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Bristol 412 : exquis, baroque et rare !
PAUL CLÉMENT-COLLIN - 11 févr. 2015Si vous lisez Boîtier Rouge depuis le début, vous connaissez alors mes penchants pour la marque britannique Bristol (lire aussi : Bristol Fighter). Vous connaissez aussi mon admiration pour le carrossier italien Zagato (malgré quelques ratés qui lui donnent encore plus de charme). Aussi, lorsque un modèle réunit le blason de l’un et la signature de l’autre, je ne pouvais que l’admirer, le désirer, et vous le présenter in fine !
La Bristol 412 (et ses dérivés Beaufighter et Beaufort), réunit ces conditions : le nom illustre du fabricant de bombardier de la seconde guerre mondiale, reconverti dans l’automobile après-guerre grâce à des licenses BMW récupérées comme dommage de guerre, et le dessin toujours étonnant du sorcier italien. Le résultat est surprenant, dérangeant parfois, mais hautement désirable. En tout cas il répond à mes exigences d’élégance, d’originalité, et d’exclusivité. Et puis cette rencontre entre l’élégance discrète à l’anglaise, et l’excentricité italienne, a priori contre-nature, me plaît assez, je l’avoue.
Ce mariage contre-nature a priori n’est en fait pas un hasard. Anthony Crooks devient le nouveau propriétaire de la division automobile de Bristol en 1973. Auparavant, il en était l’un des 27 concessionnaires officiels de la marque au Royaume-Uni, mais pas seulement : il distribua des Ford, des Simca, des Aston Martin et des Lagonda… Mais pas que !!! Il distribuait aussi les produits Zagato. Une fois aux manettes de la vénérable firme, Tony Crooks n’oublia pas le carrossier italien.
Depuis 1969, Bristol ne produit qu’un seul modèle, la 411, au design fluide, mais vieillissant. Sur cette base, Crooks decide de renouveler le genre, en proposant un modèle au style novateur, et proposant à sa clientèle britannique si traditionnelle un nouveau genre initié par Porsche : le « targa ». Nous sommes dans les années 70, et les lignes carrées et tendues remplacent petit à petit le style plus rond des années 60, et la 412, née en 1975 (comme moi, c’est un signe), n’y échappe pas ! En fait de targa, on pourrait plutôt parler d’un style « landaulet » (à la façon de Baur, lire aussi : Baur), ou d’un cabriolet avec arceau.
Sous le capot, Bristol reste fidèle au big block Chrysler « B Series », un V8 de 6,3 litres (puis 5,9 litres pour la Série 2). A l’intérieur, c’est toujours le grand luxe à l’anglaise. Bristol oblige, la production restera confidentielle, mais sera d’une grande longévité. Lancée en 1975, la 412 sera produite jusqu’en 1993, sous le nom de 412 S1, puis 412 S2 (série 2), puis Beaufighter à partir de 1982. Bristol envisagea un temps de conquérir l’Amérique avec ce modèle, en lançant un modèle dénommé 412 USA, sans succès : seuls deux exemplaires furent fabriqués !
Sous le nom de Beaufort, on trouve une version cabriolet sans arceau rarissime puisqu’un seul exemplaire sera construit ! Plus rare tu meurs ! Au total, on dénombre à peine 88 exemplaires de la 412 et ses dérivés produits entre 1975 et 1993 (même si Tony Crooks, récemment décédé, parlait lui de 100 exemplaires) : 24 ex de la S1, 34 de la S2, 2 ex de la 412 USA, 27 Beaufighter et 1 Beaufort. Autant dire qu’on rentre dans le domaine de l’exclusivité. C’est autre chose qu’une banale Rolls Royce non ?
Seules 67 survivantes sont recensées (soit 76 % de la production), aussi il faudra vous armer de patience pour en trouver une. Cela dit, vous pouvez toujours vous rendre à Londres à l’unique concession Bristol (qui sert de siège social) à l’angle de Kensington High Street et de Holland Road : on y vend encore des modèles d’occasion, en attendant la relance de la marque. On en dénombrait qu’un seul à vendre récemment, mais le modèle est couru et donc déjà vendu ! Mais vous pouvez toujours vous rendre sur le site de la marque surveiller les modèles d’occasion proposés : http://www.bristolcars.co.uk/