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Bugatti EB112 : l'ultime coup d'éclat de Romano Artioli

PAUL CLÉMENT-COLLIN - 27 sept. 2018

La Bugatti EB110 avait lancé un pavé dans la mare des Supercars en faisant renaître la mythique marque française (lire aussi : quelle nationalité pour Bugatti ?), à tel point que Ferrari mit la pression sur ses fournisseurs pour mettre des bâtons à Romano Artioli . Pourtant, la plus irrévérencieuse et révolutionnaire des nouvelles Bugatti fut un tout autre modèle : l’EB112, limousine baroque et néo-rétro au style controversé signé Giugiaro.

Une maquette à l’échelle 1/1 de l’EB112, dessinée par Giugiaro pour Italdesign

Dans les années 90, le monde de la berline de luxe était ultra consensuel, afin de ne pas choquer une clientèle avide de respectabilité. Il en résultait des styles proches, ou tout du moins très classique. Rolls Royce ou Bentley encore marques sœurs produisaient de très sages et très classes Silver Spur ou la Mulsanne (même si Bentley tentait d’encanailler ses berlines, comme la Turbo R ou la Turbo RT). Chez Mercedes, on jouait la sécurité avec un Panzer pachydermique à même de rassurer toute clientèle dotée d’un solide portefeuille avec la Classe S W140 quand BMW jouait la légèreté des lignes avec sa série 7 E38 ! En réalité, elles jouaient toutes dans la même cours stylistique, avec un classique 3 volumes comme l’on porte un complet 3 pièces.

Malgré son nom prestigieux, le Bugatti de Romano Artioli faisait figure de parvenu dans le petit monde du luxe et des supercars, où les places sont chères et l’entre-soi apprécié. Son EB110 ayant fait son petit effet en 1991, il s’attaqua donc au créneau de la grande berline de luxe, en confiant à Giugiaro et Italdesign le soin de renouveler le genre tout en renouant véritablement avec le passé stylistique de la marque (contrairement à l’EB110 dont seul un petit fer à cheval et le logo rouge trahissaient l’origine). Il fallait se différencier d’une concurrence frileuse, tout en touchant le cœur des amateurs de l’ancienne Bugatti, celle d’avant-guerre.

L’œuvre de Giugiaro sera diversement appréciée, certains trouvant l’EB112 trop caricaturale, trop « néo-rétro », et trop exubérante. Mais une majorité d’observateurs tomba en pâmoison devant cette élégante et imposante berline présentée en 1993. Les caractéristiques évoquées lors de ce salon laissaient les visiteurs pantois : V12 issu de l’EB110, 6 litres, pour 460 chevaux. On parlait aussi d’une transmission intégrale comme pour sa jeune sœur, et d’un luxe inouï, comme du temps de la Type 41 Royale (dont s’inspiraient les jantes).

Au Japon, ce design fut vite salué comme l’un des plus beau au monde, tandis que les lecteurs de l’Automobile Magazine la nommait, au travers d’un concours, « la plus belle voiture du Monde ». Les galbes de la voitures, la calandre enfin d’une taille acceptable, la vitre arrière de type « split » du plus bel effet, tout rappelait les Bugatti d’antan, tout en restant très moderne. Enfin, elle innovait sur le segment en se présentant sous la forme d’une deux volumes, à la manière d’une Citroën DS en plus grand (l’EB112 mesure 5,13 m tout de même).


Au salon de Francfort 1993, Bugatti présentait à nouveau sa version roulante (sur un châssis en fibre de carbone, et une carrosserie en aluminium), premier d’une série de 3 prototypes, de couleur bordeaux : on peut enfin découvrir un intérieur luxueux tendu de cuir crème et une bagagerie assortie. L’ambition était grande car Romano Artioli, sachant la situation déjà délicate de Bugatti, voulait aller vite : il envisageait un début de production pour 1996, et songeait que l’EB112 pouvait bien être celle qui allait sauver Bugatti en étant rentable.

Début 1995, la tempête commençait à s’abattre sur Bugatti. Privé des revenus de Suzuki que Romano Artioli distribuait en Italie jusqu’en 1993 (la maison mère profitant de la hausse du yen avait repris en main seul sa commercialisation dans la Botte), mais aussi en grande difficulté pour obtenir les meilleurs délais de ses sous-traitant soumis à la pression du concurrent Ferrari, Bugatti s’enfonçait dans la crise. Cela n’empêcha pas les équipes dédiées au développement de l’EB112 de continuer les essais et la mise au point de la berline, notamment sur les pistes d’essai de Michelin, partenaire de toujours. 2 autres prototypes furent mis en chantier pour valider au plus vite les choix techniques ou stylistiques.

L’un des 3 prototypes destinés à la mise au point des EB112 de production

Le 23 septembre 1995, sous la pression de ses créanciers, la firme Bugatti SpA était déclarée en faillite, une faillite confirmée en janvier 1996 malgré la vente de Lotus au malaisien Proton. Au total, 3 prototypes d’EB112 avaient été construits, mais demeuraient au stade de l’expérimentation, et n’étaient donc pas totalement achevés. Une entité spéciale, Bugatti Fallimento SpA fut créée afin de liquider les actifs de la société. Les enchères furent organisées le 4 avril 1997 et à cette occasion, les 3 prototypes furent rachetés par le riche monégasque Gildo Pallanca Pastor (qui n’était pas encore propriétaire de Venturi à l’époque) au travers de sa structure compétition Monaco Racing Team (MRT) : dans son escarcelle tombaient aussi 2 EB110 « America » destinées à passer les homologations pour les USA, l’EB112 Concept et quelques châssis nus ou pièces diverses. De son côté, Dauer obtenait suffisamment de châssis et de pièces pour la production d’une petite série de Dauer EB110.

L’EB112 noire de Gildo Pallanca Pastor, l’un des deux exemplaires fabriqués à posteriori par MRT

L’histoire des EB112 n’allait pas s’arrêter net. Gildo Pallanca-Pastor était un passionné, et comptait bien profiter de ces superbes berlines de luxe. Ainsi, en 1998, il allait confier à ses équipe du MRT une mission : faire de ces 3 EB112 inachevés deux exemplaires fiables et roulants. Ce qui fut alors fait, l’une conservant la couleur bordeaux du premier prototype, l’autre se parant d’un noir profond. Les deux voitures restèrent quelques temps dans ses garages, Gildo s’en servant à l’occasion comme voitures personnelles, mais au milieu des années 2000, il se laissa convaincre de vendre l’exemplaire bordeaux à un milliardaire russe, collectionneur de surcroît : on ne la reverra jamais sur les routes. L’exemplaire noir quand à lui resta sa voiture occasionnelle, jusqu’à ce qu’en 2015 il la vende à un riche amateur un poil spéculateur puisqu’on retrouva la voiture à la vente une année à peine plus tard, à la vente Artcurial de Rétromobile 2016. A noter que le concept car de 1993 est conservé, lui, chez Giugiaro.

L’intérieur de l’EB112 noire de Gildo Pallanca Pastor fabriquée par MRT

Avec une « estimation sur demande » on pouvait s’attendre à un tarif relativement élevé, mais étrangement, cette voiture ne fut finalement pas mise en vente. Fut-elle vendue à part ? Conservée par son propriétaire ? Nul ne le sait. Ce qui est sûr en tout cas, c’est qu’il existe deux exemplaires roulants de cette fabuleuse voiture. Malgré sa non-commercialisation, l’EB112 eut une brève descendance. La marque Bugatti avait été rachetée par Volkswagen qui, dans un premier temps, comptait la positionner sur le créneau de l’EB112 : celui des berlines et coupé de grand luxe. VW fit donc à nouveau appel à Italdesign qui présenta une EB118 au style très proche puis une EB218 encore plus ressemblante (bien que légèrement différente), avant de se réorienter vers la supercar et celle qui deviendra la Veyron.

L’EB112 noire montée par MRT en action dans les rues de Monaco en 2013

Images : DR / Artcurial / EB110 Registry


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