Lamborghini Urus 2018 : outrance et consternation !
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Lamborghini Urus 2018 : outrance et consternation !

Par Paul Clément-Collin - 05/12/2017

S’il y avait une marque de voitures sportives qui était légitime sur le marché des SUV, c’était bien Lamborghini qui, dès les années 80, enchantait les gamins avec son LM002. Avec un tel passé, renforcé par les origines agricoles de la marque au taureau, il y avait moyen d’épater la galerie et de ridiculiser les Cayenne, Macan, Bentayga, ou autres F-Pace et E-Pace. En 2012, Lambo nous offrait des images d’un premier Urus au look sportif, mais déjà un poil décevant. Pour 2018, la petite marque italienne passée dans le giron d’Audi en 1998 nous pond un Urus deuxième du nom qui laisse pantois l’observateur.

Lamborghini avait un passé à explorer en lançant son SUV, grâce au LM002 des années 80. Au lieu de cela…

Le premier mot qui m’est venu à la bouche en observant les images de cet Urus 2018 ? « Consternant ». Oui, autant le dire tout de suite, c’est la consternation devant un tel design. Attention, je suis totalement pour les audaces stylistiques, qui sortent des sentiers battus, mais là, comment dire ? Là, ce n’est pas de l’audace, mais de l’outrance: c’est trop, cela ne ressemble à rien, on use et abuse des effets stylistiques pour faire sportif, musclé, affûté et finalement, c’est comme une femme trop maquillé : c’est too much, c’est vulgaire, c’est m’as-tu-vu, au point de faire passer le Cayenne pour une voiture élégante, sobre et équilibrée, c’est dire !

L’Urus 2018 fait donc dans l’outrance, comme si la voiture était déjà passée chez un préparateur allemand avant livraison à l’avant-centre décérébré d’une quelconque équipe bling bling de football. Ou comment tuer le métier du mauvais goût en pondant dès le départ un truc surchargé : que voulez-vous rajouter à cela pour satisfaire les nouveaux riches en manque de repères stylistiques? Est-ce parce qu’on arrive en dernier sur le marché qu’on se doit d’en faire des caisses ?

Observez bien chacune des photos de cet Urus : de face, de profil, de ¾ arrière ou avant, partout les lignes sont appuyées, ça part dans tout les sens, on rajoute des couches, des calandres, des spoilers, des flancs creusés, des passages de roues bien trop prononcés (seul petit clin d’oeil à la LM002 d’ailleurs), rien n’est simple, on s’y perd, et au final, cela ne ressemble à rien.

Si au moins, Lamborghini était allé vraiment dans le délire d’un LM002 du 21ème siècle, un vrai 4×4 baroudeur, on aurait applaudi des deux mains (et pas forcément un revival stylistique hein, mais juste en restant dans le concept du vrai tout-terrain). Mais à la vue de l’Urus, on se dit que le vrai successeur du LM002, c’est finalement le Mercedes Classe G et ses dérivés de plus en plus délirant dédiés aux milliardaires du désert ou de la taïga ! L’Urus, lui, ressemble plus à un suppositoire, à vouloir aller titiller les déjà très laids « SUV Coupé » façon BMW X6.

Car voilà, l’Urus est hésitant : là où il avait une direction toute tracée grâce son ancêtre LM002, non, on a voulu lui garder un air de sportive, d’Huracan ou d’Aventador haut sur patte. Déjà que ces deux là avaient perdu pas mal de charme par rapport aux Gallardo et Murcielago, hein ! Bref, nous voilà en face d’une sorte de coupé-break avec des grosses roues, au dessin torturé et tarabiscoté, suppositoire qu’on compte bien nous faire passer grâce à toujours plus de turbo (2 gavant un V8), toujours plus de chevaux (650), toujours plus de couple (850 Nm), tout cela pour un poids de 2,2 tonnes.

La surenchère avait commencé depuis longtemps sur le marché des SUV de luxe, voilà que l’Urus en remet une couche comme dans un concours de quéquettes pour gens fortunés et complexés. Or, quitte à en faire des tonnes, rejouer le LM002, prendre le marché à revers en offrant un vrai baroudeur puissant destiné à sortir réellement des sentiers battus (au sens propre comme au figuré), ça aurait eu plus de gueule. Quitte à faire dans l’outrance, autant respecter son passé.

Au lieu de cela, Lamborghini nous prouve en direct son manque d’originalité, et surtout son manque de créativité et d’audace, préférant surjouer des codes en vigueur au risque de passer pour une fille de joie cherchant à racoler à tout prix… un prix dépassant d’ailleurs largement les 215 000 euros en comptant TVA et malus ! Il y a des jours comme ça, où c’est à désespérer de l’automobile !

Paul Clément-Collin

Paul Clément-Collin

Paul Clément-Collin est une figure reconnue du journalisme automobile français. Fondateur du site culte Boîtier Rouge, sacré meilleur blog auto aux Golden Blog Awards 2014 et cité parmi les médias auto les plus influents par Teads/eBuzzing et l’étude Scanblog Advent, il a ensuite été rédacteur en chef de CarJager et collaborateur de Top Gear Magazine France. Journaliste indépendant, spécialiste des voitures oubliées, rares, iconiques ou mal-aimées, il cultive une écriture passionnée et documentée, mêlant culture auto, design, histoire et anecdotes authentiques, et intervient également sur des événements majeurs comme le Mondial de l’Auto.

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