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Citroën C4 Cactus 2018 : difficile équilibre entre originalité et consensus

Par PAUL CLÉMENT-COLLIN - 28/10/2017

Depuis la présentation de la nouvelle mouture (à paraître en 2018) du C4 Cactus, je lis tout et son contraire à son sujet comme au sujet du précédent opus de 2014, et j’avoue avoir besoin de faire le point, tant sur le nouveau que sur l’ancien Citroën C4 Cactus.

Non Boîtier Rouge ne devient pas un site généraliste, comme il n’a jamais été un site « spécialisé » dans l’ancienne. Comme d’habitude, nous nous focalisons sur l’Automobile Autrement, comme le précise notre base-line depuis 2014. Né en même temps que le C4 Cactus, BR ne pouvait laisser passer ce pari fait par Citroën en osant un « truc » différent sans en parler puis en reparler.

En haut, l’ancien Cactus, et en bas le nouveau…

En 2014, nous faisions ce titre : « ça passe ou ça casse » (lire aussi : C4 Cactus, ça passe ou ça casse). En 2015, nous testions la bête, ressortant globalement séduit par ce Cactus malgré ses défauts (lire aussi : C4 Cactus, la prime à l’originalité). Une chose se dégageait : nous avions apprécié l’audace de Citroën à proposer quelque chose de nouveau, distordant les codes du SUV pour se les réapproprier. C’était finalement très en phase avec l’idée qu’on se faisait des chevrons. C’était osé aussi, et le résultat mitigé 4 ans après prouve l’éternel problème de la marque en milieu de gamme. 212 000 exemplaires vendus en 4 ans, c’est beaucoup moins qu’attendu certes, sans pour autant sonner la défaite.

En haut, le nouveau Cactus, en bas, l’ancien…

Alors que la tendance des marques françaises a souvent été de défaire tout ce qui avait été fait, Citroën pour une fois pousse son idée, tout en l’assagissant un petit peu. Les C3 et C3 Aircross, sorties cette année, avaient décliné en bas de la gamme le design inauguré par le Cactus, tout en l’améliorant. Il était logique que ce dernier soit mis au goût du jour. Et comme pour prouver le bien fondé de sa démarche tout en donnant une plus grande chance à son Cactus et en laissant le terrain de la berline « classique » à Peugeot et sa 308, Citroën envoie aux oubliettes sa C4 qui sans démériter manquait de sex-appeal dans la tradition de certaines compactes aux chevrons (ZX en tête).

Banale sans démériter, la C4 laisse sa place au Cactus seul désormais sur son segment

On peut ne pas aimer la nouvelle direction prise par Citroën, force est de constater qu’il y a là une certaine cohérence : adieu compactes ou berlines type C4 ou C5, plutôt bonnes routières mais sans image de marque (même pour cette excellente C5, dernière Citroën à suspension hydraulique), place à des voitures colorés, rondouillardes mais pas trop, typées loisir et fun, le fameux slogan « feel good ». Citroën se cherche une nouvelle jeunesse (il était temps, la marque est celle dont les acheteurs sont les plus vieux), et, quitte à désarçonner les « fidèles », s’engage vers la voie d’un certain renouveau (à défaut d’un renouveau certain).

Rome ne s’est pas faite en un jour, et le C4 Cactus 2018 n’étant qu’un restylage du Cactus 2014, il ne fallait pas s’attendre à la révolution. Comme attendu, c’est une évolution, en phase avec les nouveautés de la marque grâce à un design remis au goût du jour et à un positionnement plus « consensuel ». Les amateurs du premier Cactus (dont je fais partie) jugeront sans doute qu’il perd avec ses nouveaux atours beaucoup de son originalité (et de sa capacité de séduction) : pourtant, il faut se rendre à l’évidence, pour vendre aujourd’hui, il faut trouver l’équilibre parfait entre originalité et consensus… Autant dire qu’il s’agit de la quadrature du cercle !

L’intérieur change peu (en haut le nouveau, en bas l’ancien) et garde son charme, en espérant qu’il gagne en qualité

Avec des moyens restreints (cela se voit), Citroën a tenté d’atteindre cet équilibre : pour séduire plus largement, le Cactus se la joue moins SUV, moins baroudeur (ce qu’il n’était pas, de toute façon, dans les faits), perdant ses airbumps et ses barres de toit au profit d’un look plus typé berline. Mais de façon assez habile, il faut le dire, il garde un profil haut sur patte qui satisfera ceux qui veulent de la hauteur même en ville. En cela, il suit la tendance actuelle de certains SUV du segment inférieur, comme le Kia Stonic ou le Hyundai Kona, qui jouent sur les deux tableaux berline/SUV : le meilleur des deux mondes ?

Côté moteur, l’offre reste globalement la même, en essence comme en diesel (à peu de chose près). En essence, on aime ou pas les 3 cylindres : moi j’avais plutôt apprécié, avec un petit côté joueur et sportif (sans doute un peu fatiguant à la longue). En revanche, le Cactus innove (enfin, c’est ce qu’on nous dit) avec des suspensions à butée hydraulique (attention, rien à voir avec les sphères d’antan) améliorant le confort pour un coût bien moindre. Il faudra tester pour voir.

Côté design, la disparition des airbumps me titille un peu car c’était un élément distinctif et original, mais le rendu est assez séduisant sans aussi. La nouvelle calandre lui donne un air plus statutaire, moins jouet, et les feux arrières sont eux aussi plus « classe ». En gros, elle perd en fun, mais gagne en sérieux : le fameux rééquilibrage. A l’intérieur, le design est toujours aussi chouette et épuré, en espérant qu’il dure un peu plus sur le long terme que la première mouture qui vieillissait mal. La banquette arrière fractionnable (ouf) est là, mais les « meurtrières » à la place des vitres arrières aussi : pas sûr que les clients de la C4 classique s’y retrouvent sur ce coup là.

D’ailleurs, le vrai risque est là : pourquoi avoir sacrifier la C4 sur l’autel de la Cactus alors que deux modèles, à l’instar de C3 et C3 Aircross, auraient pu cohabiter. La C4 n’avait pas démérité avec plus de 450 000 exemplaires depuis 2010, malgré son côté passe-partout. Mais bon, c’est pas non plus beaucoup plus annuellement que le Cactus si on y réfléchit. De là à abandonner le terrain pour n’y laisser que le seul Cactus ?

Bref, ce nouveau Cactus laisse un sentiment mitigé : d’un côté Citroën lui redonne sa confiance au point de rayer du marché la C4, mais de l’autre, il rentre dans le rang, y compris vis à vis des petits C3/C3 Aircross, perdant son originalité qui faisait pourtant l’essentiel de son succès pour qui voulait rouler un tant soit peu décalé. Oui il est joliment dessiné, mais résultat, il devient terne, avec le cul encore plus entre deux chaises puisqu’il remplace deux modèles antinomiques répondant à deux attentes différentes. Mais d’une certaine manière, Citroën reste dans la tradition en ne sachant pas bien comment se positionner à ce niveau de gamme. Et comme la marque n’a plus droit au premium depuis le lancement de la marque DS, cela risque d’être le même topo en haut de gamme, avec juste un C5 Aircross un peu seul. Citroën n’étant pas ce qu’on appelle un spécialiste du SUV, ne disposant même pas de transmission intégrale pouvant légitimer ce positionnement (à moins que Dangel s’y colle, lire aussi : Dangel change de main), on peut se demander si tout cela est vraiment pertinent, le brio des deux nouveautés C3 ne suffisant pas à rendre l’ensemble cohérent. Verdict : peut mieux faire, mais semble avoir perdu sa boussole !

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