Bugatti Type 37 : 4 cylindres de compétition
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Bugatti Type 37 : 4 cylindres de compétition

Par Paul Clément-Collin - 02/08/2022

Pour beaucoup, une Bugatti se doit de posséder un 8 cylindres. C’est pourtant oublier les débuts de la marque, la fameuse Type 13 (surnommée Brescia) et son 4 cylindres. Bien entendu, la Type 35 a marqué les esprits, tant par sa ligne que par son moteur, mais sa version Type 37, moins puissante mais plus légère, révèle tout son intérêt pour qui sait la regarder autrement. Avec deux fois moins de cylindres, la Type 37 se distinguera en compétition mais aussi commercialement : il s’agit donc d’une voiture à redécouvrir, loin de l’image d’une « sous 35 » qu’elle véhicule parfois.

La Bugatti Type 35 fit son apparition en 1924. Il s’agissait alors d’une voiture de course, taillée pour la compétition. L’élégance de sa ligne fit immédiatement sensation, notamment sa calandre en fer à cheval (qui deviendra le signe distinctif de la marque) et ses jantes en aluminium spécifiques à 8 branches. Techniquement, son 8 cylindres atmosphérique en aluminium de 1 991 cc, doté de deux carburateurs (Zénith ou Solex, suivant les modèles) délivrait la puissance importante à l’époque de 100 chevaux. Ce moteur était particulièrement sophistiqué (3 soupapes par cylindres, vilebrequin à 5 paliers) et permettait d’atteindre l’étonnante vitesse de 184 km/h.

On l’a vu, la Type 35 était destinée à la compétition. Mais rapidement, Ettore Bugatti entrevit le potentiel commercial d’une telle voiture. Pour en abaisser le coût, il fit réaliser la Type 35A au moteur moins élaboré (vilebrequin à 3 paliers, régime moteur moins haut), mais basée sur le même châssis, et dotée de la même boîte de vitesses non synchronisée à 4 rapports. La puissance descendait alors à 75 chevaux et la nouvelle Bugatti, lancée en 1925, atteignait tout de même les 173 km/h. La Type 35, outre cette 35A « Imitation Course » (surnommée Técla, comme le joaillier spécialisé dans les imitations), connaîtra de nombreuses versions jusqu’en 1931 : 35C, 35T, 35B, 39 ou 39A, toutes partageant le même 8 cylindres dans différentes configurations (cylindrée plus importante, ou bien moindre pour la Type 39, ajout d’un compresseur, changement du radiateur, etc.).

En 1926, Bugatti lançait une nouvelle déclinaison de sa fameuse Type 35 afin de prendre la relève de la Type 13 en compétition. Il s’agissait de proposer aux « gentlemen drivers » une version destinée à la catégorie « 1.5 litres ». Pour atteindre cette cylindrée tout en diminuant le poids de la voiture, Bugatti décida de lui offrir un 4 cylindres et d’un seul carburateur. En fait, il s’agissait d’une moitié du 8 cylindres de la Type 28, de 1 496 cc et développant « seulement » 60 chevaux. Malgré 40 chevaux de moins que la Type 35, la Type 37 allait s’imposer dans de nombreuses compétitions de sa catégorie, grâce notamment à sa vitesse de pointe de 150 km/h. Mieux, le fameux pilote Louis Chiron réussira à gagner, au volant d’une Type 37A le grand prix d’Italie en 1927, devançant une Alfa Romeo P2 (8 cylindres) et une Type 35C pourtant bien plus puissantes.

La Type 37A s’équipait d’un compresseur pour une puissance de 90 ch

Ce fameux 4 cylindres, bien que moins noble, reprenait certaines caractéristiques du 8 cylindres de la 35 : un arbre à came unique, ainsi que 3 soupapes par cylindre (deux d’admission, une d’échappement). Plus simple, il s’avéra particulièrement robuste et fiable. En outre, le moindre poids sur le train avant rendait la voiture plus agréable à conduire et particulièrement véloce dans sa catégorie. Pourtant, Bugatti décida, pour asseoir un peu plus la domination de la 37 en course, d’améliorer encore un peu plus les performances en lançant la Type 37A. Cette nouvelle version récupérait un compresseur Roots (le même que celui de la Type 35C) faisant passer la puissance à 90 chevaux. Ainsi motorisée, la 37A atteignait 185 km/h, une vitesse presque identique à celle d’une 35 de 100 chevaux.

Le coup de génie de Bugatti sera de proposer une Type 37 extérieurement semblable à sa sœur à 8 cylindres (du moins à la Type 35A). Certes, elle ne disposait pas des superbes jantes à 8 branches devenue typiquement « Bug’ », mais des mêmes roues à rayons que la 35A, pour des raisons évidentes de coûts. Pour le reste, tout était identique. Bien moins chère, performante, belle comme ses sœurs et auréolée d’un palmarès sportif, la Type 37 fut produite à 286 exemplaires entre 1926 et 1930, dont 76 dans sa version compressée (les chiffres varient selon les sources).

Aujourd’hui, comme toute Bugatti, la cote est inaccessible au commun des mortels : il faudra au minimum 400 000 euros pour s’offrir une Type 37 de base, au moins 500 000 pour sa version compressée 37A. Mais parfois, les prix montent bien au dessus de ces estimations. Sinon, il est toujours possible de se rabattre sur une réplique de Type 35, la Pur Sang, dont la cote commence elle aussi à atteindre des sommets.

Paul Clément-Collin

Paul Clément-Collin

Paul Clément-Collin est une figure reconnue du journalisme automobile français. Fondateur du site culte Boîtier Rouge, sacré meilleur blog auto aux Golden Blog Awards 2014 et cité parmi les médias auto les plus influents par Teads/eBuzzing et l’étude Scanblog Advent, il a ensuite été rédacteur en chef de CarJager et collaborateur de Top Gear Magazine France. Journaliste indépendant, spécialiste des voitures oubliées, rares, iconiques ou mal-aimées, il cultive une écriture passionnée et documentée, mêlant culture auto, design, histoire et anecdotes authentiques, et intervient également sur des événements majeurs comme le Mondial de l’Auto.

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