Citroën 15-Six : la reine des nationales
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Citroën 15-Six : la reine des nationales

Par PAUL CLÉMENT-COLLIN - 28/02/2020

Aussi étonnant que cela puisse paraître, entre 1934 et 1948 (date de sortie de la 2CV), Citroën ne disposera quasiment que d’un seul modèle, la Traction. Certes, la Rosalie fera de la résistance jusqu’en 1938, mais le coeur du business de Javel reposait bel et bien sur la nouvelle “traction avant” qu’il fallut décliner aussi bien en 7CV qu’en 11, en légère comme en familliale et bien entendu en un haut de gamme qu’on envisagea d’abord en V8 avant de revenir à des considérations plus raisonnables sous l’égide du nouveau propriétaire, Michelin : la 15-Six, avec son 6 cylindres en ligne, apparaissait en 1938 pour durer jusqu’en 1955, date de lancement de la relève tant attendue, la DS.

Un haut de gamme pour la Traction

Aujourd’hui, la Traction semble LA réussite de Citroën, tant elle révolutionnait l’automobile avec sa “traction avant” (redondance officielle des chevrons), sa tenue de route exemplaire et sa carrosserie monocoque. En outre, dans une France occupée à la production automobile quasiment à l’arrêt, l’imagerie populaire gardera de cette belle berline l’impression d’une omniprésence sur les routes françaises, tant chez le quidam que chez les collabos ou les résistants. Pourtant, les débuts furent laborieux. Pressé par le temps et l’argent, André Citroën n’hésita pas à lancer la voiture malgré son court développement, entraînant une fiabilité désastreuse qui coûta l’indépendance à la firme, et finalement la vie à son patron !

Dès le départ, on envisageait, chez Citroën, une déclinaison haut de gamme de la toute nouvelle berline. Mais sous la direction d’un André Citroën ambitieux, on s’attaqua d’emblée à du lourd, du trop lourd même : une version V8. Les quelques prototypes fabriqués à cette époque-là (et détruits depuis, entretenant le mythe de la “mystérieuse 22/8”) mirent en avant l’inadéquation d’un moteur trop lourd (et pas assez puissant) au dynamisme de la Traction. Le projet passa à la trappe, d’autant que les nouveaux propriétaires, Michelin, préféraient laisser le temps au temps pour que les 7 et 11, enfin fiabilisées, fassent leur trou sur le marché (ce qu’elles firent avec brio).

Du V8 au 6 cylindres

Cependant, l’idée d’un haut de gamme n’était pas écartée, loin de là. La mayonnaise prenant auprès du grand public, il devenait concevable de décliner encore un peu plus la gamme, mais de façon plus raisonnable. À partir du 4 cylindres de base, on réalisa donc un 6 cylindres en ligne de 2 867 cc développant 77 chevaux. Certes, c’était 23 de moins que le V8, mais le couple était bien meilleur, tandis que la voiture restait bien plus légère. Il en résultait des performances quasiment identiques, et plutôt flatteuses pour une berline de grande série de l’époque. Jugez plutôt : 135 km/h dans un confort inédit.

Ainsi naquit la 15-Six (ou 15/6) G en 1938. Pourquoi cette lettre ? Tout simplement parce que le moteur, monté à l’envers pour des raisons de montage de la boîte de vitesse, tournait vers la gauche et non vers la droite : G pour gauche, donc ! La 15/6 G était proposée en plusieurs carrosseries : berline, limousine et familiale. On songea même à produire un dérivé cabriolet. Quatre ou cinq prototypes furent construits à l’usine, mais pas un de plus. On se concentra sur les berlines tandis que la guerre approchait. Évidemment, la production cessa au mitan de l’année 40, pour ne reprendre qu’en 1945. La G restera sur les chaînes encore quelques années, jusqu’en 1948, avant de prendre une retraite méritée après 2 866 exemplaires.

Succès commercial préparant celui de la DS

La 15/6 ne tirait pas pour autant sa révérence puisqu’en 1947 était lancée la 15/6 D. Cette fois-ci, le moteur était dans le bon sens, ce qui explique cette nouvelle lettre, D pour droite (logique). Quelques changements mineurs la diffiérenciaient de la 15/6 D. Malgré son âge (plus de dix ans déjà), la 15/6 entrait dans son heure de gloire. La seule année 1948 voit la production dépasser la totalité de celle de la 15/6 G. En 1951, le record absolu est battu avec 11 752 exemplaires produits. La vénérable traction à 6 cylindres entama ensuite un lent déclin face à la concurrence des nouvelles Ford Vedette (malgré un V8 asthmatique), mais aussi vu sa longévité. En 1954, la D ne s’écoule plus qu’à 1 104 unités (au total, 41 925 15/6 D auront été produites entre 1947 et 1954) !

Pourtant, la vie de la 15/6 ne s’arrêta pas là car en 1954 justement, elle va servir de test grandeur nature pour la DS avec la 15/6 H. Cette dernière récupérait à l’arrière la fameuse suspension hydraulique qu’on verrait bientôt sur la future Citroën. La clientèle fidèle des chevrons servira de cobaye : 3 030 exemplaires de cette dernière évolution des tractions 6 cylindres seront produits, les 3 derniers au début de l’année 1957 alors que la DS était déjà sortie ! Elle connaîtra même une version spécifique pour le Président de la République, René Coty.

La 15/6, puissante et véloce, est aujourd’hui l’une des plus recherchées des Tractions. Les premières 15/6 G sont les plus rares, tandis que les dernières 15/6 H sont les plus perfectionnées : il y en a pour tous les goûts. Une chose est sûre, la “15” est une voiture admirée, respectée, collectionnée, en bref une valeur sûre qui restera encore longtemps dans le paysage automobile français des années 60 : de quoi marquer plusieurs générations d’amateurs !

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