Talbot Horizon : multimarque et multinationale !
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Talbot Horizon : multimarque et multinationale !

Par Paul Clément-Collin - 22/09/2015

Au début des années 80, lorsque je commençais à m’intéresser vraiment à l’automobile (aux alentours de 82 je pense, à partir de mes 7 ans!), j’appréciais tout particulièrement la Talbot Horizon. Allez savoir pourquoi une voiture vous plaît à cet âge ? Sans doute parce qu’à côté de notre Peugeot 304, elle me paraîssait râblée, musclée, moderne. Je ne savais pas encore bien ce qui se cachait sous le moteur, ni l’histoire des marques, mais c’était pour moi le summum de la berline compacte. Bien sûr, la sortie de la Peugeot 205 allait ringardiser ses lignes trop carrées, mais en 82, il n’y avait guère que la Golf pour rivaliser à mes yeux. Et comme j’étais chauvin (rappelez-vous, Séville 82), il m’était impossible d’imaginer rouler en Volkswagen !

Le projet C2, validé en novembre 1974Le projet C2, validé en novembre 1974

En voyant passer une Horizon dans les rues de Paris, j’étais loin de me douter l’histoire tumultueuse de sa naissance, ni que la marque s’arrêterait quelques années plus tard. Elle complétait pour moi à merveille la grande Talbot Tagora, l’étonnante Talbot Matra Rancho ou l’élégante Matra Murena. Cette gamme me paraissait vraiment moderne et « jeune », mais je n’avais que mes yeux pour faire des études de marché !

Bref, je m’égare. Revenons à l’Horizon. C’est en 1974 que démarre le projet C2, avec pour objectif d’offrir à Chrysler en Europe mais aussi aux Etats-Unis une « subcompact » moderne, apte à remplacer la Simca 1100 en France, et susceptible de répondre aux nouveaux besoins US post-choc pétrolier. Le projet C2 doit aussi permettre à Chrysler Europe d’unifier ses modèles pour l’instant disparates entre les modèles Simca en France, Chrysler en Espagne, et Rootes/Sunbeam en Angleterre. C’est à Simca, la plus dynamique des filiales de Chrysler, que revient l’étude de ce projet, ce qui explique sans doute une vision très française de la compacte : 5 portes avec hayon, traction et moteur avant.

Le projet est définitivement accepté par Chrysler en 1975, et, après une pré-série de 360 exemplaires début 1977, l’Horizon peut être présentée au Maroc en octobre de la même année, pour un début de production à Poissy (France), Ryton (Angleterre), Saragosse (Espagne), et Belvidere (aux USA, dans l’Illinois). Elle sera aussi fabriquée en Finlande chez Valmet à partir de 1979 (lire aussi : Talbot Valmet Horizon) et à Kenosha dans le Wisconsin (à partir de 1985). A sa naissance, elle porte déjà plusieurs noms : Chrysler Horizon en Angleterre et en Espagne, Simca-Chrysler Horizon en France, Dodge Omni et Plymouth Horizon aux Etats-Unis. Née en 1978, l’Horizon subit cette même année le rachat de Chrysler Europe par Peugeot (lire aussi : Le rachat de Chrysler Europe): pas évident pour se faire un nom, d’autant que Peugeot réunira toutes les marques de l’ancien Chrysler Europe sour la marque Talbot. Difficile de faire mieux pour perdre le consommateur qui ne savait plus trop à quel saint se vouer. Sans compter aussi la valse des concessionnaires qui s’ensuivit, et qui ne contribua pas à rassurer la clientèle.

Autant dire que dans ce contexte là, l’Horizon ne s’en tire pas trop mal, et dès sa deuxième année de production, atteint les 222 000 exemplaires vendues en Europe en 1979, record qu’elle n’atteindra jamais plus, et sera élue cette année-là « Voiture de l’année ». A ses débuts, l’Horizon ne propose que des moteurs « Poissy » de 1,1 litres (55 ou 59 ch), ou 1,3 litres (63 ch). Au fil des années, d’autres moteurs viendront s’ajouter : 1,4 litres (69 ou 83 ch), 1,6 litres (90 ch à partir de 1983) pour l’essence, et 1,9 litres diesel XUD PSA (65 ch, à partir de 1983 aussi). Si l’Horizon est un relatif succès, elle pénalise les autres modèles de la marque (le trio 1307/1308/1309, puis le duo 1510/Solara).

Horizon 05

Malgré cela, Peugeot ne va pas vraiment se préoccuper du modèle central de sa filiale Talbot, qui n’évoluera que très peu jusqu’à la fin de la marque en 1986. Assez rapidement, Peugeot comprend que sa troisième marque sera un échec. Si le projet C28 (qui donnera naissance à la 309) est confié aux équipes de Poissy, c’est pour calmer les ardeurs des ouvriers du site, régulièrement en grève et soucieux de leur avenir. Pourtant, Peugeot sait déjà que seule la 309 sortira : l’Arizona n’existera jamais (lire aussi : Peugeot 309). L’Horizon s’arrêtera en France et en Grande Bretagne en 1986, et en 1987 en Espagne, avec un total de 869 000 exemplaires.

La soeur américaine, la Dodge OmniLa soeur américaine, la Dodge Omni

De l’autre côté de l’Atlantique, ses cousines Dodge et Plymouth auront une carrière plus calme, sans pour autant déchaîner les foules malgré une version Shelby GLH-S  et une version coupé inédite en Europe produite entre 1979 et 1982. Les versions américaines disposaient du moteur « Poissy » dans sa version 1,6 litres (qui sera un temps remplacé par un 1,7 litres Volkswagen), mais aussi du 2,2 litres Chrysler (celui que l’on retrouve sur la Peugeot 505 par exemple, et développant entre 84 et 97 ch selon les versions). Malgré une carrière en demi-teinte, elle sera produite elle jusqu’en 1990, atteignant le total de 961 000 exemplaires.

Omni 02

Aujourd’hui, on trouve encore quelques horizons dans les petites annonces. Si vous voulez vous offrir un petit bout des années 70/80, c’est sûrement une bonne affaire, surtout qu’elle est encore un peu délaissée. Certaines séries spéciales (la Jubilé ou la Sherlock), ou la version « de luxe Premium, peuvent être intéressantes à chercher. Enfin, si l’envie vous prend de vous démarquer en important une version américaine, libre à vous !


Paul Clément-Collin

Paul Clément-Collin

Paul Clément-Collin est une figure reconnue du journalisme automobile français. Fondateur du site culte Boîtier Rouge, sacré meilleur blog auto aux Golden Blog Awards 2014 et cité parmi les médias auto les plus influents par Teads/eBuzzing et l’étude Scanblog Advent, il a ensuite été rédacteur en chef de CarJager et collaborateur de Top Gear Magazine France. Journaliste indépendant, spécialiste des voitures oubliées, rares, iconiques ou mal-aimées, il cultive une écriture passionnée et documentée, mêlant culture auto, design, histoire et anecdotes authentiques, et intervient également sur des événements majeurs comme le Mondial de l’Auto.

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