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Renault Clio S : l’accès au sport
- 5 déc. 2017Regarder avec un œil attentif les déclinaisons d’un véhicule à un instant T donne une bonne indication du rapport de la société à l’automobile au même moment. Or, en 1993, la gamme Clio est proprement sidérante pour le conducteur d’aujourd’hui, avec pas moins de 4 modèles différents identifiés sportifs : le top du top, la Williams, à cette époque encore série limitée (lire aussi : Clio Williams), puis, un cran en dessous, la 16S (lire aussi : Clio 16S), puis, encore plus bas, la RSI, et enfin, celle qui nous intéresse aujourd’hui, la S.
Ces 4 modèles, de la S à 76 000 francs à la Williams à 130 000 francs, couvraient tous les besoins et tous les âges, pour toutes les bourses : à chacun son plaisir selon ses moyens. Et bien évidemment, la S s’offrait aux désargentés, aux jeunes, et surtout aux deux en même temps, avec un équipement digne d’une voiture soviétique, coincée entre les bas de gamme RL et RN : pas besoin de confort quand on fait du sport, et en plus ça allège la voiture. Il fallait bien ça car niveau moteur, on avait pas affaire à un monstre de puissance.
Sous le capot, le 1.4 Energy d’habitude un peu à la peine avec les Clio RN et RT (oui, c’est le même moteur) : certes 80 chevaux, mais dans ces finitions normales, une boîte de de vitesse étagée de façon à faire baisser au maximum la consommation. Chez Renault, on va donc jouer sur ce détail là : pour rendre sportif l’Energy, on va jouer sur les rapports de boîte… Et c’était vraiment pas idiot, car, en ville ou sur petites routes, l’impression de sportivité vient de là, de passages de vitesses à la volée, et d’un moteur rageur montant dans les tours. Avec une suspension raffermie, car plus c’est tape-cul, plus ça fait sportif, et une tenue de route parfaite, il devenait facile de se prendre pour un pilote.
A l’économie, Renault avait d’ailleurs su donner un look sportif à cette petite Clio S avec pas grand chose : un liseré vert sur les pare-chocs et les baguettes latérales, des jantes en tôle peintes en blanc au design assez sympa, et hop, c’est terminé (en 1994, les pare-chocs seront peints couleur carrosserie). A l’intérieur, volant de 16S, tout comme les sièges « baquet », et une sellerie comme seules les années 90 pouvaient en produire. Pour le reste, pas grand chose, pas même un compteur spécifique. Sportif on vous dit, au point de vous permettre de vous muscler le bras avec une petite manivelle située sur la contre-porte : magie de la technique !
Il n’empêche, cette petite S avait de quoi séduire une population qui, à l’époque, rêvait encore de sport automobile et qui était prête à sacrifier de l’équipement pour un peu plus de sportivité réelle et visuelle. La S eut donc son petit succès, auprès d’une clientèle jeune issue de familles fans de Renault. Car en face, en 1992/1993, on trouvait une 106 XS de même philosophie vendue près de 5000 francs moins cher… avant que n’arrive la 106 Rallye, moins chère que la Clio S, mais disposant de 20 chevaux de plus tout en bénéficiant de l’aura de la 205 Rallye (lire aussi : 205 Rallye).
Dans ces conditions, difficile de lutter, et la S sera retirée de la gamme courant 1995. Difficile de savoir le nombre exact de S produites, mais il en reste aujourd’hui, proposées dans les petites annonces. C’est d’ailleurs maintenant que la S prend toute sa saveur : les 106 ou 205 Rallye voient leurs cotes exploser, tout comme les Clio 16S et Williams. Ne restent accessibles sur le marché que les voitures « de connaisseurs », Clio S ou RSI en tête.
Une voiture pas chère, légère, dont on attend rien d’autre que de jouer de la boîte d’un virage à l’autre, n’est-ce pas là une certaine idée du rêve automobile ? Pas de chichi, pas de blabla, on y va avec la banane, sans vraiment s’inquiéter de ce que pensent les autres. Allez zou, on file sur LeBonCoin voir s’il n’y a pas une S à vendre à pas cher. Enfin, presque car certains pensent déjà avoir un collector entre les mains, et les prix commencent à monter : gardez en tête qu’il s’agit d’une RN 1.4 Energy avec une boîte courte, ni plus ni moins ! Le plaisir OK, mais pas à tout prix !