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Peugeot 505 4×4 Dangel : la familiale tout-terrain
PAUL CLÉMENT-COLLIN - 2 août 2022Si pour beaucoup d’amateurs d’automobiles, le 4×4 ultime français, c’est la Peugeot 504 Dangel en version pick up ou break, pour moi, c’est une autre production du constructeur alsacien qui me paraît le must have du tout-terrain : la 505 4×4 Dangel Break.
Même si j’ai roulé étant petit dans de nombreuses 504 (en simple propulsion), la 505 (dans laquelle j’ai aussi beaucoup roulé pour rejoindre les pistes de ski de Montgenèvre ou Serre Chevalier) avait tout de même mes faveurs (et les a conservé depuis) tant je trouvais sa ligne autrement plus moderne et dans le coup. C’était l’époque ou Peugeot faisait évoluer ses modèles pas petites touches, comme BMW, passant de la 204 à la 304, ou de la 504 à la 505, avec justesse et tradition.
Comme j’ai eu l’occasion de tester en début d’année la Peugeot 508 RXH (4 roues motrices donc), je ne pouvais pas oublier la 505 Dangel 4×4 dans le bestiaire insolite de Boîtier Rouge. Car inévitablement, avec sa nouvelle calandre, la 508 me fait penser aux 504 et 505, en plus moderne et plus fine. Alors en break et 4×4, c’est obligatoirement à Dangel que l’on pense.
Henri Dangel est l’inventeur d’un système de transmission, dans les années 70, transformant les Peugeot propulsion à moteur avant en tout-terrain à transmission intégrale permanente (mais avec vitesses longues ou courtes). La firme de Sochaux est très intéressée par ces travaux, car elle n’est pas vraiment en pointe sur la transmission intégrale, c’est le moins qu’on puisse dire. A tel point qu’elle devra s’associer à Mercedes et Steyr Puch pour proposer un 4×4 « français » à l’armée de Terre (lire aussi : Peugeot P4).
La proposition de Dangel tombe donc bien, et Peugeot l’encourage à créer Dangel Automobiles en 1980. Il s’attaque alors à transformer les 504 Pick up (de 1981 à 1983) et 504 Break (de 1981 à 1985). A l’époque, le marché n’est pas encore ce qu’il est aujourd’hui. Les acheteurs de 4×4 sont soit des baroudeurs, soit des entreprises, administrations, artisans ou agriculteurs en zones difficilement accessibles. Les chiffres de production sont donc modestes (3168 pick up et 1142 breaks, autant dire pas grand chose). Rien n’incite Peugeot à changer une méthode qui gagne, et les concessions de la marque propose la version Dangel comme une lionne officielle.
La DDE, EDF ou la Gendarmerie seront des grands clients de Dangel. L’arrêt de la 504 en 1985 laisse la place à la 505, qui ne sera, elle, proposée qu’en version break. Comme sa sœurs 504, la 505 se pare d’un look « américain » avec sa garde au sol rehaussée qui lui donne un look de Monster Truck. Disponible quasiment en toutes les versions de finition ou de motorisation, elle sera cependant essentiellement diffusée en version 2 litres essence (entre 96 et 110 chevaux selon les versions) ou 2,3 et 2,5 litres diesel (entre 70 et 110 ch). On parle pourtant d’un exemplaire livré avec un moteur de GTI et la finition éponyme.
La 505, avec sa contenance (en break) allant jusqu’à 7 places, et ses capacités de franchissement, est une alternative, dans sa version Dangel, aux 4×4 japonais ou anglais commençant à déferler sur le territoire. Elle pâtit cependant de ce qui fait son charme aujourd’hui : son look franchouillard et d’être dérivée d’une break classique. Pourtant, comme la 504, elle a une bonne gueule de franchisseuse, qui la rend particulièrement sexy aujourd’hui. Et je ne suis pas un pro du tout terrain, mais il semblerait que la 505 se démerdait plutôt pas mal dans les chemins boueux, et soutenait largement la comparaison avec des 4×4 purs et durs. Sans doute est-ce parce que Dangel était un bon cache-misère que Peugeot n’a jamais pris le temps de se pencher sur la question, devant alors se tourner vers un partenaire japonais (Mitsubishi) à l’heure de proposer un SUV 4×4 dans sa gamme !
Elle sera produite de 1986 à 1994, date de la fin de production des versions break de la 505 par Peugeot. Je n’ai pas les chiffres exacts, mais on parle d’environ 5000 exemplaires en tout et pour tout (dont seulement deux en conduite à droite, aujourd’hui en France pour l’un, rouge, et au Portugal pour l’autre, gris). On en trouve sur le bon coin à des tarifs tout à fait acceptable (entre 3 et 7 000 euros en fonction de l’état), mais tous avec plus de 200 000 km au compteur. Mais rassurez-vous, les bestioles sont robustes et dans la grande tradition africaine de Peugeot. Alors pourquoi ne pas se laisser tenter par un véhicule vraiment original et attachant en même temps !
3 à 7000 € sur Le Bon Coin, je crois qu’on est à des années-lumière du prix pratiqué.