Lotus Elan M100 : la traction mal aimée !
YOUNGTIMERS
ANGLAISE
CABRIOLET
LOTUS

Lotus Elan M100 : la traction mal aimée !

Par PAUL CLÉMENT-COLLIN - 12/01/2015

Lorsque j’ai découvert la Lotus Elan dite « M100 » pour la première fois, au début des années 90, je l’ai tout de suite aimé. Elle était garée là, jaune, rue Vavin dans le 6ème à Paris, et mes camarades de classe disaient d’elle qu’elle appartenait à Régis Laspalès Je n’ai jamais su si c’était vraiment la sienne, mais en tout cas, je suis tombé sous le charme de cette petite anglaise.

A cette époque, j’étais loin des considérations des vrais amateurs de Lotus, et je ne criais donc pas au scandale en apprenant qu’il s’agissait d’une traction avant. Ce n’est que plus tard que j’ai compris combien cette Elan M100 chamboulait les habitudes. Lotus était propriété de GM à l’époque, et le groupe américain avait de grandes ambitions (bien vite freinées) pour sa marque britannique. L’Esprit était un beau porte drapeau, mais il fallait aussi du volume et de la rentabilité : cette mission fut confiée à l’Elan, dessinée superbement par Peter Stevens.

Pour réduire les coûts, c’est dans la banque d’organe qu’on ira piocher le moteur : il s’agissait d’un 1,6 litres d’origine Isuzu (marque japonaise dont GM est l’un des plus gros actionnaires à l’époque) développant entre 130 ch (atmo) et 165 ch (turbo). Là encore, les fanatiques de Lotus crièrent au scandale, mais la logique industrielle de GM fut plus forte. En outre, le dessin de l’Elan avait été figé avant le choix du moteur : il fallait donc trouver une mécanique capable de prendre place sous le capot sans modification du dessin, et l’Isuzu convenait parfaitement.

On l’a compris, d’entrée de jeu, les vieux amateurs de Lotus bouderont l’Elan (et diront qu’elle usurpe son nom), mais GM n’en a cure : avec la M100, elle veut conquérir un nouveau marché, celui des jeunes peu habitués aux propulsions ; elle veut séduire grâce à la fiabilité toute japonaise de son modèle (et c’est vrai, c’est véritablement la plus fiable des Lotus) ; elle veut faire du volume !

En 1989, la Lotus Elan SE (atmo ou turbo) est donc présentée au public. Une version destinée au marché américain, répondant aux standards de sécurité de là-bas sera aussi lancéé. Mais les investissements consentis pour l’industrialisation, la déception de volumes moindres que prévus, et les difficultés du groupe GM en général, changent la donne : General Motors stoppe la production de l’Elan en 1992, et cherche à se débarrasser de Lotus, et trouve son salut en la personne de Romano Artioli, propriétaire de Bugatti (lire aussi : La renaissance de Bugatti) , qui rachète la marque pour une bouchée de pain en 1993.

Le nouveau propriétaire s’aperçoit qu’il reste en stock largement de quoi faire une deuxième série d’Elan (appelée S2), le temps de concevoir une descendance. Tandis que les ingénieurs planchent sur la future Elise (lire aussi : Lotus Elise), cela permet d’entretenir l’illusion d’une gamme. Mais Artioli n’a pas les reins assez solides : il fait faillite avec Bugatti, et doit vendre au malaisien Proton en 95. La licence de fabrication est alors cédée à Kia qui produira sa version de la M100 à destination de son marché intérieur (lire aussi : Kia Elan) jusqu’en 1999.

Au total, 6374 Elan « M100 » auront été fabriquées : 3855 ex de la SE Turbo, 180 ex de la SE Atmo (c’est la plus rare), 539 versions US, 800 ex de la S2 et environ 1000 ex de la version Kia. L’Elan n’est donc pas si rare que cela, surtout dans sa version SE. On peut en trouver aux alentours de 15 000 euros en très bon état (beaucoup moins si l’on va faire ses emplettes outre-Manche). A ce prix, on a une voiture originale, fiable, performante, et injustement décriée. Que demander de plus ?

Autos similaires en vente

Lotus Esprit Turbo Essex Commemorative Edition
Lotus Esprit Turbo Essex Commemorative Edition
Lotus Esprit Turbo Essex Commemorative Edition
Lotus Esprit Turbo Essex Commemorative Edition
Lotus Esprit Turbo Essex Commemorative Edition
1981 / Manuelle / 31 400 km
165 000 €

Carjager vous recommande

Nicolas Fourny / 23 févr. 2024

Lotus Omega : jours de tonnerre à Rüsselsheim

« La culasse est entièrement retravaillée afin de s’entendre au mieux avec les deux turbos qui permettent à l’Omega by Lotus d’afficher une puissance de 377 ch »
ALLEMANDE
BERLINE
YOUNGTIMERS
Daniel Brooks / 14 oct. 2021

Les copains d’abord : la Lotus Seven Marcadier pour tous

Il y a eu une époque où l’automobile était une affaire d’artisans et où primait l’esprit « les copains avant tout ». C’est ce que notre ami Alain a voulu retrouver à travers son investissement dans le monde des autos de collection, en acquérant une Lotus Seven S1 Marcadier de 1964 auprès de CarJager.
ANGLAISE
LOTUS
PAUL CLÉMENT-COLLIN / 24 août 2020

Lotus Elan 2 (M100) : les lois de la traction

Beaucoup considèrent l’Elan M100 (ou Mk2, ou II, voire 2, “chacun fait fait fait c’qui lui plaît plaît plaît”) comme une hérésie… Traction au lieu de propulsion, design éloigné de la première du nom, moteur Isuzu, et prise de contrôle récente de Lotus par GM au moment de son lancement : autant de petits détails pour vous mais qui veulent dire beaucoup chez l’amateur “puriste” de Lotus. Pourtant, cette petite Elan n’est pas celle que vous croyez. Vilain petit canard ? Elle était pourtant fiable et performante, d’autant que la traction à ce niveau de puissance, lui offrait des qualités routières certes moins joueuses mais plus précises et surtout plus accessibles. Et c’était d’ailleurs l’objectif de cette Elan deuxième mouture : conquérir une nouvelle clientèle. Flash Back.
ANGLAISE
CABRIOLET
LOTUS
PAUL CLÉMENT-COLLIN / 14 mai 2019

Lotus Esprit GT3 : “Colin Chapman, es-tu là ?”

La Lotus Esprit est une voiture de sport qui a eu l’une des plus longues carrières au monde avec 28 années de production entre 1976, l’année de son lancement, et 2004, celle de sa retraite. Durant ces longues années, l’Esprit aura toujours évolué, mécaniquement ou stylistiquement, même sur la fin puisque deux versions aux philosophies diamétralement opposées viendront égayer la fin de carrière de la GT britannique : la cossue V8 et la diabolique GT3 qui nous intéresse aujourd’hui.
ANGLAISE
COUPÉ
LOTUS
PAUL CLÉMENT-COLLIN / 04 janv. 2018

Lotus M200 Concept : une version radicale de l'Elan M100

Pour beaucoup, la Lotus Elan « M100 » n’est pas une vraie Lotus. D’une part parce qu’elle inaugurait (et finira par clôturer) le passage à la traction, mais d’autre part parce qu’elle s’offrait un moteur Isuzu sous le capot avant, par le truchement des liens capitalistiques parfois complexe de la General Motors, propriétaire de Lotus et actionnaire d’Isuzu. Avec 130 ou 165 chevaux selon qu’elle soit atmo ou turbo, la Lotus Elan n’avait pourtant pas à rougir (lire aussi : Lotus Elan M100) mais à la même époque sortait un diable de petit cabriolet propulsion, la Mazda MX5, beaucoup plus proche de la tradition britannique. En 1991, pour dynamiser les ventes de la M100, pour faire le show aussi, et pour explorer de nouvelles voies, la firme britannique présenta en urgence un dérivé roadster appelé M200 Concept.
ANGLAISE
LOTUS
PAUL CLÉMENT-COLLIN / 12 janv. 2015

Emme 422T "Lotus" : l'arnaque à la brésilienne !

Voilà une petite histoire amusante, qui s’est déroulée à la fin des années 90 au Brésil. Imaginez qu’à cette époque, l’automobile brésilienne est encore dominée par 4 grands, Ford, Fiat, GM et Volkswagen, qui produisent là-bas beaucoup d’antiques modèles européens. Aussi, quand l’amateur brésilien apprend qu’une voiture de luxe à moteur Lotus va bientôt sortir sur le marché, son orgueil national est bien entendu touché.
ANGLAISE
BERLINE
LOTUS
PAUL CLÉMENT-COLLIN / 22 août 2014

Talbot Sunbeam Lotus: la petite sportive mal aimée

Il était une fois une voiture banale, transformée par la magie d’un sorcier anglais, devenue véritable bête de course, mais dont le succès commercial n’aura jamais lieu. Il était une fois une voiture aux noms multiples dus aux remariages successifs de ses parents. Il était une fois une voiture désormais recherchée, par son pedigree, ses performances et son histoire « abracadabrantesque » comme dirait l’autre (aka Jacques Chirac, l’homme qui faisait pshitt à l’oreille des français).
ANGLAISE
BERLINE
LOTUS
PAUL CLÉMENT-COLLIN / 29 juin 2014

Lotus Elise S1 : retour aux sources !

Le rachat de Lotus par Romano Artioli, le re-fondateur de Bugatti, a eu au moins un mérite : le retour aux fondamentaux de la marque anglaise, créée par Colin Chapman (lire aussi : Bugatti période Artioli). « Light is Right », telle était sa devise, que les ingénieurs de Lotus, encouragés par leur boss italien, appliquèrent à la lettre pour lancer en 1996 la voiture de la dernière chance : l’Elise.
ANGLAISE
COUPÉ
LOTUS
PAUL CLÉMENT-COLLIN / 07 juin 2014

Lotus 340 R : une voiture de course pour la route !

On aura beau gloser sur les rêves de grandeurs de Romano Artioli qui, après avoir relancer Bugatti s’offrit la marque Lotus en 1993, c’est en quelque sorte à l’italien qu’on doit le renouveau de la marque de Colin Chapman à la fin des années 90. Si la faillite du groupe Bugatti obligea à revendre Lotus au constructeur malaisien Proton, la marque avait été remise sur les rails grâce à l’Elise, présentée au salon de Francfort de 1995.
ANGLAISE
COUPÉ
LOTUS

Vendre avec CarJager ?