BMW 328 "pre-war" : roadster visionnaire
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BMW 328 "pre-war" : roadster visionnaire

Par Paul Clément-Collin - 27/07/2018

La BMW 328 aurait pu naître dans les années 50, et cela n’aurait choqué personne tant cette voiture était réussie. D’ailleurs, certains propriétaires continuaient à engager leur 328 en compétition au début des fifties, preuve des exceptionnelles qualités de cette voiture qui révolutionnait non pas la technique automobile, mais la manière de concevoir une voiture et de la rendre compétitive ! Malgré une production limitée due à l’effort de guerre, la BMW 328 aura marqué le monde de l’automobile.

Dans les années 30, BMW n’était encore qu’un jeune constructeur automobile. La diversification de la fabrication de moteurs d’avions et de motos vers l’automobile n’avait eu lieu qu’en 1928, après le rachat des usines Dixi à Einsenach. On l’oublie souvent, mais les premiers pas de BMW sur 4 roues furent l’amélioration de l’Austin Seven produite sous licence par Dixi. Constructeur prudent, BMW adopta dès le début une politique des « petits pas », consistant à améliorer l’existant plutôt que de chercher la révolution technique à chaque modèle. La première « vraie » BMW, la 303, n’apparaissait qu’en 1933.

Ce fut justement cette politique qui permit la présentation en 1936 de l’exceptionnelle 328, seulement 3 ans après la 303. Cette nouvelle voiture reprenait le meilleur existant chez le jeune constructeur. Le châssis tubulaire, bien que modifié par l’ingénieur Fritz Fiedler, provenait de la BMW 319/1, tout comme la suspension avant indépendante à lame et l’essieu arrière. Le système de freinage hydraulique venait, quant à lui, de la 326, tout comme la base moteur, un 6 cylindres en ligne de 2 litres.

Ce 6 cylindres évoluait cependant par rapport à la 326, avec une nouvelle culasse conçue par Rudolf Schleicher, dotée de chambres de combustion hémisphériques et des soupapes opposées inclinées. Le moteur développait 80 chevaux pour les versions civiles, une puissance tout à fait respectable pour un moteur de 2 litres.

Le coupé Touring (en haut) et « Kamm » (en bas, en fait une réplique datant de 2010), les deux seuls exemplaires à carrosserie fermée

Mais la vraie révolution du roadster 328, c’était sa conception : alors qu’à l’époque il était souvent considéré que, pour tenir la route il fallait une voiture « lourde » et un gros moteur, BMW décida de faire autrement, privilégiant l’équilibre, le rapport poids/puissance, et l’aérodynamique. D’une certaine manière, la marque bavaroise anticipait le dicton de Colin Chapman, « Light is Right ». Avec le roadster 328, BMW proposait une voiture légère (780 kg), bien motorisée, à la répartition des masses idéales et à la carrosserie aérodynamique particulièrement travaillée. A la clé, une tenue de route exemplaire et des performances de premier ordre, avec une vitesse de pointe de 155 km/h.

Conscients du potentiel de la voiture, et décidés à frapper un grand coup, les hommes de BMW présentèrent la 328 au Nurburgring le 14 juin 1936, dans une version « course » sans porte, dotée d’une carrosserie en aluminium et d’un moteur poussé à 136 ch. 3 « prototypes » s’adjugèrent alors records et victoires dès les premières courses, avant même la production des véhicules « clients ». Les premières 328 de série sortirent des chaînes d’Eisenach à la fin de l’été 1936, bénéficiant du retour d’expérience des 3 protos de compétition.

La 328 avait été conçue dans le plus grand secret, par une toute petite équipe qui ne se doutait sans doute pas à quel point ils allaient frapper fort et pour au moins 15 ans ! Malgré sa production réduite (avec seulement 464 exemplaires) à cause de la guerre et la mobilisation des usines BMW pour la production de matériel militaire, la 328 allait inspirer la plupart des voitures de sport d’après guerre, et installer définitivement la réputation de BMW.

Conscient des limites aérodynamiques d’un roadster, et pour définitivement asseoir sa domination sportive, les ingénieurs de chez BMW réfléchirent dès 1938 à une version coupé. En 1939, ils s’adressèrent à la carrosserie Touring pour le développement d’une telle déclinaison. Une autre version développée en interne par Wunibald Kamm sera présentée en 1940, atteignant une vitesse de 230 km/h. La guerre mettra fin à tout développement, le coupé « Kamm » ne connaissant pas de descendance en série.

La fin de la guerre en 1945 ne permit cependant pas à BMW de relancer le modèle. Son usine automobile, Einsenach, se trouvait alors dans la zone d’occupation soviétique (qui deviendra par la suite la RDA). L’usine « de l’est » continuera à produire des BMW (mais pas la fameuse 328) après-guerre, sans l’accord du « vrai » BMW. Un arrangement finira par être trouvé en 1952, l’usine d’Einsenach prenant le nom d’EMW tandis que le logo, encore très proche, virait au rouge et non au bleu. En 1955, l’entreprise changeait encore de nom pour devenir AWE, jetant les bases de la marque Wartburg (lire aussi : Wartburg).

De son côté, BMW dut attendre 1951 avant de reprendre la production automobile dans ses usines à l’Ouest, avec la 501. Malgré l’exceptionnelle qualité de la 328, la marque préféra, pour une fois, repartir d’une feuille blanche ou presque : la 501 s’offrait un tout nouveau châssis , mais récupérait le 6 en ligne de 2 litres de la 328. Il s’agissait cependant d’une berline. Pendant ce temps-là, la 328 menée par des gentleman drivers continuait de briller en course, preuve de son ingénieuse conception et de son exceptionnel équilibre. BMW avait démontré qu’une voiture ne se limitait pas à la course à la puissance, et que la performance s’obtenait par l’homogénéité ! Poids contenu, moteur performant, transmission moderne et châssis brillant permettaient d’obtenir le combo gagnant : une méthode que de nombreux constructeurs allaient adopter dans les années 50 !

Aujourd’hui, on ne recense plus qu’environ 200 exemplaires encore roulant de la BMW 328. Sa conception, et ses réussites en course en font une pièce particulièrement recherchée par les collectionneurs, parfois prêts à dépenser des sommes folles pour s’offrir une voiture devenue mythique pour beaucoup !

CARACTERISTIQUES TECHNIQUES

Motorisation

Moteur6 cylindres en ligne
EnergieEssence
Cylindrée1971 cm3
Alimentation3 carburateurs Solex, 1 compresseur
Puissance80 chevaux à 5000 tours / minutes

Transmission

Roues motricesPropulsion
Boîte de vitesseMécanique à 4 rapports

Freinage

Freins avantTambours
Freins arrièresTambours

Roues / Pneus

Jantes16 pouces
PneumatiquesNC

Suspensions

Train avantRoues indépendantes, ressort à lames transversal, amortisseurs.
Train arrièreEssieu rigide, ressorts à lames semi-elliptiques, amortisseurs.

Dimensions

Longueur390 cm
Largeur155 cm
Hauteur140 cm
Empattement240 cm
Poids780 kg

Performances

Vitesse maxi155 km/h
0 à 100NC
Production464 exemplaires, 1936-1940


Paul Clément-Collin

Paul Clément-Collin

Paul Clément-Collin est une figure reconnue du journalisme automobile français. Fondateur du site culte Boîtier Rouge, sacré meilleur blog auto aux Golden Blog Awards 2014 et cité parmi les médias auto les plus influents par Teads/eBuzzing et l’étude Scanblog Advent, il a ensuite été rédacteur en chef de CarJager et collaborateur de Top Gear Magazine France. Journaliste indépendant, spécialiste des voitures oubliées, rares, iconiques ou mal-aimées, il cultive une écriture passionnée et documentée, mêlant culture auto, design, histoire et anecdotes authentiques, et intervient également sur des événements majeurs comme le Mondial de l’Auto.

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