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BMW 1500 : le chevalier blanc de Munich !
PAUL CLÉMENT-COLLIN - 4 mai 2015Le succès ou la faillite d’un constructeur ne tient parfois pas à grand chose, et il suffit d’un modèle de génie pour que la roue tourne ! Peugeot l’a connu avec sa 205 dans les années 80, mais d’autres l’ont vécu avant, comme la marque munichoise BMW. Il est facile aujourd’hui de vanter aujourd’hui les performances financières, commerciales ou technologiques du constructeur à l’hélice. En un peu plus de 50 ans, il s’en est passé des choses. Mais en 1961, ce n’était pas vraiment la même limonade.
Petit come back. En 1961, pour Béhème, ça sent fortement la fin des « haricots » (l’expression ne vient pourtant pas de là). Pour mémoire, la guerre avait fortement fragilisé le constructeur bavarois : ses usines situées à l’Est furent « réquisitionnées », donnant naissance à un BMW concurrent qui se renommera heureusement EMW en 1955 (futur constructeur de la Wartburg 353, lire aussi : Wartburg 353), ses brevets exploités comme dommages de guerre (par Bristol notamment, lire aussi : Bristol 412), et sans financement, la marque devait continuer à exploiter sa marque avec des modèles luxueux mais dépassés (les 501/502) ou les petites Isetta construites sous licence (lire aussi : Velam Isetta). En outre, BMW rêvant toujours de grandeur s’était lancé dans la production d’une 507 superbe mais trop chère pour espérer renflouer les caisses.
En gros, en cette fin des années 50, c’est la Bérézina, et l’ennemi de Stuttgart est à deux doigts de racheter la marque à l’hélice qui ne s’en sort que par la montée au capital de son principal actionnaire, Herbert Quandt. Fallait vraiment y croire pour investir chez Béhème à cette époque. Mais Quandt, actionnaire de la maison depuis quelques années, a un joker dans sa poche : il sait que BMW prépare une berline qui pourrait changer la donne, la 1500. Et il a flairé que cette voiture allait changer la destinée de la marque.
Pourtant, la 1500 ne sera jamais un best-seller, totalisant seulement 23 554 exemplaires produits entre fin 1961 et 1964. Mais cette berline posera les jalons de ce qu’on appelera alors la « Neue Klasse », sans doute en référence à la « Nouvelle Vague » qui fait fureur au cinéma. En fait, la 1500 laissera vite la place à des évolutions plus puissantes, la 1800, puis la 1600, ce qui explique sa faible diffusion. Mais c’est à elle que BMW doit tout en fait.
Présentée fin 1961 au salon de Francfort, la 1500 est l’archétype de la berline moderne, familiale, robuste, sportive et un poil luxueuse (pour l’époque). En délaissant les grosses berlines dépassées et les petits pots de yaourt, BMW introduit une dose de luxe et de technologie dans un segment délaissé parfois par les constructeurs. Citroën, à la même époque et quasi sur le même créneau, lance l’Ami6 (lire aussi : Citroën Ami6). Si l’Ami innove par son style, c’est la 1500 qui innove par sa pertinence marketing.
Pour le dessin, c’est à Michelotti que BMW s’est adressé. Côté technique, la voiture est monocoque, propulsion, tandis que son moteur, un 4 cylindres « super-carré » de 1,5 litres (d’où son nom) et 75 ch (ce qui a l’époque n’est pas donné à toutes les voitures du segment). Stylistiquement et techniquement, les bases des 50 prochaines années sont jetées. La 1500 enfantera ensuite les fameuses 2000, avant que l’E21 viennent prendre la relève dans les années 70. Entre temps, l’entreprise aura retrouvé une santé financière, absorbé Glas, et deviendra l’icône que l’on connait aujourd’hui.
Aujourd’hui, la 1500 est assez rare, et il sera plus facile de dégoter une 1800 produite à plus de 146 000 exemplaires entre 1963 et 1972. Mais côté prix, cela reste correct, et on peut trouver cette Béhème mythique à partir de 5000 euros. Moins connue que ses descendantes, elle mérite pourtant sa place dans la collection d’un amateur éclairé, dénicheur de voiture à forte personnalité mais aussi porteuses d’histoire !