Alfa Romeo Brera et Spider (939) : la difficile succession
YOUNGTIMERS
COUPÉ
ITALIENNE
YOUNGTIMERS

Alfa Romeo Brera et Spider (939) : la difficile succession

Par - 04/12/2017

Remplacer un mythe n’est jamais facile, et lorsqu’il fallut remplacer le fameux Spider (lire aussi : Alfa Romeo Spider), Alfa Romeo eut le nez creux en sortant de son chapeau les magnifiques versions 916 en GTV et Spider : certes il s’agissait de tractions, mais quelle gueule, et surtout, quels moteurs (particulièrement le V6 Busso, lire aussi : Alfa Romeo GTV 916). Alfa allait-il réitérer l’exploit en 2005 à l’heure de remplacer le 916 ? Comme Peugeot se plantant dans les grandes largeurs après un couple 504 Coupé / Cabriolet très réussi et un 406 Coupé sublime en lançant le bizarre Coupé 407, Alfa Romeo fit mentir le jamais 2 sans 3 avec une Brera qui décevra les amateurs.

Pourtant, lorsque Alfa Romeo présentait son concept Brera en 2002 au Salon de Genève, personne n’imaginait qu’il s’agirait d’un possible successeur des GTV et Spider dans la gamme. A cette époque, la Brera, dessinée par Italdesign et son maître Giugiaro, ressemblait plus à une GT performante et racée, jouant habilement avec les codes en vigueur à l’époque chez Alfa, tout en lui donnant une forte personnalité grâce à son profil de « shooting brake » et à ses portes en élytre.

Son long capot avant contrastait avec un arrière bombé, ses grosses roues posaient la voiture sur le sol et laissaient s’exprimer une puissance affirmée, et confirmée par un V8 Maserati de 4.2 litres et 390 chevaux qu’on trouvait depuis cette année justement sous le capot du Coupé remplaçant la 3200 GT ! Il fallait être visionnaire pour imaginer cette œuvre d’art à la place des 916 dans la gamme au trèfle. Au contraire, à l’époque, on voyait cette Brera tout en haut de la gamme, GT de luxe dont l’intérieur soigné confirmait le positionnement.

Or, en 2003, Alfa Romeo présentait un autre concept, dénommé 8C Competizione. La ligne à couper le souffle, le moteur lui aussi V8, tout cela brouillait les cartes : allait-on voir une GT façon Brera Concept, ou bien une 8C Competizione à la tendance plus sportive ? En fait, nous verrons les deux, et si la 8C gardait toutes ses caractéristiques, ou presque, la Brera, elle, allait prendre une toute autre tournure.

Le projet 939D sera lancé en 2005 sous le nom de Brera et, malgré une philosophie différente des 916, viendra prendre leur place dans la gamme Alfa Romeo. Adieu les petits GTV 2+2 et Spider 2 places, vive la Brera, grand coupé 4 places dont la version Spider (939E, deux places seulement) sortira un an plus tard. Si la 939 gardait une ligne générale proche du concept de 2002, la réalité était tout autre. Certes, un certain nombre d’effets de style (face avant, arrière bombé, feux) avaient été conservés sur la version de série, mais puisque la cible et le positionnement étaient finalement différents (et que la 8C pointait son nez pour 2006 en haut de la gamme Alfa), il avait fallu revoir les ambitions à la baisse : la Brera n’était en fait qu’une version miniature de sa version concept 2002.

C’était d’ailleurs sans doute le péché originel de cette voiture : magnifique d’équilibre en 2002, elle devenait bancale en 2005 à force d’avoir trop voulu conserver le dessin de départ sur une longueur et un empattement différent. Résultat, sans être moche, elle en devenait pataude, comme si quelque chose clochait : la voiture devenait trop haute, l’arrière trop bombé (rappelant celui peu flatteur d’une Fiat Croma contemporaine), les porte à faux avant et arrière trop longs. Cette Brera là n’était plus qu’une pâle copie du concept, mais surtout, paraissait bien lourde par rapport aux 916, chefs d’oeuvre de finesse, quelle était censée remplacer. D’ailleurs, son positionnement et sa ligne rappelaient plus aux observateurs de l’époque le coupé GTV 116.

Autre souci, et pas des moindres : la présence dans la gamme du Coupé GT, apparue en 2003 et finalement à peine plus longue, tout aussi logeable et disposant elle aussi de moteurs sportifs. Certes, la GT s’offrait une plate-forme de 156 quand la Brera récupérait les dessous de la 159 plus moderne, mais sa présence dans la gamme aux côtés de la Brera contribuera à brouiller un peu l’image : quel coupé fallait-il choisir ? Certes dans l’ensemble la GT disposait d’une gamme de moteurs moins puissants que ceux de la Brera, mais on pouvait tout de même s’offrir un V6 3.2 de 240 chevaux (un Busso, lui!), pour une ligne plus équilibrée, bien que moins distinctive.

Continuons dans les défauts réels ou ressentis comme tels : si le châssis de la 159 était plus moderne, il avait un défaut majeur dans l’esprit des fanatiques d’Alfa, celui d’être le fruit de l’alliance avec General Motors. De même, le V6 qu’on trouvait sous le capot de la Brera n’était pas le chantant Busso mais un 3.2 d’origine australienne, un Holden, fruit là encore de l’éphémère alliance Fiat/GM. Adieu vocalises, malgré une puissance respectable de 260 chevaux (contre 240 dans la version coupé GTV ou sur le coupé GT2) transmise aux 4 roues grâce à la fameuse transmission intégrale Q4 ! Plus de chevaux certes (bien que la 156 GTA dotée du Busso en offrait tout de même 250, lire aussi : Alfa Romeo 156 GTA), mais moins de fun, l’âme australienne n’emballant pas les puristes. Entre ce haut de gamme et l’autre moteur essence, le 4 cylindres 2.2 JTS, il y avait tout de même 75 chevaux d’écart (185 pour le JTS). Le tout pour un poids jugé trop important, entre 1430 et 1625 kg selon les versions.

Pire, on décida, comme sur le coupé GT, de fourguer des moteurs diesel sous le capot de ce grand coupé : un 5 cylindres de 2.4 JTDM développant tout de même 200 chevaux. Certes, tous les grands coupés s’étaient mis au diesel, mais malgré tout, il s’agissait encore une fois d’une hérésie pour les puristes du trèfle ! En 2006, sortait la version Spider, plus équilibrée une fois décapotée, avec les même moteurs, tandis que la 8C Competizione à moteur V8 arrivait elle aussi sur le marché, en haut de la gamme, là où la Brera aurait du se positionner si elle était restée fidèle au concept de 2002.

En 2008, la Brera recevra des retouches esthétiques, et son offre moteur sera revue : le V6 sera désormais disponible aussi en traction, tandis qu’un nouveau moteur essence faisait son apparition, le 1.7 TBI de 200 chevaux, réduisant l’écart entre 4 cylindres et V6. Côté diesel, le 5 cylindres sera proposé dans une version poussé à 210 ch et 440 Nm. Tout cela pour à peine deux millésimes, puisque la Brera tirera sa révérence en 2010, sans successeur désigné.

Au total, 21 661 Brera et 12 363 Spiders sortiront des chaînes de Pininfarina, plus de deux fois moins que les GTV et Spider 916 (mais sur une période presque deux fois plus courte, il est vrai). Sans en faire une vraie rareté, elle a cependant quelques atouts à faire valoir en occasion/collection. Moins recherchée que d’autres Alfa, plus récente aussi, encore un peu boudée par les puristes, on peut donc envisager s’offrir un coupé voire un cabriolet assez exclusif, plutôt puissant dans ses version V6, pour finalement bien moins que la concurrence allemande. Certes, il faudra faire avec le déséquilibre du design (enfin, on aime ou pas hein), et une efficacité moindre qu’une teutonne, mais avoir le trèfle sur le capot, fut-ce avec un moteur australien, c’est autre chose : cela relève plus de la passion que de la raison. Cependant, à l’heure du choix, elle pourrait rentrer en concurrence avec l’Alfa GT qui elle, bénéficie de l’enchanteur Busso. A vous de voir !

Autos similaires en vente

Alfa Romeo 8c Spider 0
Alfa Romeo 8c Spider 1
Alfa Romeo 8c Spider 2
Alfa Romeo 8c Spider 3
Alfa Romeo 8c Spider 4
2011 / Automatique / 10 990 km
239 990 €
Alfa Romeo Spider S4 2000 0
Alfa Romeo Spider S4 2000 1
Alfa Romeo Spider S4 2000 2
Alfa Romeo Spider S4 2000 3
Alfa Romeo Spider S4 2000 4
1992 / Manuelle / 67 000 km
Enchère terminée
Alfa Romeo Sz  Es30 0
Alfa Romeo Sz  Es30 1
Alfa Romeo Sz  Es30 2
Alfa Romeo Sz  Es30 3
Alfa Romeo Sz  Es30 4
1993 / Manuelle / 45 400 km
Vendue
Alfa Romeo Spider 916 V6 3.2 24v 0
Alfa Romeo Spider 916 V6 3.2 24v 1
Alfa Romeo Spider 916 V6 3.2 24v 2
Alfa Romeo Spider 916 V6 3.2 24v 3
Alfa Romeo Spider 916 V6 3.2 24v 4
2003 / Manuelle / 103 100 km
Vendue

Carjager vous recommande

Alfa Romeo : que faire de la 155 ?
Nicolas Fourny / 31 janv. 2025

Alfa Romeo : que faire de la 155 ?

« Le style Alfa se trouve profondément bousculé et l’auto ne s’encombre pas de références au passé »
BERLINE
ITALIENNE
YOUNGTIMERS
Alfa Romeo : que faire du Spider série 3 ?
Nicolas Fourny / 10 sept. 2024

Alfa Romeo : que faire du Spider série 3 ?

« Le Spider Alfa série 3 n’a pas que des défauts et, si votre imaginaire est plus déluré que la moyenne, il peut même présenter le charme ambigu des créatures égarées »
CABRIOLET
ITALIENNE
YOUNGTIMERS
Alfa Romeo : le V6 "Busso", légende à tout faire
Nicolas Fourny / 11 juin 2024

Alfa Romeo : le V6 "Busso", légende à tout faire

« Le plus grand mérite de ce V6, c’est sans doute d’avoir permis au plus grand nombre d’accéder à la magie d’un moteur à la noblesse authentique »
BERLINE
COUPÉ
ITALIENNE
Alfa Romeo Alfetta GT/GTV type 116 : la vie commence à 50 ans
Nicolas Fourny / 01 mars 2024

Alfa Romeo Alfetta GT/GTV type 116 : la vie commence à 50 ans

« Cette grande pourvoyeuse de plaisirs épicés – à condition que vous sachiez vous en servir – vous ensorcellera à coup sûr si vous en prenez le volant »
COUPÉ
ITALIENNE
YOUNGTIMERS
Alfetta : le fromage d'Alfa Romeo
Nicolas Fourny / 25 mai 2023

Alfetta : le fromage d'Alfa Romeo

« Dessinée en interne, la voiture affichait une physionomie à la fois plaisante et équilibrée, suggérant la conduite active sans jamais se départir de l’élégance seyant à son blason »
BERLINE
ITALIENNE
Alfa Romeo 8C Competizione : quand le cadavre bougeait encore
Nicolas Fourny / 13 nov. 2022

Alfa Romeo 8C Competizione : quand le cadavre bougeait encore

En ce début de siècle, le prototype de la 8C Competizione témoignait donc d’un optimisme communicatif, d’autant plus que le concept-car présenté en Allemagne ne réjouissait pas seulement l’œil de l’esthète mais présentait de surcroît une fiche technique particulièrement alléchante.
ITALIENNE
SPORT CARS
YOUNGTIMERS
Alfa Romeo 166: une affaire à saisir
PAUL CLÉMENT-COLLIN / 31 août 2022

Alfa Romeo 166: une affaire à saisir

Lorsqu’en 2012 je m’étais mis en quête d’une 2ème voiture « plaisir » en complément du monospace familial, je m’étais fait une petite liste de modèles susceptibles d’intégrer ma vie pour un budget raisonnable. Bien entendu, la Saab 9-5 était en bonne place (et emporta ma décision, lire aussi : La Saab 9-5 de Boîtier Rouge), mais n’étant pas sectaire, j’avais sélectionné bien d’autres modèles de toutes sortes. Mes critères principaux : suffisamment de place et de confort pour 4, dont deux enfants avec sièges auto, de la puissance, une certaine discrétion, un intérêt historique ou, à défaut, sentimental, un moteur puissant (et si possible avec au moins 6 cylindres), et un haut d’équipement.
ITALIENNE
Alfa Romeo 75 : désirable sparadrap
PAUL CLÉMENT-COLLIN / 20 mars 2020

Alfa Romeo 75 : désirable sparadrap

Au début des années 80, Alfa Romeo ne se porte pas très bien. Sa gamme est pléthorique, mais fouillie (et difficile à comprendre), les échecs ont été nombreux (et parfois cuisants comme celui de l’Alfa 6). Bien que nationalisée, la marque manque de moyens pour se développer, et tente de faire du neuf avec du vieux. C’est dans ce contexte étrange et alors que la concurrence européenne se modernise à vitesse grand V que va naître la 75, ainsi nommée pour célébrer les 75 ans de la marque. Une voiture ni belle ni moche, ni moderne ni ancienne, mais qui va connaître son petit succès commercial malgré tout grâce à des moteurs typiquement “Alfa”, souvent sportifs et toujours robustes.
ALFA ROMEO
BERLINE
ITALIENNE
Alfa Romeo 156 : l’effet de style
PAUL CLÉMENT-COLLIN / 11 févr. 2020

Alfa Romeo 156 : l’effet de style

Sans avoir démérité au début des années 90, la gamme Alfa Romeo manquait de sex-appeal et peinait à convaincre les Alfistes purs et durs du passage à la traction et de l’intégration au groupe Fiat. D’une certaine façon, ces aficionados refusaient le changement tout en considérant que la firme milanaise avait vendu son âme en 1986. C’était oublier un peu vite les errements du Biscione avant de passer sous la coupe turinoise mais, que voulez-vous, la mémoire joue parfois des tours. Aussi fallait-il regagner le cœur d’une partie des puristes avec une nouvelle voiture tout en conservant les acquis de la fusion. Grâce à un dessin subtil et à l’amélioration de la base technique, l’Alfa Romeo 156 allait enfin séduire largement et se poser en concurrente crédible aux berlines allemandes.
BERLINE
ITALIENNE

Vendre avec CarJager ?

Voir toutes nos offres de vente