Lotus-2-Eleven : une voiture de dingue
Classics
Anglaise
Compétition
Sports Cars

Lotus-2-Eleven : une voiture de dingue

Par Paul Clément-Collin - 28/07/2022

Avec son poids plume, son moteur central, sans toit ni pare-brise, entièrement dédiée à la piste (bien que parfois homologuée route), la Lotus-2-Eleven est une dinguerie. Comment peut-on croire un seul moment au succès d’un tel modèle, à moins d’être un constructeur anglais ? Comme si l’Elise ou l’Exige d’alors ne suffisaient pas, la petite firme, alors propriété du constructeur malaisien Proton, n’hésite pas à proposer un modèle encore plus fort, encore plus radical (à défaut d’être plus joli) avec cette 2-Eleven lancée en 2007.

On aurait pu croire que le rachat de Lotus en catastrophe auprès d’un Romano Artioli alors en pleine déconfiture en 1995 avec Bugatti n’aurait donné qu’un peu de sursis à Lotus avant une faillite retentissante. Le nouveau propriétaire, l’obscur constructeur malaisien Proton, dont la production d’alors dérivait essentiellement de la gamme Mitsubishi et qui proposait en entrée de gamme une simple Citroën AX adaptée aux conditions locales, la Tiara, semblait un bien étrange candidat au rachat. Pourtant, un petit miracle allait se produire. D’une part, Proton amenait un peu d’argent frais généreusement octroyé par le gouvernement malaisien (l’entreprise était nationalisée) et par le producteur pétrolier Petronas. D’autre part, se trouvait dans les cartons un projet incroyable développé sous l’ère Artioli (et portant le prénom de sa petite-fille) : l’Elise.

Le succès de l’Elise change la donne

Grâce à l’argent de Proton, l’Elise entra en production. Le succès fut au rendez-vous, et Lotus put initier un cercle vertueux : élargir sa gamme avec une Exige encore plus sportive (un succès) puis une Europa censée être plus bourgeoise (un échec), élaborer une nouvelle version de l’Elise, la S2, et enfin développer des projets fous comme seuls les Anglais en ont l’idée : la 2-Eleven. Certes, le potentiel de cette dernière semblait réduit mais ce projet ne demandait pas beaucoup d’investissements tout en satisfaisant une clientèle dingue de circuit, de pilotage et du fameux adage de Colin Chapman, “light is right”.

Pour réaliser ce projet, Lotus va tout bêtement rassembler la structure en aluminium de l’Elise, les trains roulants de l’Exige, et le fameux 4 cylindres 2ZZ-GE issu de l’Exige S et en provenance de chez Toyota (255 chevaux). Côté carrosserie, l’air de famille est là mais la 2-Eleven ne ressemble à rien. Il y a assurément une parenté conceptuelle avec le Spider Renault de la fin des années 90, mais avec bien plus de watts et une volonté extrême d’en faire une bête de circuit. Certes, quelques exemplaires seront homologués pour la route, essentiellement en Grande-Bretagne, selon le principe cher aux Anglais de pouvoir aller de chez soi au circuit avec sa monture mais, en réalité, cette 2-Eleven n’a pas d’autres ambitions que de taquiner de l’asphalte bien lisse et pas un vulgaire bitume partagé avec n’importe quelle Renault Clio.

Une Lotus radicale respectant le light is right

Elle n’est pas vraiment belle, la 2-Eleven. Elle n’est pas moche non plus, mais n’a pas un physique facile comme dirait, c’est cela oui, Monsieur Mortez. Avec ses arceaux qui dépassent, on la sent prête à bondir plus qu’à défiler dans un concours d’élégance mais, à vrai dire, peu importe tant la voiture distille du plaisir pur dès lors que la piste est à vous. Bondissant de virage en virage, il sera difficile d’aller chercher les limites d’une voiture aussi efficace, prouvant une fois encore que 255 chevaux suffisent largement pour se faire plaisir. Enfin, ne cherchez pas de confort tant l’intérieur est minimaliste : de toute façon, elle n’est pas vraiment faite pour les longues distances et, si vous cherchez une voiture polyvalente, concentrez vos recherches sur une Elise, ou même une Alpine A110 de nouvelle génération.

Exclusive et rare

Produite pendant à peine trois années (à partir de fin 2006), la Lotus 2-Eleven est rare, mais n’est pas un échec commercial, loin de là. Entre 250 et 300 exemplaires ont été produits (le chiffre exact n’est pas connu), essentiellement en conduite à droite à destination de l’Angleterre ou du Japon (seuls pays à l’homologuer pour la route, d’ailleurs). Quelques voitures en conduite à gauche existent mais, pour une utilisation sur circuit, peu vous importera le côté du volant, non ? Voiture de passionné, on en trouve cependant un peu partout en Europe : son utilisation sur circuit n’oblige pas à une homologation et c’est tant mieux.

En tout cas, si vous avez le budget et que le circuit vous tente plus que la balade, la 2-Eleven est faite pour vous. Radicale, inconfortable et tellement attachante, elle n’est pas si chère à l’achat mais oblige à bien d’autres frais : entretien de spécialiste, garage pour la stocker, remorque ou plateau pour l’emmener sur les circuits de France et de Navarre. Bref, un joujou extra, qui fait crac boum hue, mais qui n’est pas à la portée de tout le monde (sans parler des exigences requises en termes  de pilotage). Sachez que depuis 2015, Lotus produit une 3-Eleven dont nous reparlerons.

Paul Clément-Collin

Paul Clément-Collin

Paul Clément-Collin est une figure reconnue du journalisme automobile français. Fondateur du site culte Boîtier Rouge, sacré meilleur blog auto aux Golden Blog Awards 2014 et cité parmi les médias auto les plus influents par Teads/eBuzzing et l’étude Scanblog Advent, il a ensuite été rédacteur en chef de CarJager et collaborateur de Top Gear Magazine France. Journaliste indépendant, spécialiste des voitures oubliées, rares, iconiques ou mal-aimées, il cultive une écriture passionnée et documentée, mêlant culture auto, design, histoire et anecdotes authentiques, et intervient également sur des événements majeurs comme le Mondial de l’Auto.

Autos similaires en vente

LOTUS Elite Série Ii 1962 occasion
LOTUS Elite Série Ii 1962 occasion
LOTUS Elite Série Ii 1962 occasion
LOTUS Elite Série Ii 1962 occasion
LOTUS Elite Série Ii 1962 occasion
LOTUS Seven Cabriolet 1962 occasion
LOTUS Seven Cabriolet 1962 occasion
LOTUS Seven Cabriolet 1962 occasion
LOTUS Seven Cabriolet 1962 occasion
LOTUS Seven Cabriolet 1962 occasion
LOTUS Europa S2   1967 occasion
LOTUS Europa S2   1967 occasion
LOTUS Europa S2   1967 occasion
LOTUS Europa S2   1967 occasion
LOTUS Europa S2   1967 occasion
LOTUS Esprit 2.2 Turbo Turbo Essex Commemorative Edition 1981 occasion
LOTUS Esprit 2.2 Turbo Turbo Essex Commemorative Edition 1981 occasion
LOTUS Esprit 2.2 Turbo Turbo Essex Commemorative Edition 1981 occasion
LOTUS Esprit 2.2 Turbo Turbo Essex Commemorative Edition 1981 occasion
LOTUS Esprit 2.2 Turbo Turbo Essex Commemorative Edition 1981 occasion

Carjager vous recommande

Lotus-Esprit-S1-Wet-Nellie-11.jpeg
Paul Clément-Collin / 12 nov. 2025

Lotus Esprit S1 “Wet Nellie” : un sous-marin pour 007

Qui n’a jamais rêvé, petit, d’une voiture qui se transformerait en avion ou, pourquoi pas, en sous-marin ? Ceux qui comme moi, dans les années 70 ou au début des années 80, ont vu et revu en salle ou à la télévision “L’espion qui m’aimait” (The Spy who loved me) font sûrement partie de cette catégorie de petits rêveurs et il en reste encore quelque chose la quarantaine bien sonnée. Soyons honnête : la Lotus Esprit faisait déjà bigrement envie avec seulement 4 roues, alors forcément, une fois passée chez Q et dotée d’une fonction sous-marin, on n’est pas loin du fantasme. Voici donc la petite histoire de la Lotus Esprit de James Bond, surnommée Wet Nellie.
Classic
James Bond
Lotus
Lotus-Europe-S2-typ-54-01.jpeg
Paul Clément-Collin / 12 nov. 2025

Lotus Europe : coeur de Renault 16

Après avoir installé la marque Lotus avec la Mark VI puis la Seven et développé les ventes avec l’Elan, Colin Chapman se lance, au début des années 60, dans un nouveau projet : une sportive plus abordable que l’Elan, histoire d’élargir encore le potentiel de la petite marque anglaise. La Grande Bretagne connaissait Lotus, place désormais au continent, avec un modèle emblématique, l’Europe.
Colin Chapman
Collector
Light Is Right
Lotus-Elite-57-63-01.jpg
Paul Clément-Collin / 12 nov. 2025

Lotus Elan : le premier best-seller de Colin Chapman

Si la Seven conserve les faveurs des non-spécialistes de Lotus, bien aidée en cela par les productions de Caterham plus que par celles de Colin Chapman, le vrai best-seller de la petite firme britannique s’appelle l’Elan. Cette voiture porte particulièrement bien son nom, puisqu’elle donnera un véritable élan commercial à l’entreprise qui, grâce à elle, sortira de l’anonymat et d’une clientèle de spécialistes pour toucher un public bien plus large. Appliquant à la lettre la doctrine du patron, « Light is right », l’Elan offre en sus un minimum de confort (en tout cas plus que la Seven) tout en offrant le maximum de sensations.
Anglaise
Elan
Lotus
Lotus-Mk-I-01-Hazel-Chapman.jpg
Carjager / 12 nov. 2025

Lotus Mark VI : aux origines de la Seven

Colin Chapman devint constructeur automobile par défaut car en réalité, c’était la compétition automobile qui l’intéressait le plus. Cependant, il comprit assez vite l’intérêt de produire et vendre des voitures : cela permettait de financer les activités sportives et d’accroître sa notoriété tout en offrant à sa clientèle des voitures de course homologuées sur route (on pouvait ainsi se rendre sur les lieux de la compétition au volant de sa propre voiture). Si la Lotus Seven a marqué les esprits, la production « en série » débuta quelques années plus tôt avec la Lotus Mk VI, sorte de brouillon de la 7 qui connut son petit succès entre 1952 et 1956.
Anglaise
Lotus
Mark Vi
maxresdefault-1.jpeg
Carjager / 12 nov. 2025

éX-Driver : et si c'était ce qui nous attend ?

Ceux qui me connaissent bien savent que j’ai trois grosses passions : les bagnoles, les Lego et la japanimation à peu près dans cet ordre. Et à force de suivre l’actualité automobile, notamment concernant la voiture autonome et la voiture électrique, il m’est revenu en tête une obscure mini-série (6 épisodes) produite en 2000 qui dépeint un tableau qui pourrait paraitre pour certains effrayant, mais que je vois de plus en plus réaliste.
Impreza 22b Sti
Lancia
Lotus
Elite-01.jpg
Paul Clément-Collin / 12 nov. 2025

Lotus Elite: la difficile montée en gamme de Chapman

La Lotus Elite est une étrange voiture ! Symbole de la montée en gamme de la petite marque anglaise, affublée d’une ligne particulièrement originale (une sorte de break de chasse en vogue en Angleterre à l’époque, lire aussi : Reliant), motorisée par une mécanique moderne et performante, elle sera totalement éclipsée dans les souvenirs ou les rêves des amateurs par la Lotus Esprit signée Giugiaro !
Anglaise
Chapman
Lotus
LOTUS.jpeg
Paul Clément-Collin / 12 nov. 2025

Lotus Seven : le vilain petit canard de la famille

A force d’entendre parler de la Lotus Seven, et d’en voir rouler des modèles Caterham, j’avais finit par croire que la petite Lotus avait connu un incroyable succès. Pourtant, la production de la 7 sous le blason Lotus resta relativement modeste durant les 16 ans de son existence (de 1957 à 1973). En tout, 2592 exemplaires (seulement) de la Lotus Seven sortirent des chaînes de Chesthunt puis Hethel.
Cabriolet
Ford
Mark Vi

Vendre avec CarJager ?

Voir toutes nos offres de vente