Fiat-Dino Spider et Coupé : le match Pininfarina / Bertone
Classics
Coupé
Fiat
Italienne

Fiat-Dino Spider et Coupé : le match Pininfarina / Bertone

Par Paul Clément-Collin - 11/07/2017

Deux salles, deux ambiances, mais un seul et même DJ, MC Ferrari : voilà comment on pourrait résumer les deux modèles produits par la Fiat, mais dotés d’une mécanique noble identique provenant de Maranello. Les Fiat-Dino Spider et Coupé ont bien deux personnalités différentes, mais sont issus de la même base mécanique ! A l’heure du choix, il faudra opter soit pour le plein air, soit pour l’ambiance cosy, soit pour les courbes de Pininfarina, soit pour les lignes de Bertone. Choix cornélien, certes, et l’idéal serait sans doute de posséder les deux !

On l’a vu récemment, Enzo Ferrari était un homme pragmatique : pour financer ses voitures de course, il avait besoin de vendre des voitures de série (et pas l’inverse comme aujourd’hui, où la course n’est qu’un outil de promotion des ventes). Le projet d’une petite Ferrari avait été finalement abandonné au profit d’ASA (lire aussi : ASA 1000 GT), mais pour les besoins de la compétition (l’homologation en Formule 2 du moteur V6 de type Dino), il fallait pouvoir proposer une production annuelle en série d’au minimum 500 exemplaires d’une voiture équipée du même moteur.

Si en 1965 était présentée la Dino 206 GT (qui ne sortira qu’en 1967, lire aussi : Dino-Ferrari), Enzo Ferrari n’était pas encore sûr de pouvoir en produire assez, et assez rapidement, pour répondre aux besoins de l’homologation. Pragmatique donc, Ferrari va chercher un « grand » constructeur pour produire en série une voiture équipée du même moteur (ou presque). Initialement, c’était avec Ford qu’Enzo envisageait un tel projet. Prêt à laisser entrer le loup américain dans la bergerie italienne, il refusa cependant tout les net les conditions du rachat (il devait laisser aussi la majorité du capital de la Scuderia, une chose impensable pour lui). Cette bisbille provoquera de belles batailles au Mans (lire aussi : Le duel Ford/Ferrari) mais surtout obligea Enzo à chercher un autre partenaire pour la production d’automobiles dotées d’un V6 Dino.

C’est finalement vers Fiat que Ferrari va se tourner. La Fiat avait encore des ambitions dans le haut de gamme à l’époque, malgré le succès de sa populaire 500. La production d’un coupé et d’un cabriolet équipés d’un moteur puissant, performant et prestigieux n’était pas pour lui déplaire. Et puis, mine de rien, le géant de Turin lorgnait déjà sur Ferrari, et c’était l’occasion de mettre un pied dans la porte ! Pour Ferrari, au taquet côté compétition, c’était le moyen le plus efficace d’homologuer son moteur en F2, et de le rentabiliser avant même la production de la « petite » Dino, qui elle, aurait le même moteur mais en position centrale arrière.

Banco, l’accord est signé en 1965, Ferrari s’engagent à fournir les moteurs, retravaillés par Aurelio Lampredi chez Fiat (tiens tiens, un nom connu, et ex-motoriste pour Ferrari). Il s’agit donc d’un V6 à 65° de 2 litres, développant 160 chevaux, une puissance importante à l’époque. Voilà donc le trait d’union entre la Dino 206 GT (avec 180 ch, elle), la Fiat Dino Spider, et la Fiat Dino Coupé.

En novembre 1966, Fiat présentait en premier la version Spider, pas tout à fait 2+2 (en fait, plutôt 2+1), décapotable comme son nom l’indique, et dessinée par Pininfarina (un designer déjà très marqué « Ferrari », mais aussi Fiat). Avec le Spider, on est dans les courbes sexy, l’élégance italienne, la Dolce Vita version haut de gamme, tout en gardant une certaine sportivité grâce à ces doubles optiques avant (seul point commun stylistique avec le coupé).

Présentée en mars 1967, le coupé était le fruit du travail de Bertone. Lignes plus tendus, taille plus imposante et proposant 4 vraies places, il offrait un visage moins futile, et plus bourgeois sans doute. Pininfarina avait bien tenté de proposer sa vision du coupé, c’est Bertone qui remportait la mise : une manière pour Fiat de ménager la chèvre et le choux, et de faire travailler deux carrossiers/designers utiles.

Le projet Pininfarina pour un coupé !

Cette mise en concurrence donnait quelque chose d’assez positif : l’émulation, certes, mais aussi deux philosophies perceptibles à l’oeil nu pour une base technique identique. Certes, le Spider plus léger et plus court offrait des performances plus grisantes que le Coupé, qui cependant n’avait pas à rougir. Il offrait simplement un aspect plus GT ! Deux salles deux ambiances on vous dit.

Fin 69, les Fiat Dino (coupé et Spider) seront revus et modernisées, sans changer particulièrement leurs styles. En revanche, le moteur passait à 2,4 litres et 180 chevaux. Chouette ! Si ma préférence va aujourd’hui au Spider, il n’en était pas vraiment le cas à l’époque, la clientèle choisissant surtout le coupé Bertone. En 2 litres, le Spider se vendit à 1163 exemplaires tandis que le coupé trouvait 3670 clients. En 2.4 litres, le Spider fut diffusé à 420 unités, le coupé à 2398 ! Match gagné pour Bertone. En 1972, les deux quittaient définitivement les lignes de production, sans descendance directe.

Aujourd’hui, ces « sous-Ferrari » ont la cote ! Les coupés s’arrachent déjà à prix d’or, et les Spider encore plus, vue leur rareté (et leur agrément finalement sans doute un peu supérieur pour qui aime le cabriolet et se fout des places supplémentaires), sans parler de leur ligne pour moi plus réussie que celle du Coupé. Il vous faudra une bonne bourse, bien remplie, pour vous offrir l’un ou l’autre, sans compter l’entretien particulier de leur mécanique… Mais bon, on aime ou pas ?

Paul Clément-Collin

Paul Clément-Collin

Paul Clément-Collin est une figure reconnue du journalisme automobile français. Fondateur du site culte Boîtier Rouge, sacré meilleur blog auto aux Golden Blog Awards 2014 et cité parmi les médias auto les plus influents par Teads/eBuzzing et l’étude Scanblog Advent, il a ensuite été rédacteur en chef de CarJager et collaborateur de Top Gear Magazine France. Journaliste indépendant, spécialiste des voitures oubliées, rares, iconiques ou mal-aimées, il cultive une écriture passionnée et documentée, mêlant culture auto, design, histoire et anecdotes authentiques, et intervient également sur des événements majeurs comme le Mondial de l’Auto.

Autos similaires en vente

FIAT Dino 2000 1968 occasion
FIAT Dino 2000 1968 occasion
FIAT Dino 2000 1968 occasion
FIAT Dino 2000 1968 occasion
FIAT Dino 2000 1968 occasion
FIAT 850 Sport Spider 1972 occasion
FIAT 850 Sport Spider 1972 occasion
FIAT 850 Sport Spider 1972 occasion
FIAT 850 Sport Spider 1972 occasion
FIAT 850 Sport Spider 1972 occasion
FIAT 500 Trasformabile 1970 occasion
FIAT 500 Trasformabile 1970 occasion
FIAT 500 Trasformabile 1970 occasion
FIAT 500 Trasformabile 1970 occasion
FIAT 500 Trasformabile 1970 occasion
FIAT 1200   1962 occasion
FIAT 1200   1962 occasion
FIAT 1200   1962 occasion
FIAT 1200   1962 occasion
FIAT 1200   1962 occasion

Carjager vous recommande

Capture-decran-2025-02-10-121144.jpg
Nicolas Fourny / 12 nov. 2025

Le plus bel âge de la Fiat Croma 8ttoV

« La Croma 8ttoV, si elle avait été industrialisée, n’aurait de toute façon conquis que quelques hurluberlus en mal d’exotisme »
Fiat
Italienne
V8
Capture-decran-2024-12-23-a-17.57.18.png
Carjager / 12 nov. 2025

Fiat 1200 Spider: Un classique intemporel à s'offrir

La Fiat 1200 Spider, lancée en 1959, incarne à la perfection le charme des roadsters italiens des années 60. Avec son design élégant et son moteur 4 cylindres vaillant, ce modèle a séduit une génération d’amateurs de conduite en plein air, à la recherche d’une expérience pure et conviviale. Nous vous présentons ici une Fiat 1200 Spider de 1960 dans un état exceptionnel, un modèle qui a traversé les décennies avec grâce.
Classic
Italienne
Fiat-600-Multipla-07.jpeg
Paul Clément-Collin / 12 nov. 2025

Fiat 600 Multipla : le premier monospace

Il est de bon ton de flinguer la Fiat Multipla présentée en 1996 sous forme de concept puis en 1997 dans sa version définitive. Look étrange, roues aux quatre coins, elle avait pourtant de nombreuses qualités. Elle cherchait en outre à rester digne de son aïeule, la Fiat 600 Multipla, présentée 40 ans plus tôt en 1956. Les aficionados du Chrysler Voyager ou de la Renault Espace continuent à se battre pour savoir qui a inventé le concept, alors que la solution se trouve dans les années 50, à Turin, avec cette fameuse Fiat 600 Multipla révolutionnaire.
600 Multipla
Classic
Fiat
Fiat-124-Sport-Coupé-01.jpg
Carjager / 12 nov. 2025

Fiat 124 Sport Coupé : le petit coupé mal aimé

Peut-être l’avez-vous remarqué, l’essence de cette rubrique Autokultur est de faire découvrir des autos ou des histoires peu connues, mais aussi de parler des oubliées et mal-aimées. Si une marque cristallise bien cet aspect de mal-aimée, surtout en collection, il s’agit bien de Fiat. Pourtant, la firme italienne a sorti bon nombre de coupés, cabriolets et petites sportives.
124
Classic
Coupé
Fiat-130-Berlina-06.jpeg
Nicolas Fourny / 12 nov. 2025

Fiat 130 : une perdante magnifique

Rêvons un peu : imaginez qu’au prochain Salon de Genève, Fiat présente une berline tricorps de cinq mètres de long, animée par un six-cylindres à essence de 300 chevaux, tout en proclamant que son nouveau modèle ambitionne de concurrencer la Mercedes-Benz Classe E et la BMW Série 5. Il ne fait guère de doute qu’une telle initiative laisserait dubitatif plus d’un observateur, tant l’image de la firme turinoise semble associée pour l’éternité aux automobiles populaires et accessibles au plus grand nombre. Pourtant, il n’en a pas toujours été ainsi et, il y a un peu plus de cinquante ans, les Italiens s’efforçaient encore de croiser le fer avec les grandes routières germaniques, et pas seulement chez Lancia, Maserati ou Alfa Romeo : en témoigne la trajectoire atypique de la 130, une voiture qui — comme tant d’autres — aurait mérité mieux que le cuisant échec commercial qu’elle a connu !
130
Classic
Fiat
Moretti-850-Sportiva-04.jpeg
Carjager / 12 nov. 2025

Moretti 850 Sportiva : une Fiat en tenue de gala

Fiat n’a pas toujours une bonne réputation, à tort sans doute. Il faut dire que la vénérable marque turinoise a souvent fait le grand écart entre production populaire (Fiat 500 ou 600) et modèles d’exception (Fiat Dino par exemple). Ainsi, malgré d’excellentes automobiles, des moteurs pétillants et des designs sympathiques, Fiat reste pour beaucoup une marque un peu trop roturière. Pourtant, bien de ses modèles sont à découvrir (ou re-découvrir) tandis que quelques sorciers (comme Abarth) se sont souvent penchés sur leur cas. En l’espèce, c’est l’artisan Moretti qui s’est attaqué à la 850, livrant un séduisant modèle dénommé Sportiva.
Classic
Fiat
Italienne
Fiat-128-Berlina-01.jpg
Carjager / 12 nov. 2025

Fiat 128 : modernité et succès planétaire. 

En 1969, Fiat présente sa 128 et entre assez tardivement dans la modernité. L’attente valut cependant la peine car sa nouvelle venue deviendra tout de suite une excellente référence européenne. Mieux encore, elle se retrouvera sur les marchés du monde entier et, dans ses différentes variantes, sera même produite pendant près de quarante ans !
128
Fiat
Italienne
Fiat-Ritmo-1-03.jpeg
Carjager / 12 nov. 2025

Fiat Ritmo : espèce en voie de disparition

Après s’être mis tardivement à la modernité avec sa 128, Fiat se retrouve à nouveau distancé par la concurrence à coup de hayons et de pare-chocs en plastique. Turin met alors le paquet en concevant une berline bicorps moderne munie d’une esthétique des plus singulières. Pourvue de nombreuses qualités, la Fiat Ritmo se distingua également par une piètre finition et une carrosserie biodégradable…
Classic
Fiat
Italienne

Vendre avec CarJager ?

Voir toutes nos offres de vente