Peugeot Quasar : l'ambition retrouvée d'une marque moribonde 3 ans plus tôt
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Peugeot Quasar : l'ambition retrouvée d'une marque moribonde 3 ans plus tôt

Par PAR PAUL CLÉMENT-COLLIN - 20/10/2018

Que fait une marque qui, revenue de l’enfer et d’une faillite quasi certaine, retrouve une santé presque insolente grâce à un ou deux modèles emblématiques ? Généralement, elle gonfle un peu les muscles en présentant au public et à ses concurrents son ambition retrouvée avec un concept-car épatant la galerie. C’est en tout cas ce qu’a fait Peugeot au Mondial de l’auto 2018 en dévoilant son concept e-Legend. Une situation qui n’est pas sans rappeler 1984 et la présentation de la Peugeot Quasar, malgré quelques différences.

En 2012, on ne donnait pas cher de PSA. L’entreprise cramait le cash à une vitesse vertigineuse, et la famille Peugeot n’avait pas les moyens de colmater les brèches. L’eau entrait de toutes parts, conséquence d’une crise de 2008 à retardement, ainsi que d’une crise de gouvernance à l’époque où de grandes décisions auraient du être prises (Christian Streif, victime d’un AVC, fut un temps « out » avant que Philippe Varin ne prenne la relève). Malgré des décisions intéressantes (dont on voit les effets aujourd’hui, Tavares n’a pas tout fait tout seul, Varin avait grandement préparé le terrain), 2012 fut une annus horribilis. Pour sauver Peugeot et l’industrie automobile française, l’Etat va pour la première fois investir au sein de PSA, malgré les réticences de la famille Peugeot, chantre de l’entreprise privée, aux côtés de Dongfeng, à parts égales. Varin laissera sa place à Tavares, qui poursuivra l’œuvre tout en apportant sa science du cost-killing et son amour de la bagnole : en septembre 2018, PSA dépasse en part de marché Volkswagen Group (bien aidé en cela par son adéquation avec les nouvelles normes WLTP), après avoir cartonné avec le duo 3008/5008, lancé la 508, progressé dans la qualité de fabrication, au point de tutoyer le « premium », et s’être offert en proie facile un Opel en difficulté depuis plus de 20 ans chez GM, et pourtant redressé avec deux ans d’avance sur le plan prévu (semble-t-il). Pour célébrer ses nouvelles ambitions, Peugeot présentait donc en octobre un concept plein d’ambition, de confiance, et de nostalgie en même temps : l’e-Legend, vedette du Mondial de l’auto !

En 1984, les choses étaient un poil différentes, mais on peut y voir des parallèles ! Au tout début des années 80, Peugeot est quasiment en faillite, après avoir racheté Chrysler Europe au mauvais moment (mais qui pouvait le prévoir?) : la seconde crise pétrolière couplée aux difficultés d’intégration des équipes et usines Simca/Rootes/Barreiros, ainsi qu’une gamme sur les 3 marques (Peugeot, Citroën et Talbot) plutôt vieillotte, risquaient de faire couler l’éphémère 1er constructeur européen ! En 1981, PSA n’était plus que l’ombre de lui-même. Pourtant, deux projets vont sauver in extremis le groupe français : la Citroën BX d’une part (on l’oublie un peu trop souvent) et la Peugeot 205, toutes les deux débutant leur production en 1982. Le miracle se produisit : en moins de deux ans, le succès spectaculaire de ces deux best-sellers feront ressortir le Lion du rouge, au point de sortir les griffes à nouveau au Mondial de l’Auto 1984 avec la Quasar.

Le succès de Peugeot ne résultait pas que des ventes : les succès sportifs, avec Jean Todt à la baguette et la 205 Turbo 16 en Groupe B, étaient là pour prouver que les choses étaient sérieuses. Peugeot comptait bien jouer un rôle, à terme, dans le domaine de la sportivité, toute la sportivité. Et contrairement à l’e-Legend d’aujourd’hui, la Quasar d’hier se voulait résolument futuriste ! Tenez-vous bien, elle pouvait lire sur son écran à cristaux liquides conçu par Clarion les telex (l’ancêtre du fax) et le Télétel (l’ancêtre du Minitel) : bon ok ça fait sourire, mais à l’époque, c’était le top du top, et l’internet n’était qu’un vague truc militaire américain ! Et puis, ça c’était pour épater la galerie, le tout intégré dans un intérieur dessiné par Paul Bracq et tout de cuir rouge tendu !

L’intérêt est ailleurs : la Quasar est issue de la compétition… enfin DES compétitions ! De la Formule 1 (oui, PSA était présent en F1 au début des 80’s sous l’étiquette Talbot, dont voici l’histoire), la Quasar récupérait le complexe système de suspension ; du Rallye Groupe B, elle récupérait la transmission intégrale de la 205 T16, ainsi que le 1.8 litres Turbo poussé (selon Peugeot, c’était un concept car, qu’en est-il en réalité ?) jusqu’à 600 chevaux. La ligne, signée Gérard Welter (le Gilles Vidal de l’époque), était elle aussi futuriste : un avant très plongeant, un arrière ouvert à tous vent. Avec le recul, on reconnaît quelques tendances à venir : les phares certes très effilés, anticipent ceux de la 605, tout comme la calandre ; les jantes aussi, dites « turbine », ressemblent à s’y méprendre à celles de la future SV24 ! A l’arrière, on reconnaît les feux de la 205.

La Quasar n’était qu’un instantané du Peugeot de 1984 et de ses ambitions, ambitions qui seront prolongées ensuite par la Proxima en 1986 et surtout l’étonnant Oxia en 1988. La Proxima restera plus anonyme dans les esprits, quand Quasar et Oxia marquèrent les esprits des gamins de l’époque. A voir ces concepts, on croyait déjà Peugeot maître du monde (de nos yeux d’enfants, hein, on était loin de se douter des enjeux), surtout que la marque s’offrait le Rallye, puis le Rallye Raid, puis l’Endurance, comme si tout était normal! Il en reste aujourd’hui beaucoup de nostalgie, et un concept encore très beau, et pas si daté que cela ! A voir au Musée de l’Aventure Peugeot aujourd’hui !


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