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Peugeot D3 et D4 : le "nez de cochon"

PAUL CLÉMENT-COLLIN - 4 janv. 2017

A l’aube des années 50, l’Europe a besoin de tout. De main d’oeuvre, de matériaux, de pétrole, de travailleurs. Quoi de mieux pour accompagner la reconstruction que des petits utilitaires à tout faire? Si en allemagne on transforme la Coccinelle en Combi, en France Citroën lance le Type H (lire aussi : Citroën Type H). Ils deviendront cultes chacun à leur manière. Mais ils ne furent pas seuls sur ce marché des durs à la tâche.

Chenard & Walcker est une marque Française née à Asnières en région Parisienne en 1899. Après avoir fabriqué des cycles, ils motorisent leurs engins pour venir naturellement à fabriquer des automobiles. Une fois la guerre finie, il faut réagir pour assurer la pérennité de la marque. Dans les ateliers de Chenard & Walcker, on est bien conscient que le pays a besoin de véhicules solides et pratiques. Après un passé automobile, et même sportif (la marque deviendra la première à inscrire son nom au palmarès des 24 heures du Mans) la firme a pris le virage de l’utilitaire et ne produit plus de véhicules de tourisme. L’usine se concentre donc sur la fabrication d’une petite camionnette de 1500 kg de charge utile mue par un petit bicylindre deux temps. Le CPV 1500 permettra à la marque de rester indépendante un temps mais n’empêchera pas son absorption totale par la Société des usines Chausson en Janvier 1950.

Chausson est actionnaire de Chenard & Walcker depuis 1936, et est lui même sous la coupe de Peugeot. Anecdotique? Pas vraiment puisque la camionnette va poursuivre sa carrière chez le constructeur sochalien. Le deal n’est pas nouveau, jusqu’ici les fourgons étaient vendus à la fois dans le réseau Chenard & Walcker et Peugeot. Chez Peugeot on décide d’en faire une vraie Peugeot. On flaire surtout la bonne affaire. Ils récupèrent à peu de frais un utilitaire dans la gamme en s’épargnant les coûteux frais de recherche et développement.

L’utilitaire est à la pointe technologiquement. Il dispose d’un châssis poutre ainsi que de 4 roues indépendantes, ce qui est rare à l’époque. Le modeste bicylindre lui, est moins en odeur de sainteté et la nouveauté de Sochaux se voit dotée d’un moteur de Peugeot 203 monté longitudinalement. Ce moulin à café, plus long que le précédent bicylindre prend plus de place. Il faut modifier l’avant avec un nouveau radiateur. « Ca dépend, ça dépasse ». Le CPV, devenu Peugeot D3A, se voit affublé d’un nouveau visage et par la même occasion d’un nouveau surnom “Le nez de cochon”.

Le Peugeot D3A est né, son moteur développe la monstrueuse puissance de 32 chevaux. Pour l’anecdote, sachez qu’il devient la première traction du constructeur. Assez rapidement, en 1952, il deviendra D3B grâce à une augmentation de sa force de frappe à 40 petits poneys sauvages. Le petit fourgon, plus petit qu’un Citroën Type H conquiert la campagne. Il est dérivé en de multiples versions, ambulance, pickup, munibus, corbillard ou panier à salade. Du plombier au policier en passant par le Postier ou les Emile Louis en herbe, toute la France reconnaît ses lignes rebondies et son fameux groin.

Le moins qu’on puisse dire c’est que la présentation et le confort ne font pas partie du cahier des charges du CPV. La présentation est.. sobre, avec un tableau de bord on ne peut plus basique. Le confort est tout relatif avec un siège conducteur droit comme un i. En 1953, Peugeot, dans un élan de générosité décide de monter en série un siège passager ! Malgré cette gentille attention, les ventes stagnent et la concurrence est rude. Pour contrer le Citroën H qui n’en possède que 3, Peugeot souhaite doter son engin d’une 4ème vitesse. Pour ce faire, ils installent le moteur de la 403, ou presque. Il s’agit d’un moteur de 403 monté avec une culasse de 203 offrant tout de même une puissance de 45 chevaux. Si cette mécanique est sûrement un peu juste pour faire un bon tour sur le Nürburgring, elle suffit pour mouvoir les 1400 kilos de la bête en tenant un petit 70 compteur. Pour marquer le coup et fêter dignement toutes ces modifications, Peugeot offre un nouveau nom au nez de Cochon qui s’appelle désormais Peugeot D4A.

Le Peugeot né Chenard & Walcker poursuivra sa tranquille carrière jusqu’en 1965. Il aura le droit à un moteur diesel Indenor en 1959 ainsi qu’à des clignotants en 1961. Au terme d’une ultime évolution il termine sa vie sous le nom de D4B et D4BD pour le diesel.

Alors, Boîtier Rouge ou pas ce Peugeot? Evidemment ! Certes il n’aura jamais l’image d’une Estafette, ne sera jamais l’ami des surfeurs comme le Combi Volkswagen, ni un food truck à la mode comme le Type H. Néanmoins, en survivant à la marque qui l’a vu naître et suite à son adoption par la famille Peugeot ce fourgon ouvrira la voie à une incroyable lignée de fourgons chez le constructeur au Lion. En 1965, après 75 000 unités produites, il laisse place au J7 également produit chez Chausson.

Sans le D3, Peugeot aurait il donné naissance aux J7, J9, J5, et autres Peugeot Expert? Rien n’est moins sûr. D’ailleurs si vous pensez que Chenard & Walcker a disparu en 1951, sachez que ce n’est pas tout à fait exact. Certes il n’y aura plus jamais de modèle frappés du logo de la marque passé cette date, mais la société existe juridiquement jusqu’en 1992 au sein du groupe Chausson. A partir de 1992, elle n’apparaît plus que sur les registres de sociétés avant de sombrer définitivement dans l’oubli lors de la fermeture de Chausson.

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