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Autobianchi A112 Giovani : tête au carré
PAUL CLÉMENT-COLLIN - 7 oct. 2014Ce qu’il y a d’amusant avec l’automobile, c’est que le sujet semble infini. A chaque article, je me sens l’âme d’un généalogiste. Partant sur une idée, une piste, on rebondit sur d’autres, et je prends des notes à chaque recherche, sachant qu’il va falloir m’attaquer à une nouvelle branche de la famille, ou m’intéresser à une famille concurrente… J’aime ces rebondissements, et c’est d’ailleurs pour cela que je prends plaisir à écrire sur ce blog. J’ai des idées, un programme d’article, et puis tout est chamboulé parce qu’un modèle me fait de l’oeil, parce que j’ai lu quelque chose…
En réalisant l’article sur l’Autobianchi A112 Abarth (lire aussi : Autobianchi A112 Abarth), je suis tombé sur le prototype Giovani, présenté en 1973, et j’en suis resté baba. On ne reconnaît plus rien de l’A112, mises à part les dimensions. Une sorte de Meyers Manx (lire aussi : Meyers Manx) avec la tête au carré. Car avec ce proto dessiné par Diego Ottina, de chez Pininfarina, on est loin des rondeurs du dune buggy californien. Pour information, Diego Ottina créa ensuite les dessins de la Testarossa (lire aussi : Ferrari Testarossa) et de la berline Pinin (lire aussi : Ferrari Pinin).
Mais en 1973, Ottina n’en est pas encore là, et avant de s’attaquer à Ferrari, c’est sur Autobianchi qu’il se fait la main. Ce petit buggy est, comme son nom l’indique, destiné aux jeunes, mais restera un prototype unique basé sur l’A112 Abarth 58 hp. Dommage car son look est vraiment original, une sorte d’extrapolation du logo d’Autobianchi à l’échelle d’une voiture, à base de triangle et d’arrêtes vives, accentuées par la peinture tricolore orange/blanche/noire. A l’arrivée, on a droit à un étonnant mélange de modernisme comme on savait le faire dans les 70’s, et de rétro grâce à sa peinture qui lui créé un profil d’ancienne. Etonnant !
A la vue de l’Autobianchi Giovani, on sent d’emblée qu’il s’agit d’un véhicule d’image, et qu’aucun responsable digne de ce nom n’avait pensé à le commercialiser un jour : un style particulier (mais que j’aime assez j’avoue), seulement deux places, un côté buggy par sa garde au sol importante (sans pour autant disposer d’une transmission intégrale, ne rêvons pas), intérieur « skaïe orange » flashy, à tel point qu’on croirait que trois tabourets démontables orange, comme on en a tous connu dans notre enfance, sont soigneusement rangés dans le coffre.
Cette voiture n’est pas si marquante que ça dans l’histoire automobile, mais elle a un je ne sais quoi de mon enfance, alors que je la découvre aujourd’hui… Ses formes, ses couleurs, me rappellent ces immeubles modernes de Boulogne Billancourt fin 70 début 80, avec des fenêtre rondes, de la moquette marron façon velours jusqu’à mi-hauteur des murs, des papiers-peints du même acabit, à base de blanc, noir, marron et orange. Elle me rappelle ces fameux tabourets, les poufs, les luminaires bombés, les serviettes marrons et orange restées des années après dans le tiroir de la cuisine familiale (et encore aujourd’hui!!!), et surtout elle me rappelle cette visite en 1982 je crois, à la Gare de Lyon, avec mon père, pour aller juste admirer ces fabuleux TGV oranges eux aussi… Les TGV ne sont plus oranges, et mon père n’est plus là, mais il reste les souvenirs, et elle les ravive !!!