Ford Capri RS 2600 : quand Capri ne faisait que commencer !
CLASSICS
AMÉRICAINE
FORD

Ford Capri RS 2600 : quand Capri ne faisait que commencer !

Par PAUL CLÉMENT-COLLIN - 12/10/2020

À l’époque où Ford était un véritable monstre du sport automobile et où sa mythique Mustang chamboulait la donne automobile, un coupé à l’américaine et aux proportions européennes devenait indispensable sur les marchés du Vieux Continent. Ainsi naquit la Ford Capri en 1969, avant de muter peu après en bête de course dans sa version RS 2600.

La Ford Capri reprend le rôle d’une Mustang à l’européenne…

Un pur-sang pour l’Europe

Que d’éclat pour Ford dans les années 1960 en matière de sport automobile ! La Ford Cortina Lotus ne cesse d’arracher des victoires en rallye, la Ford GT40 ne fait pas un pied-de-nez mais un insolent majeur relevé à Ferrari aux 24 Heures du Mans et le moteur mis au point avec Cosworth en Formule 1 ne cesse de squatter les podiums.  En parallèle, le constructeur lance sa célèbre Mustang en 1964. Ce concept inédit de modèle sportif « à la carte » et au tarif imbattable rencontre un succès immédiat au point d’atteindre les 100 000 ventes en seulement quatre mois. Cette Ford Mustang ne passe pas non plus inaperçue en Europe, mais son prix d’achat se voit plombé par des taxes d’importation, auxquelles s’ajoutent également celles que génère sa puissance fiscale élevée. 

Les filiales européennes de Ford n’ont donc plus aucune excuse pour ne pas offrir au Vieux Continent un coupé accessible et aux prétentions plus en phase avec les mœurs automobiles qui y règnent. Clin d’œil à la cousine transatlantique et fidèle à la famille des Pony Cars qu’elle a créée, le nom de Colt (poulain en anglais) est retenu pour le futur modèle. Cette dénomination n’est toutefois pas exploitable, car déjà déposée par Mitsubishi. C’est donc le patronyme de Capri, auparavant utilisé par Ford UK pour désigner la version coupé de la Ford Consul, qui est choisi. Concernant le style, les filiales britannique et allemande de la marque de Dearborn se lancent chacune dans leur interprétation de la ligne… pour que le projet de la maison-mère américaine soit finalement approuvé. 

L’auteur n’est d’ailleurs ni plus ni moins que Philip T. Clark, le père de la Ford Mustang en personne ! Un prix d’achat compétitif reste l’argument majeur pour ce coupé destiné à un large panel de clientèle. Ainsi, des bases mécaniques existantes et éprouvées sont utilisées. La nouvelle Ford Capri est dévoilée au public lors du Salon de Bruxelles en janvier 1969. Elle propose une gamme de finitions et d’options très large pour l’époque. Les motorisations, qui diffèrent entre les gammes allemande et britannique, s’échelonnent entre un petit 1 300 cm3 et un V6 de 2 000 cm3. Quelle que soit la puissance, la ligne de la Capri est une réussite et son habitabilité, encore rarement vue sur un coupé, lui confère une belle polyvalence. Ainsi, la Ford Capri peut ratisser large en misant plus sur son image que sur un véritable tempérament sportif.          

Dévergondage !

Afin de procurer une aura plus sportive à la Ford Capri, la palette de motorisations est revue à la hausse. Ainsi, un V6 de 2 300 cm3 apparaît au sein de la gamme fabriquée en Allemagne, tandis que les modèles construits au Royaume-Uni peuvent être équipés d’un V6 Essex de 3 000 cm3 développant 138 chevaux. La Mustang s’étant fréquemment illustrée en compétition, la Capri ne peut s’y soustraire. Ainsi, le directeur de la compétition de Ford, Jochen Neerpasch, lance la conception d’une variante destinée à courir en groupe 2. Le fruit de ce travail apparaît en mars 1970 sous la forme de la Capri RS 2600. La cylindrée est de 2 637 cm3 pour développer 150 chevaux. Rabaissée, elle est également équipée d’une carrosserie allégée lui permettant de réduire son poids à 900 kg. 

La RS 2600 est d’abord fabriquée en petite série, destinée à une clientèle de coureurs afin de pouvoir être homologuée en rallye. Elle préfigure toutefois un modèle de plus grande diffusion qui apparaît en septembre 1971. Les parties allégées de la carrosserie ont laissé place à des éléments en tôle tandis que les vitres en plexiglas ont été remplacées par des modèles en verre. Le poids atteint donc 1080 kg mais les performances restent honorables avec plus de 200 km/h en vitesse de pointe, notamment grâce à un système d’injection mécanique de type Kugelfischer. Côté accélérations, la Capri RS 2600 fait mieux qu’une Porsche 911S alors qu’elle ne coûte même pas la moitié de son prix d’achat. Extérieurement, elle se distingue par ses quatre optiques avant de forme circulaire, ses pare-chocs avant et arrière en deux parties et ses jantes Richard Grant à bâtons. L’habitacle se montre cossu, tout de noir vêtu et se pourvoit de deux sièges baquet

Succès en pagaille !

Alors que la Ford Capri RS 2600 « civile » entre à peine dans les concessions, son homologue de course ne manque pas de faire remarquer son turbulent caractère en remportant par deux fois le Championnat d’Europe de Tourisme, tout comme les 24 Heures de Spa-Francorchamps pour les éditions de 1971 et 1972. Cette même année, la Capri RS 2600 remporte également les 24 Heures du Mans dans sa catégorie. En parallèle, la Ford Capri de série est un véritable triomphe commercial. Les cadences de production n’ont cessé d’augmenter afin de répondre à une demande inédite pour un coupé et qui dut patienter quelque temps avant de pouvoir être contentée. En septembre 1972, la Ford Capri reçoit un petit coup de bistouri. À l’instar du reste de la gamme, la RS 2600 reçoit des feux arrière considérablement élargis, au-dessous desquels prend place un bouclier d’une seule pièce. Celui-ci a d’ailleurs troqué ses chromes pour du noir mat, tout comme les petits pare-chocs avant qui intègrent désormais les clignotants. Un écusson « 2600 V6 » prend place au bas des ailes avant tandis qu’un nouveau tableau de bord surmonté d’un nouveau volant prend place à l’intérieur. Quelques aménagements mécaniques interviennent également afin de calmer les nerfs du moteur et d’en réduire la consommation de carburant, à l’instar du montage d’une injection de type C1, au lieu de B1. En août 1973, c’est une RS 2600 qui a l’honneur d’être la millionième Ford Capri produite.      

Capri RS 2600, c’est fini !

À partir du choc pétrolier d’octobre 1973, auquel s’ajoutent des restrictions de circulation et une uniformisation des limites de vitesse, la gourmande, turbulente et exclusive Ford Capri RS 2600 ne rentre plus dans les nouveaux standards de l’automobile. L’arrivée de la nouvelle Capri II sur les chaînes de production, fin 1973, marque l’abandon de la RS 2600 au terme de 3 532 exemplaires fabriqués. Dans des versions plus sages, et malgré un contexte automobile morose, la Ford Capri poursuit sa carrière couronnée de succès commercial. Il fallut toutefois attendre l’apparition de la Capri 2.8 Injection en mars 1981 pour trouver une vraie remplaçante de la RS 2600. En 1986, Capri, c’est vraiment fini après 1 886 647 unités assemblées. Un chiffre exceptionnel pour un coupé !

Texte : Aurélien Charle

 

Autos similaires en vente

Ford Mustang Cabriolet Pack Gt 0
Ford Mustang Cabriolet Pack Gt 1
Ford Mustang Cabriolet Pack Gt 2
Ford Mustang Cabriolet Pack Gt 3
Ford Mustang Cabriolet Pack Gt 4
Ford Mustang Cabriolet 0
Ford Mustang Cabriolet 1
Ford Mustang Cabriolet 2
Ford Mustang Cabriolet 3
Ford Mustang Cabriolet 4
Ford Thunderbird 0
Ford Thunderbird 1
Ford Thunderbird 2
Ford Thunderbird 3
Ford Thunderbird 4
Ford Mustang 0
Ford Mustang 1
Ford Mustang 2
Ford Mustang 3
Ford Mustang 4

Carjager vous recommande

Ford Mustang 289 Ci Code C 1965 : L’icône américaine au charme intemporel
15 oct. 2024

Ford Mustang 289 Ci Code C 1965 : L’icône américaine au charme intemporel

Vous rêvez d’une Ford Mustang 289 Ci Code C 1965 ? Votre rêve pourrait bien devenir réalité ! Découvrez tous les détails de cette auto proposée aux enchères sur CarJager.
FORD
Ford Mustang 289Ci 1967 : la légende américaine en pleine renaissance
01 oct. 2024

Ford Mustang 289Ci 1967 : la légende américaine en pleine renaissance

Vous rêvez d’une Ford Mustang 289Ci ? Votre rêve pourrait bien devenir réalité ! Découvrez tous les détails de cette voiture mythique proposée aux enchères sur CarJager.
AMÉRICAINE
CLASSICS
FORD
Ford Comète et Monte Carlo : coupés météoriques fabriqués chez Facel
PAUL CLÉMENT-COLLIN / 01 sept. 2022

Ford Comète et Monte Carlo : coupés météoriques fabriqués chez Facel

Ford sans ovale, V8 sans puissance, design italien signé Farina, produite par Facel, et terminant sa carrière météorique sous le logo Simca : voilà une histoire tumultueuse pour une voiture qui ne sera produite qu’entre 1951 et début 1955, j’ai nommé la Ford Comète.
TÉMOIGNAGES
4 voitures de gangsters pour s’encanailler
PAUL CLÉMENT-COLLIN / 12 août 2022

4 voitures de gangsters pour s’encanailler

Qui n’a jamais joué au Gendarme et au voleur, préférant parfois le rôle du méchant plutôt que celui, trop simple, du représentant de la loi ? Souvent d’ailleurs, dans les films comme dans la réalité, les gangsters s’offrent des voitures bien plus désirables que celles, plus communes, des policiers. Voici donc quatre voitures de canailles à collectionner d’urgence.
ALLEMANDE
FRANÇAISE
GUIDE
Ford Capri : la Mustang européenne !
04 août 2022

Ford Capri : la Mustang européenne !

La Ford Capri est une voiture piège pour un blogueur comme moi : impossible de ne pas en parler, mais impossible aussi de ne pas faire d’erreurs, tant elle utilisera de moteurs différents, sur 3 générations, plusieurs continents, et tout au long d’une carrière qui ne se terminera qu’en 1986, presque 17 ans après son lancement. Aussi n’attendez pas de moi une liste exhaustive des machines qui trouveront place sous son capot.
AMÉRICAINE
CLASSICS
Ford Vedette : un exotisme éphémère
Nicolas Fourny / 31 août 2020

Ford Vedette : un exotisme éphémère

Chacun se souvient de la chanson de Jacques Brel, Ces gens-là, dans laquelle le poète belge étrillait la médiocrité d’une certaine petite-bourgeoisie, « … qu’aimerait bien avoir l’air, mais qui a pas l’air du tout… ». Il y a un peu de ça dans la Ford Vedette, qui fut l’enfant de plusieurs mondes. Durant sa courte carrière, elle aura tenté, avec un certain succès, de flatter les instincts d’un certain public frustré par de bien sombres années et avide de retrouver le goût d’une forme de prospérité — et tant pis si cette dernière ressemblait un peu à ces bijoux en zirconium qui, de loin, peuvent éventuellement passer pour des diamants. Toutefois, si l’on oublie un instant les sinuosités de sa naissance et les aspects parodiques de sa complexion, il reste à apprécier une auto fort attachante dans l’absolu et dont la dégaine d’américaine en réduction ne manque pas de charme…
AMÉRICAINE
FORD
Ford Mustang 184 : la réplique parfaite de Joël
PAUL CLÉMENT-COLLIN / 15 janv. 2020

Ford Mustang 184 : la réplique parfaite de Joël

Cannes, 1966 : Un homme et une femme remporte la Palme d’Or tandis que Claude Lelouch rentre au panthéon des réalisateurs mythiques du cinéma français. Au menu, une histoire d’amour passionnée entre deux veufs a priori inconsolables. En second rôle marquant, une Ford Mustang de 1965 siglée “écurie Ford France” et flanquée du numéro 184. Normand, Deauvillais et amateur de Mustang, Joël s’est mis en tête de réaliser l’exacte réplique de celle du film, disparue dans un incendie en 1967, sur la base d’un modèle 1966 (seul écart par rapport à l’originale). Rencontre.
AMÉRICAINE
COUPÉ
FORD
Shelby Mustang GT350 1965 : poney frappé du cobra
PAUL CLÉMENT-COLLIN / 07 déc. 2017

Shelby Mustang GT350 1965 : poney frappé du cobra

Je vais vous paraître dingue, mais je ne serai jamais collectionneur de Ford Mustang… Malgré ma participation en juin dernier aux Mustang Days à Magny-Cours, où j’ai pu apprécié l’ambiance américaine et bon enfant des amateurs de poneys sauvages, je ne suis toujours pas convaincu par la bête. Attention, je n’ai pas dit que je n’aimais pas, ni qu’elle n’avait pas des qualités, mais je trouve presque « trop facile » de la collectionner : zéro prise de risque, cote d’amour toujours au top, acheter une Mustang c’est autant un plaisir qu’un placement. Je sais, j’exagère, mais vous voyez sans doute ce que je veux dire : aimer les Mustangs est à la portée de tout le monde, et n’importe qui dans la rue saura dire « oh une Mustang ». Pourtant, je l’admets, un modèle en particulier sort du lot à mes yeux : la Shelby Mustang GT350 de 1965 !
AMÉRICAINE
FORD
Ford Mustang Wagon by Intermeccanica : l'occasion manquée
PAUL CLÉMENT-COLLIN / 27 mars 2017

Ford Mustang Wagon by Intermeccanica : l'occasion manquée

Une Ford Mustang, c’est sympa, mais tout le monde en a (ou presque, j’exagère). Moi ce que j’aime, c’est les modèles étranges, étonnants, rares ou dans une configuration spécifique. Comment alors mêler le plaisir de posséder une Mustang avec la recherche d’une exclusivité et d’une histoire originale ? Peut-être en se mettant en quête de l’unique exemplaire de la Ford Mustang Wagon réalisée en 1965 par l’officine encore italienne Intermeccanica ?
AMÉRICAINE
BREAK
FORD

Vendre avec CarJager ?

Voir toutes nos offres de vente