Volkswagen Golf III (Typ 1H) A59 : petite bombe sacrifiée
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Volkswagen Golf III (Typ 1H) A59 : petite bombe sacrifiée

Par Paul Clément-Collin - 06/01/2021

La Ford Escort Cosworth, la Lancia Delta Integrale, la Subaru Impreza WRX ou la Mitsubishi Lancer Evo ont fait rêver de nombreux gamins, ados et même adultes dans les années 90, avec leurs carrosseries bodybuildées, leurs moteurs turbo décoiffants et leurs transmissions intégrales. Étrangement, on ne trouvera jamais un tel modèle dans la gamme du constructeur généraliste allemand Volkswagen. Pourtant, VW était à deux doigts de se lancer en rallye dans ces années-là avec la Golf III A59, nom de code d’une voiture de rallye et de sa version route, indispensable à son homologation.

On avait déjà trouvé que la Golf II GTi s’était embourgeoisée par rapport à la GTI première du nom (malgré une rare mais convaincante version G60 Limited) mais avec la Golf III, c’était encore pire. Certes, elle disposait d’un moteur 2 litres 16 soupapes culminant à 150 chevaux mais avec le temps, elle avait pris de l’embonpoint (1 050 kg, un chiffre qui ferait pourtant rêver aujourd’hui)  et perdu toute réelle velléité sportive. Avec la Golf VR6, on trouvait un peu plus de chevaux (174) et un drôle de V6, mais là encore, le confort était privilégié, la rendant plus GT que GTI. Bref, le fun et l’explosivité n’y étaient plus. Alors, forcément, imaginer qu’une version intégrale et turbo aurait pu venir coiffer cette gamme un peu terne, cela donne bien des regrets.

Une Golf de course pour gagner le WRC

Si Volkswagen avait quitté le rallye depuis 1990 (après une décevante campagne de la Golf II, avec une seule victoire et 7 podiums en trois ans), la marque gardait tout de même un oeil sur ce championnat si rémunérateur en termes d’image de marque pour un budget bien moins lourd que celui de la Formule 1 et plus proche des productions de série. Le WRC était jusqu’alors dominé par la Lancia Delta Integrale, mais sa carrière commerciale s’apprêtait à s’arrêter (malgré les efforts de Maggiora pour convaincre Lancia de la poursuivre) : il y avait une place à prendre pour un constructeur européen face à la meute japonaise de plus en plus compétitive. Début 1992, Volkswagen décidait donc de se lancer dans l’aventure avec de grandes ambitions : remporter le championnat du monde des rallyes dès 1994.

Le développement de la Golf III, dans sa version rallye comme de route, fut confié à une vieille connaissance de Volkswagen, la société Schmidt Motorsport (SMS) qui s’occupait alors avec succès du développement et de l’engagement des Audi V8 en DTM. Bien décidés à s’imposer en WRC, VW et SMS voient les choses en grand : carrosserie en partie réalisée en carbone et en Kevlar, transmission intégrale différente du système Syncro utilisé à l’époque, développée avec Steyr-Puch, de type Haldex et moteur totalement nouveau. Plutôt que d’utiliser le 2 litres de la GTI 16S, c’est un moteur de 1 995 cc qui prend place sous le capot, gavé par un Turbo Garrett T3 permettant à la version “route” d’atteindre 275 chevaux et les 400 chevaux pour la version course.

La Golf III A59 est annulée, seuls deux exemplaires motorisés

On parle souvent de deux exemplaires réalisés durant l’année 1993 mais en réalité, deux autres exemplaires sans moteurs furent aussi construits, ainsi que deux maquettes. L’exemplaire numéro 1, ainsi qu’au moins un exemplaire sans moteur, sont conservés chez SMS (on peut les apercevoir sur leur site internet en lien en bas de l’article), tandis que l’exemplaire numéro 2 se trouve à Wolfsburg, au musée Volkswagen. Malheureusement, la production des 2 500 exemplaires de route nécessaires à l’homologation ne sera jamais lancée et il faudra attendre la Golf IV R32 pour voir une Golf réellement performante de cet acabit. 

Les raisons du revirement de Volkswagen, malgré les frais engagés, ne sont pas claires. Sans doute les choix techniques audacieux et très spécifiques auraient-ils rendu la voiture invendable, avec un prix proche de de 80 000 DM (l’équivalent de cinq Golf GTI 16S) et c’est sûrement la raison la plus réaliste. En outre, Volkswagen n’avait pas encore la santé financière insolente d’aujourd’hui. Le rachat de Skoda, l’accueil mitigé de la Golf III et les investissements consentis pour faire monter Audi en gamme avaient rendu le groupe plutôt fragile. Ferdinand Piëch décidait donc de jeter l’éponge et de renoncer à l’engagement en WRC, privant les fans de la marque allemande d’un joujou certes cher mais ultra désirable (malgré ou à cause d’un aspect très “tuning allemand”).

Un rêve inaccessible

Pour obtenir cette voiture qui ne pourra malheureusement pas rouler sur route ouverte, il vous faudra beaucoup de persuasion et un compte en banque bien garni pour convaincre SMS ou Volkswagen de vous vendre l’un des deux exemplaires motorisés. Autre solution : bricoler vous-même un kit carrosserie approchant et swapper votre Golf III mais là, pour le coup, il s’agira bien de tuning n’ayant aucune valeur en collection (sans réussir à atteindre l’efficacité de l’A59). Ne restent donc plus que les songes et la visite du musée VW (ou des ateliers SMS) pour espérer approcher la bête.

Pour des vues de la bête chez SMS : Schmidt Motorsport

Images : Volkswagen AG et SMS !

Paul Clément-Collin

Paul Clément-Collin

Paul Clément-Collin est une figure reconnue du journalisme automobile français. Fondateur du site culte Boîtier Rouge, sacré meilleur blog auto aux Golden Blog Awards 2014 et cité parmi les médias auto les plus influents par Teads/eBuzzing et l’étude Scanblog Advent, il a ensuite été rédacteur en chef de CarJager et collaborateur de Top Gear Magazine France. Journaliste indépendant, spécialiste des voitures oubliées, rares, iconiques ou mal-aimées, il cultive une écriture passionnée et documentée, mêlant culture auto, design, histoire et anecdotes authentiques, et intervient également sur des événements majeurs comme le Mondial de l’Auto.

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