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Renault Clio 1 1.9D : la solution contre la sur-vitesse

PAUL CLÉMENT-COLLIN - 19 déc. 2017

Il faut parfois puiser dans son quotidien pour trouver la solution au problème de la vitesse au volant. C’est en constatant le problème d’embrayage de la Citroën C5 de ma mère (lire aussi : Citroën C5 1 phase 2) et en l’emmenant chez mon garagiste que j’ai eu la joie de rencontrer la Clio 1 1.9D en voiture de prêt. Une voiture « qu’elle est bien pour dépanner » mais aussi qui procure des sensations disparues aujourd’hui : la joie de rouler, tout simplement.

Lorsque mon garagiste m’invita à poser mon séant dans ladite Clio, j’ai tout de suite compris que j’allais rouler autrement, selon le principe de Boîtier Rouge : une expérience sensorielle et temporelle inédite. Si rouler avec des anciennes est pour moi assez courant, tout comme avec des modernes dernier cri, il est pourtant rare de me retrouver dans un bas de gamme entre deux âges à la motorisation agricole et sans intérêt pour la collection (du moins pour le moment). Certes, la Clio 1 me fait de l’oeil régulièrement, soit avec ses versions les plus évidentes (Clio 16S, Williams, Baccara), soit avec des versions moins connues mais plaisantes (Clio S ou RSI), mais, vous vous en doutez, la 1.9D n’a jamais fait partie de mon Panthéon automobile.

Et pourtant, dès le premier mètre avec ma Clio, sans même avoir à brancher le convecteur temporel, je fus projeté dans un autre monde et un autre temps. Temps de préchauffage, contact, et la voiture toute entière se mettait à vibrer au rythme de la mécanique atmosphérique, un teuf teuf de diesel comme on n’en entend plus aujourd’hui : une voiture qui donne l’impression d’aller vite même à l’arrêt, ça n’existe plus ! Pour éliminer la sensation de vibration, rien de tel que de donner un peu de vitesse à la voiture. Première enclenchée, je commence à manoeuvrer… Et là, surprise : pas de direction assistée, comme avant. Là où d’autres auraient pleurer, je jubile : je vais enfin avoir des biscotos.

Une fois extirpée du parking hétéroclite et encombré de mon petit garagiste, me voilà parti pour l’aventure. Le 1.9D fait, paraît-il, 65 chevaux : c’est plus que les 1.1 et 1.2 Cléon-Fonte de 10 à 15 chevaux, et toujours mieux de 5 cannassons que le 1.2 Energy. Et pourtant, avant même d’avoir passé la seconde, on se demande dans quel box ils se sont rangés, peinards, au calme et au chaud. Même en 2, le manque de pêche est effroyable, tandis qu’en 3, la voiture semble vouloir se mouvoir enfin… Là encore, ceux qui s’en offusqueraient n’auraient rien compris à la voiture, car de mon côté ma banane commence à se voir au travers du pare-brise. Je n’ai pas encore atteint les 50 km/h que l’impression de sur-vitesse me prend et m’incite à être prudent, d’autant qu’au premier freinage, je comprends que ma petite Clio ne s’arrêtera pas aussi facilement. Il me faut un temps d’adaptation, sortant de deux essais « sportifs », la Volkswagen Polo GTI et l’Alpine A110.

Une fois les freins apprivoisés, et la direction devenant plus légère à mesure que la vitesse monte (lentement), je commence à comprendre pourquoi cette voiture me plaît : elle est basique, n’a pas la fermeture centralisée, vibre de toutes ses pièces au point que le radio à K7 s’avère inutile, mais engagé sur la départementale, j’ai déjà l’impression d’aller très très vite… jusqu’à ce que je me fasse rapidement doubler : en regardant mon compteur, je m’aperçois n’être pas encore à 90 km/h. Et c’est alors que le flash se fit en moi : la Clio 1.9D devrait être obligatoire, évitant de coûteux changement de panneaux de limitation de vitesse à 80 au lieu de 90. Je comprends en effet que même pour atteindre la future nouvelle limite, il me faudra être bien lancé, et surtout pas en côte ou dans des virages.

La Clio 1.9D n’empêchera pas l’alcool au volant, et ses éléments de sécurité active ou passive ne sauveront pas beaucoup de vies, mais elle calmera les velléités de bien de jeunes ou vieux permis. Avec des sensations garanties des les basses vitesses, elle redonnera goût au voyage tout en relançant le marché des boules Quies ! Pas de bluetooth, pas d’écran multimédia, le retour à l’essentiel, l’obligation d’apprendre à lire une carte d’état major et de se repérer dans l’espace, le besoin constant de relancer la mécanique et de surveiller ses arrières, de bien anticiper ses changements de cap, autant d’éléments qui amélioreront l’attention au volant. Un créneau devient une aventure, le respect des distances de sécurité une évidence, la vitesse un paramètre plus qu’un objectif, la direction non assistée une source d’économie (adieu l’abonnement à la salle de sport).

« Certes, me direz-vous, mais tu oublies les émissions de gaz nocifs ». En effet, mais produire une nouvelle voiture en rejette tellement qu’une 1.9D amortie par les années en deviendrait plus écologique, à tel point que je me demande si Madame Hidalgo n’aurait pas du interdire les centres-villes à toute voiture produite après 1998 ! La 1.9D de mon garagiste, avec ses 300 000 au compteur et ses 25 ans d’âge, est un acte militant, un symbole de la décroissance !

A son volant, je me faisais la réflexion suivante : et si la Clio 1.9D était un collector ? L’espèce est menacée, puisque peu collectionnée et sans véritable valeur vénale ou sentimentale, et surtout, elle est le symbole d’une époque où l’économie apportée par le diesel supplantait toute idée de performance, le parfait reflet d’une époque encore transitoire, précédant de peu le tout diesel aussi idiot que le tout électrique. Elle apportait une solution (parmi d’autres) à la recherche de l’économie, solution qui, avec le temps, s’avère aussi une solution presque écologique. Une solution qui s’avère aussi une réponse à la sur-vitesse, puisque malgré une vitesse maxi annoncée à 160 km/h, atteindre les 130 demande une bonne bande d’autoroute et quelques kilomètres.

Vous l’aurez compris, j’exagère un peu : la sécurité routière ou l’écologie n’ont pas vraiment besoin de la Clio 1.9D, mais voilà, cette petite voiture du 20ème siècle est propice à la réflexion, et m’emporte loin, même si c’est lentement. A 70 ou 80 sur une départemental, on a le temps de voir venir, et d’imaginer ce que serait un monde qui marcherait moins vite. La pensée m’emmène de la sécurité routière à l’écologie, puis au monde de la collection. Oui c’est Clio est bel et bien collector, car sans même être une madeleine de Proust (je n’ai que très peu de souvenirs perso en Clio), elle m’a rappelé que le voyage temporelle ne nécessitait pas de De Lorean.

NDLR : les photos d’illustration montrent une Clio RN a priori essence (1.1 ou 1.2), et non une 1.9D, introuvable en archive ou sur des photos propres.


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