Citroën DS 21 Chapron présidentielle : la limousine de la démesure
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Citroën DS 21 Chapron présidentielle : la limousine de la démesure

Par PAUL CLÉMENT-COLLIN - 03/08/2022

En 1968, une étrange limousine prenait place dans le garage du palais de l’Élysée, immatriculée 1 PR 75. Malgré quelques points de ressemblance, difficile d’imaginer qu’il s’agissait d’une DS tant la voiture avait pris de la hauteur, de la longueur et même de la largeur. Sortie des ateliers de Henri Chapron, la Citroën DS 21 présidentielle se distinguait du commun des mortels. Fruit des désirs du Général de Gaulle, cette limousine d’apparat aura pourtant une très courte carrière officielle, mais se trouve aujourd’hui amoureusement conservée au Conservatoire Citroën.

La 15/6 H carrossée par Chapron pour René Coty, et utilisée par la suite, ponctuellement, par de Gaulle.

Dix ans plus tôt, en 1958, Charles de Gaulle revenait sur le devant de la scène après une longue traversée du désert pour devenir Président du Conseil puis, avec la création de la Vème République, Président de la République. Dans les garages de l’Élysée, on trouvait alors une 15/6 H limousine carrossée par Franay (2 PR 75), mais aussi un cabriolet d’apparat, lui aussi sur base 15/6 H (1 PR 75), mais de Gaulle préférait utiliser une Citroën DS 19 classique, choix plus modeste mais pourtant judicieux : c’est grâce à cette dernière que le Président sortira indemne de l’attentat du Petit Clamart malgré ses pneus crevés. Une belle frayeur pour Yvonne de Gaulle, mais une belle publicité pour Citroën, sa tenue de route et sa suspension hydraulique.

La DS officielle du Général de Gaulle, immatriculée 3 PR 75 (en haut) et celle du Petit Clamart (en bas)

Une DS d’apparat pour le Général de Gaulle

Si de Gaulle affectionnait ses “DS” classiques pour ses déplacements personnels, il rêvait d’un véhicule plus protocolaire, basé sur la berline Citroën, pour remplacer notamment la vieille limousine Franay. Alors qu’il avait engagé la France sur la voie du modernisme et de l’indépendance, il désirait un véhicule symbolisant la grandeur du pays. Dès 1962, le carrossier Henri Chapron fut donc mandaté pour réaliser ce véhicule hors-norme, avec une exigence particulière : la voiture devait être plus longue que celle du président américain. En outre, elle devait offrir plus de place en hauteur qu’une DS classique dans laquelle le Général se sentait engoncé, avec son 1,96 mètre !

Le projet n’allait pourtant pas s’exécuter rapidement. Malgré cette commande précoce, les études ne commencèrent vraiment qu’en 1965. Pour base, les hommes de Chapron piochèrent le haut de gamme du catalogue Citroën d’alors, une DS 21 dotée d’un 4 cylindres de 2 175 cc et développant 109 chevaux : le must de l’époque. La future voiture présidentielle récupérait ainsi la fameuse suspension hydraulique Citroën, mais elle allait ensuite s’éloigner de la voiture donneuse en récupérant des dimensions gigantesques : 6,53 mètres de long (contre 4,8 mètres pour la DS 21 d’origine), 2,13 mètres de large (contre 1,79 mètre) et 1,6 mètre de hauteur (contre 1,47 mètre). Avec une vitesse de pointe de 130 km/h, il ne s’agissait pas d’une sportive : de toute façon, elle était taillée pour le défilé, avec une boîte de vitesses spécifique permettant de rouler au pas de longues heures durant.

Elle n’est pas moche, elle n’a pas un physique facile, c’est différent

Pour le style, Chapron fit appel à Robert Opron et Henri Dargent, lesquels réalisèrent une oeuvre étonnante. Si l’on retrouve bien quelques traits de DS, la voiture s’avère totalement différente, sorte de caricature excentrique et mal proportionnée. Car c’est bien cela qui choque le plus quand on la voit en vrai : sa taille démesurée, sa lourdeur (au sens propre comme au figuré puisque la bête pèse 2 660 kg, presque le double de la DS 21 “usine”). La DS 21 Présidentielle signée Chapron n’est pas moche, mais elle n’a pas un physique facile. Pour l’intérieur, Yvonne de Gaulle s’impliqua personnellement pour choisir les teintes de cuir ou les moquettes : résultat, le mobilier est chic et de bon goût, détonnant presque avec l’extérieur baroque et mal proportionné. Une chose était sûre : son président de mari allait pouvoir rouler confortablement et discuter discrètement avec ses interlocuteurs grâce à la vitre séparant les places arrière de celle du chauffeur.

Une très courte carrière officielle

Il faudra trois années pour réaliser cette limousine d’apparat. Livrée en 1968, elle récupéra l’immatriculation 1 PR 75 du cabriolet 15/6 H Chapron (qui s’en vit attribuer une nouvelle, 7 PR 75). Malheureusement, la période tourmentée de mai rendit cette longue limousine un peu trop ostentatoire. Le Général l’aimait peu d’ailleurs, regrettant de ne pas pouvoir parler au chauffeur et préférant encore et toujours ses chères DS classiques. Il ne l’utilisera que trois fois avant de quitter le pouvoir (et notamment en février 1969 pour accueillir Nixon). Georges Pompidou, qui lui succéda, ne l’aima pas non plus : grand amateur de voitures, il la trouvait particulièrement disgracieuse et commanda derechef une nouvelle voiture d’apparat à Chapron sur une base plus moderne, la Citroën SM. Il ne l’utilisera lui aussi que trois fois. Une fois les SM présidentielles livrées, la DS 21 Présidentielle Chapron fut revendue à un collectionneur puis récupérée par le Conservatoire Citroën qui la conserve pieusement aujourd’hui.

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