ses 286 ch (lire aussi: BMW M3 E36). Pas de doute (et cela se confirmera), cette Béhème tiendra le haut du pavé pendant longtemps.
ITALIENNE
MASERATI
Maserati Quattroporte IV : la discrète
Paul Clément-Collin / 01 août 2022

Maserati Quattroporte IV : la discrète

Dans la série des berlines au tempérament de feu caché sous une robe discrète et élégante, on trouve la Maserati Quattroporte IV. Cette ultime berline avant la prise de contrôle total de Ferrari est l’aboutissement de la lignée des célèbres « Biturbo », débutée en 1981 (lire aussi: Maserati Biturbo).
ITALIENNE
MASERATI
YOUNGTIMERS
Maserati Quattroporte II : la scoumoune française du haut de gamme
Paul Clément-Collin / 01 août 2022

Maserati Quattroporte II : la scoumoune française du haut de gamme

A l’occasion d’un événement organisé par Pirelli, j’ai pu faire une petite balade en Champagne à bord, notamment, d’une Maserati Ghibli S Q4. Car si certains constructeurs de voiture de sport sont venus assez tard aux berlines 4 portes (Porsche Panamera, Aston Martin Rapide), le constructeur au trident, lui, produit des berlines depuis 1963. Et si la Ghibli III usurpe un peu son nom (les Ghibli I et II étaient des coupés), elle reste dans la tradition de la maison modénaise ! Bref, au volant de mon italienne, je me disais qu’il me serait difficile d’en faire un vrai compte rendu, ne l’ayant conduit qu’une petite heure… Mais en voyant défiler la campagne française, elle me fit penser à une autre Maserati, bien plus rare, avec 4 portes elle aussi, et aux accents particulièrement français justement : la Quattroporte II.
CLASSICS
FRANÇAISE
ITALIENNE
Maserati Quattroporte III Royale : débauche de luxe
PAUL CLÉMENT-COLLIN / 14 janv. 2020

Maserati Quattroporte III Royale : débauche de luxe

La présentation à la presse d’une nouvelle finition appelée Royale sur les Maserati Quattroporte VI, Ghibli III et Levante m’oblige à revenir sur celle qui fut l’ultime évolution de la Quattroporte III, et sans doute la plus luxueuse hors commande spéciale, elle aussi dénommée Royale. Plus luxueuse, plus puissante, plus exclusive et aujourd’hui plus rare, la Maserati Quattroporte III Royale offrait un dernier feu d’artifice à ses clients avant de tirer sa révérence.
BERLINE
ITALIENNE
MASERATI
Maserati Biturbo : toute l’Italie dans une voiture
PAUL CLÉMENT-COLLIN / 12 avr. 2019

Maserati Biturbo : toute l’Italie dans une voiture

La Biturbo n’est certes pas la plus prestigieuse des Maserati, mais elle est assez symbolique de la production italienne des années 80, cherchant à résoudre la quadrature du cercle automobile : offrir luxe et performance tout en restant accessible (financièrement et fiscalement). La Biturbo doit aussi préserver Maserati d’une éventuelle faillite grâce à ses volumes de production. Tous les ingrédients sont présents ici pour une histoire automobile passionnante.
COUPÉ
ITALIENNE
MASERATI
Maserati-Opac Spyder : né des amours d'une Shamal et d'un Spyder
PAUL CLÉMENT-COLLIN / 03 juil. 2017

Maserati-Opac Spyder : né des amours d'une Shamal et d'un Spyder

Si vous me permettez un mauvais jeu de mot, c’est une histoire assez opaque que je vais vous raconter : celle du Spyder Maserati Opac, présenté en deux temps en 1992 à au Salon de Turin, puis en 1994, toujours à Turin, avec une nouvelle configuration « hard top ». Voici son histoire grâce aux éléments que j’ai pu glaner de ci de là.
CABRIOLET
ITALIENNE
MASERATI
Maserati Ghibli III : une trop brève rencontre !
PAUL CLÉMENT-COLLIN / 03 juin 2016

Maserati Ghibli III : une trop brève rencontre !

En montant dans ma Maserati Ghibli III pour une petite balade en Champagne sous l’égide de Pirelli, je n’avais pas vraiment fait attention au modèle qu’on me confiait. Un peu pressés par le temps, mon acolyte Julien, rédacteur en chef du magazine Champion, et moi-même nous sommes demandés tout au long de la route quel modèle nous avions exactement. Au bruit, ce n’était sûrement pas un diesel, mais la relative placidité du moteur ne laissait pas prévoir autant de chevaux sous le capot.
BERLINE
ITALIENNE
MASERATI
Caisse de lecteur: la Maserati Quattroporte IV de Kim !
PAUL CLÉMENT-COLLIN / 04 avr. 2016

Caisse de lecteur: la Maserati Quattroporte IV de Kim !

Le monde est parfois petit. Kim est lecteur de Boîtier Rouge, mais il se trouve que, par le plus grand des hasards, il connaît aussi mon beau-frère qui, comme lui, aime les belles bagnoles (lire aussi: Jaguar 240). Alors forcément, lorsqu’il me parle de sa Maserati Quattoporte IV (qui faisait partie de ma short list avant d’acheter la Saab, lire aussi: Saab 9-5 V6 Griffin), le l’invite pour une « caisse de lecteur » !
BERLINE
ITALIENNE
MASERATI
Maserati 3200 GT: le trait d'union !
PAUL CLÉMENT-COLLIN / 07 févr. 2016

Maserati 3200 GT: le trait d'union !

La Maserati 3200 GT est une voiture charnière pour la marque au Trident. Née sous l’ère Ferrari, prémice du renouveau de Maserati, elle n’en est pas moins liée au passé, et particulièrement à la Biturbo si décriée. En exagérant un peu (mais je ne suis pas si loin de la vérité), la 3200 GT n’est rien de moins qu’une Maserati Shamal évoluée (pour son V8, lire aussi : Maserati Shamal), sur un châssis proche de celui de la Quattroporte IV (lire aussi : Maserati Quattroporte IV) à l’empattement plus long (oui oui!) permettant à ce coupé Grand Tourisme d’offrir 4 vraies places !
COUPÉ
ITALIENNE
MASERATI

Vendre avec CarJager ?

Voir toutes nos offres de vente