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Opel Kadett A Caravan: une bonne entrée en matière

PAUL CLÉMENT-COLLIN - 2 déc. 2017

S’il y a une chose qui fait plaisir, c’est de débarquer en essai presse et de constater que le constructeur a tout compris à la démarche de Boîtier Rouge. Si l’Opel Grandland X nous intéressait pour plein de raisons que vous découvrirez bientôt, nous ne pouvions que tomber sous le charme de la Kadett A Caravan du staff de la marque au blitz, siglée « Opel French Team ».

La Kadett A version Berline (en haut, à l’usine de Bochum) et en version coupé (en bas)

Marc Azzolini est un homme comme on est les aime chez Boîtier Rouge. Il a 15 idées par minute, toutes plus folles les unes que les autres, et sait convaincre ses clients malgré son apparente folie. Son agence Azo travaille avec Opel depuis un paquet d’année, et avec les sorties des nouveaux SUV Crossland X et Grandland X, il s’est dit qu’il ne serait pas idiot de mettre un peu d’histoire dans chaque événement de présentation. Il se met alors en quête de la parfaite « voiture d’orga », pour dénicher finalement cette élégante Kadett A Caravan en parfait état, qu’il laissera dans son jus, mis à part les stickers rajoutés pour les événements.

La Caravan n’est pas comparable à un SUV d’aujourd’hui, ce serait anachronique, tout comme il n’existait pas encore de MPV. Pourtant, la philosophie, hormis le look de baroudeur, pourrait s’en rapprocher : espace, modularité, praticité, tout en ayant un look relativement agréable et différenciant ! Voilà comment ce dérivé de Kadett A se retrouve dans les Alpilles à chaque lancement presse Opel depuis cette année.

La Caravan faisait partie d’un plan produit ambitieux en ce début des années 60 : 4 « versions » de la Kadett (la berline, la berline « Luxe », le coupé, la Caravan) pour aller chatouiller la vedette de Wolfsburg, la vénérable Cox. Plus facile à conduire, avec son moteur à l’avant (elle reste cependant propulsion), avec une ligne plus moderne et surtout des déclinaisons plus variées, la Kadett A, première d’une longue série (si l’on oublie la Kadett d’avant-guerre), va ramener Opel dans la course après des années d’après-guerre difficiles. A tel point que Heinrich Nordhoff, patron de Volkswagen et ancien de la maison de Russelheim, mettra en garde ses salariés à propos de l’offensive du blitz !

En 1962, la Kadett 2 portes déboule, suivie en mars 1963 des Kadett L (luxe) et Caravan (break 3 portes), puis en octobre de la même année de l’anecdotique coupé. Tous ces modèles disposent d’un unique moteur, un 4 cylindres de 993 cc délivant 40 vaillants chevaux (48 pour les versions 1000 S apparue fin 1963). Vous l’aurez compris, la familiale, c’était la Caravan… mais c’était aussi la commerciale. En bref, une voiture à tout faire, pratique et vaste, « la parfaite anti-Volkswagen » (einen perfekten anti-VW comme on disait chez Opel à l’époque).

Justement, la Kadett tombait parfaitement, et malgré une carrière assez courte (la Kadett B lui succédera en 1965 avec notamment une opportune version 4 portes), elle fit de son mieux pour tailler des croupières à cette insolente Käfer : en tout, 649 512 Kadett A furent produites dans la toute nouvelle usine de Bochum, de 1962 à 1966, dont 53 468 coupés, et 126 616 Caravan.

Revenons justement à notre Caravan du jour. Marc nous fit faire le tour du propriétaire avec un humour assez proche de celui que nous pratiquons entre nous et c’est donc rigolards que nous nous apprêtions à prendre le volant de cette vénérable Kadett A, l’une des premières en version break ! Certes, la mamie est dans son jus, mais la peinture est préservée, elle est exempte de rouille, l’intérieur est presque neuf, et surtout, elle démarre au quart de tour. Il y a peu (j’y reviendrai), j’ai conduit un Renault Colorale très difficile à prendre en main, notamment à cause d’une boîte de vitesse pas très intuitive. Je m’attendais à ce genre de difficulté avec la Caravan et je fus donc surpris de l’extrême facilité avec laquelle elle se laissait faire. Bon évidement, les 40 chevaux, la boîte 4 vitesse, le compteur « à changement de couleur », le tableau de bord dénudé, et la difficulté dans les côtes nous rappelaient à chaque fois son âge, mais quel plaisir, et quel douceur.

Adieu toute envie de vitesse, place à la promenade toute en douceur. Le moteur est vaillant malgré tout, et il suffit d’oser rétrograder en 2, voire en 1 dans les montées pour relancer la machine. Les sièges confortables et « rebondissant » donnent l’impression d’une suspension ouatée, et la tringlerie de la boîte de vitesses permet de tout de suite trouver ses marques. A l’arrière, on peut tout faire dedans : transporter un paquet de matériel en rabaissant la banquette, ou pourquoi pas y dormir grâce à son plancher plat. Sans jamais être monté dans une Kadett A, elle devient inévitablement une madeleine de Proust, rappel d’un temps que nous avons plus ou moins connu et dont nous avons la nostalgie réelle ou fantasmée : en bref, une belle entrée en matière. De retour de notre balade, c’est presque avec dépit qu’on remonte dans une voiture moderne !

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