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Jensen SV8 : l'ultime tentative
PAUL CLÉMENT-COLLIN - 4 août 2014La lecture du magazine Octane daté de Juillet/Août 2014 (ndlr: depuis l’eau a coulé sous les ponts) m’a fait remettre à plus tard l’article que j’avais en tête pour mon retour de vacances : leur excellent article sur la Jensen Interceptor m’a coupé l’herbe sous le pieds (ndlr: depuis, je l’ai écrit, lire aussi: Jensen Interceptor et FF). Déjà le mois dernier j’avais découvert dans Auto Rétro un article sur la Monica quelques jours après en avoir écrit un moi-même (lire aussi : Monica 560).
Décidé à parler de cette marque anglaise que j’affectionne malgré ce contre-temps, j’ai pris le parti de vous parler de l’un de ses modèles les plus rares, fruit d’une de ses nombreuses renaissances : la Jensen SV8. La marque avait cessé une première fois son activité en 1976, pour renaître en 1981. Mais à peine quelques unités de l’Interceptor (environ 20) furent fabriquées avec un arrière légèrement remanié, avant une nouvelle faillite en 1988.
En 1998 pourtant, Jensen renaissait à nouveau grâce à un groupe d’investisseurs qui mit au pot 10 millions de £. Au salon de Birmingham, un roadster totalement inédit était présenté au public, évoquant non pas l’emblématique Interceptor, mais la CV8 qui lui précédait. Cela se voit particulièrement au dessin des phares avant (lire ausi: Jensen CV8).
La SV8 n’est pas à proprement parlé belle, mais joue habilement sur les codes stylistiques de Jensen, et propose la force brutale d’un V8 de Ford Mustang sous le capot, perpétuant la tradition de coupé de luxe anglais motorisé par un gros moteur américain (mais délaissant Chrysler): l’alliance de la finesse britannique et de la puissance US. Ce 4,6 litres ricain propose 325 canassons pour propulser ce nouveau roadster.
A l’époque de sa présentation, Jensen affirmait avoir reçu 300 commandes. Mais la mise en production n’interviendra pas avant 2001. Il faut croire que les nouveaux dirigeants de Jensen étaient un peu trop enthousiastes. La SV8 est proposée à 40 000 £, pour une finition très artisanale. Les clients ne seront plus aussi nombreux que prévu lors de sa commercialisation. Après 20 exemplaires fabriqués, Jensen fait faillite en 2002. La fabrication des SV8 continuera encore grâce à une nouvelle société, SV Automobive. Ainsi, 12 exemplaires seront fabriqués en 2003 sur la base des exemplaires en cours de montage lors de la faillite de Jensen.
Une version coupé, rappellant un peu l’Interceptor fût proposée en 2000, mais restera à l’état de prototype unique. Cet exemplaire était à vendre en 2011 sur ebay, dans un état plus que déplorable, au prix de 12 500 £. Depuis la troisième mort de Jensen, des projets de relance de la marque furent évoqués, sans jamais aboutir vraiment. La société CPP de Coventry, propriété du sulfureux homme d’affaire russe Antonov (que l’on retrouvera lié à Spyker et à la reprise de Saab) proposera même un dessin séduisant, évocateur de la fameuse Interceptor : sans suite !
La CV8 Concept telle qu’elle fut présentée (en haut) et telle qu’elle fut vendue sur Ebay (en bas) ! 
Dommage car, tout comme Bristol dont l’activité est aujourd’hui en sommeil (même si la concession de Kensington High Street fonctionne toujours, lire aussi: Bristol Blenheim), Jensen faisait partie du patrimoine automobile britannique. Outre les emblématiques CV8 et Interceptor, Jensen fabriqua aussi avec Healey le fameux roadster Jensen-Healey et sa déclinaison coupé GT. C’est aussi la firme britannique qui fabriqua les premiers exemplaires de la Volvo P1800 (lire aussi : Volvo P1800). Désormais, la marque semble bien installée au cimetière des vieilles gloires d’antan.
