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Ford Falcon Econoline E-Series: le premier d'une longue lignée
PAUL CLÉMENT-COLLIN - 15 avr. 2016Il faut parfois avouer son ignorance… et c’est en cherchant totalement autre chose que je suis tombé sur cette drôle de machine au look assez extraordinaire fabriquée par Ford dans les années 60, l’Econoline. Rien que le nom sent bon une époque, celle des publicités de la collection de Paris Match des années 50 et 60 de mon oncle que je feuillette régulièrement, celle des tables en Formica, des Frigidaires, des Transistor Brandt et des télés noir & blanc. Un monde révolu de croissance et de consommation qui n’en oublie pas d’être pratique et économique pour la ménagère en particulier et pour le foyer en général.
Alors qu’en 1960 sort la Falcon, une voiture qui, selon les standards américains se veut de taille moyenne pour la classe moyenne, Ford décide d’en dériver une version plus utilitaire, pas seulement : l’Econoline, en vente à partir de septembre 1960. En l’espèce, l’Econoline se décline en 3 versions : Van, Station Bus et Pick Up. Avec ce nouveau produit, Ford espère concurrencer Volkswagen et son Typ 2, le fameux Combi, dans la catégorie des utilitaires et minibus compacts.
Cette catégorie, jusque là délaissée car jugée négligeable pas les constructeurs américain, a pris de plus en plus d’importance au fur et à mesure que le Volkswagen Combi prenait son essor outre-atlantique. A la fin des années 50, Ford ne peut plus ignorer un marché de cet ampleur, et laisser seul le constructeur allemand sur ce créneau.
Assez rapidement, l’Econoline trouva son public, malgré un design plutôt surprenant pour des américains, très « à l’européenne » avec son moteur sur l’essieu avant sous les places avant, et cette face avant sans capot moteur. Heureusement, le Combi de VW avait préparé le terrain pendant près de 10 ans. Une fois le marché mûr, Ford s’y engouffrait, copiant le concept sans vergogne (sauf le moteur à l’arrière, qui resta l’apanage de VW).
Cependant, on est américain ou on ne l’est pas. Avec l’Econoline, on ne trouve que des L6 sous… les pieds. A son lancement, il recevait un 144ci de 74 ch (1961) qui passa à 79 ch l’année suivante (1962-1964) pour remplacer le 170ci de 79 ch (1961) qui lui passait à 85 ch (1962-1965) puis à 89 ch (1966-1967). En 1965, un gros 240ci vint aussi prendre place sous le plancher, développant (1965-1967). Voilà pour les moteurs, tous accompagnés d’une boîte automatique ou manuelle 3 vitesses.
Côté carrosserie, il faut noter un nombre extraordinaires de variantes tout au long de sa carrière, comme il est courant avec les utilitaires, cependant, une version a particulièrement attiré mon attention : la Station Bus qui deviendra à partir de 1963 la Falcon Club Wagon, quasiment présentée au public comme une version « familiale » (Monospace n’est pas encore un mot utilisé à l’époque) de la berline Falcon. Mine de rien, les Station Bus/Club Wagon représenteront près d’1/5ème de la production de l’Econoline (94 560 exemplaires). Bien sûr, la modularité au sens où on l’entend n’était pas encore là, mais les Club Wagon étaient bel et bien vantés comme des « voitures à vivre » si vous me permettez l’anachronisme et le plagiat d’une célèbre marque française.
Notez aussi qu’il existait un dérivé Mercury, appelé lui-aussi Econoline, mais produit à Oakville dans l’Ontario (et non à Lorain, dans l’Ohio), et distribué uniquement au Canada entre 1962 et 1965. Contrairement aux Etats-Unis, l’Econoline ne rencontra pas un immense succès dans le grand nord, avec à peine 1300 véhicules produits la dernière année de production.
Entre ses dérivés utilitaires, tôlés, vitrés ou pick-up, et ses dérivés civils, ce sont 544 144 exemplaires qui seront vendus entre 1961 et 1967, inaugurant la lignée des E-Series encore présente aujourd’hui avec le succès que l’on sait (il arriva qu’elles furent sur une année les voitures les plus vendues de Ford). La deuxième génération de E-Series eut cependant un lancement difficile en 1968 à la suite de grèves lancées par le tout puissant syndicat de l’automobile United Auto Workers !
On remarquera l’intérieur de ce Falcon Club Wagon aménagé « camping car »Quand on voit aujourd’hui combien le Combi est à la mode (conduisant à la hausse des prix et à une certaine rareté), je me dis qu’il serait beaucoup plus « Boîtier Rouge » de s’offrir ce bout d’American Way of Life pour un road trip au travers de l’Europe, voire pourquoi pas des Etats-Unis. En tout cas, le passant risque bien de se retourner en voyant passer cette drôle de bête inconnue au bataillon dans nos contrées ! Alors, tentés ?