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Brock VL Director : la courte vie de l'étrange berline "haute performance" australienne !
PAUL CLÉMENT-COLLIN - 21 nov. 2014Au milieu des années 80, Holden Special Vehicles, la division « haute performance » détenue par Holden et Walkinshaw Performance n’existait pas encore (lire aussi : La fin de l’autralien Holden). En revanche, Holden Dealer Team (plus connu sous le nom de HDT) avait pour ambition d’être l’équivalent d’AMG pour Mercedes ou Alpina pour BMW : un « constructeur » sublimant les productions de Port Elisabeth.
En réalité, HDT tenait plus lieu de tuner que de réel préparateur. Mais en 1987, en association avec Peter Brock, une légende de la course australienne, HDT lance un modèle destiné à prouver sa capacité à rivaliser avec les meilleurs européens, la Brock VL Director. Je croyais que Zagato avait emporté haut la main le concours de la voiture la plus torturée de l’époque (lire aussi : Autech Stelvio), je m’étais trompé !
La Director est dérivée de la Holden VL Calais, mais elle s’en distingue par des ajouts de carrosserie au goût douteux, sensés montrer la sportivité du modèle. L’intérieur est traité luxueusement, tandis qu’elle recevait sous le capots des V8 de 4,9 et 5,6 litres, développant 262 et 314 ch. Pas mal pour l’époque.
Surtout, la vraie innovation se nomme « Energy Polarizer ». Ce système offre, selon Peter Brock et HDT, un surcroît de puissance au moteur, tout en diminuant sensiblement sa consommation. Cette innovation qui aurait du permettre à la Brock Director de conquérir un vaste marché, y compris (et surtout) à l’exportation, conduira à sa perte. En effet, Holden est assez dubitatif concernant ce fameux système « Energy Polarizer », et demande à tester tout cela, avant de donner son aval à une production dérivée d’un de ses modèles. Réalité ou coup de bluff de la part d’HDT et Brock ? Holden en tout cas ne veut pas prendre de risque. Est-ce pour une histoire d’ego, ou parce que le système n’était pas au point (ou tout simplement bidon) ? En tout cas Brock refusa net.
La réponse ne se fit pas attendre : Holden refusa de fournir HDT en véhicules ou pièces pour lancer la production de la Director. Et chacun campa sur ses positions. Au total, entre 9 et 12 exemplaires de la Brock Director auront été construits. Sans refaire l’histoire (même si j’aime l’uchronie), je ne suis pas sûr que la Director, même avec le soutien de Holden, aurait fait un tabac.
Toujours est-il qu’on trouve de temps en temps, en Australie, des Brock Director à vendre. Si vous faites abstraction de son look particulier (qui a dit moche?), sautez sur l’occasion de sauver un petit bout du patrimoine australien en voie de disparition avec la fin annoncée de Holden en tant que constructeur !
Cerise sur le baba au rhum, une vidéo (merci à Fred Euvrard, le puits de science de The Automobilist pour son aide):
Images: HDT (vl-director)