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Jacques Chirac : une certaine idée de l’automobile

PAUL CLÉMENT-COLLIN - 27 sept. 2020

L’homme qui était déjà premier ministre au moment de ma naissance est mort jeudi 26 septembre à l’âge de 86 ans. Au-delà du bilan politique et de l’homme en lui-même, Jacques Chirac aura toujours semblé, plus que tout autre homme politique, à part Georges Pompidou, sensible à la chose automobile. Sans être un “bagnolard”, le grand Jacques avait sûrement une certaine idée de la voiture, un rapport particulier avec elle.

Si beaucoup ont témoigné de la passion de Jacques Chirac pour les arts premiers, les civilisations japonaises, chinoises ou africaines, peu signalent chez lui un engouement pour l’automobile. Pourtant, au cours de sa longue carrière, on l’aura vu plus que tout autre au volant, à l’arrière ou à côté d’une voiture, voire parfois la tête dans le moteur, bricolant une Peugeot 403. Cette photo est un trompe l’oeil, tentant de faire passer Chirac pour un mécanicien du dimanche, proche du peuple : on est là dans la communication politique. Cependant, l’attitude de Chirac, sa façon de choisir et d’utiliser l’automobile, prouvent une chose : c’était un homme de sa génération, une génération pour laquelle la voiture jouait un rôle central.

Génération vitesse et liberté

De quelle génération parle-t-on ? Celle de mon père ou de mes oncles, née peu avant ou peu après la seconde guerre mondiale, celle qui a eu son permis dans les années 50 ou au début des années 60, au moment de la démocratisation de l’automobile permise par le Plan Pons (qui fit certes disparaître l’automobile de luxe ou de petite série, mais qui aura permis de motoriser la France). Alors que la précédente génération avait vu l’automobile comme un produit de luxe, ou du moins coûteuse, celle de Jacques Chirac découvrait la mobilité dès 18 ans, et avec elle la liberté. En cette période des 30 glorieuses, et particulièrement dans les années 60, on sautait dans la Citroën 2CV, la Renault Dauphine, la Renault 4 ou la “Vévé” Cox en direction de l’Espagne de Franco pour des vacances pas chères, des pistes de ski pour un séjour entre amis ou des plages de Normandie pour échapper à Paris.

Chirac est de ceux-là, de ceux qui ont l’automobile facile et qui veulent en profiter. Alors qu’il commence à “profiter” des avantages de la proximité du pouvoir et des Citroën DS qui s’y rattachent dans les années 60, auprès de Pompidou, sa vision privée de l’automobile est plus libérée : c’est au volant d’une Peugeot 304 Cabriolet, Bernadette à ses côtés, Claude et Laurence, ses deux filles, assises sur la capote, que Chirac s’affiche au début des années 70. La voiture est une fête aurait dit Hemingway, mais c’est autant pour Jacques (comme pour beaucoup de ceux de sa génération) la liberté que la vitesse.

Et Chirac découvrit la Citroën CX

1973 est une année calamiteuse pour la sécurité routière, avec plus de 13 000 morts sur les routes pour un parc automobile bien moins développé qu’aujourd’hui. On roule à tombeau ouvert, sur les départementales comme sur les nationales tandis que le réseau autoroutier n’est pas encore omniprésent. On roule sans ceinture, à l’avant comme à l’arrière, on fume dans les voitures, on bat des records de vitesse entre Paris et Lyon, Bordeaux ou Nantes. L’hécatombe ne changera pas tout de suite les comportements, et Chirac y échappera in extremis : le 26 novembre 1978, sur les routes de Corrèze, le grand Jacques perd le contrôle de sa Citroën CX sur une plaque de verglas. Un accident qui l’obligera à une longue rééducation.

Dans les années 70, Chirac découvre son alter ego automobile : la Citroën CX. Longiligne, nerveuse dans ses versions “sportives”, endurante et tenant le cap malgré les aléas de la route, la CX a un style bien à elle et ressemble à celui qui devient premier ministre l’année de sa sortie, en 1974. Entre la grande Citroën et le grand échalas, l’amour était déclaré. 21 ans plus tard, c’est à l’arrière de sa CX Prestige Turbo personnelle que Chichi traverse victorieusement Paris, enfin président. Avec la CX, ce sera comme avec Bernadette : il lui sera infidèle, mais y reviendra toujours.

Infidélités automobiles

Revenons en 1974 : si la CX représente bien Chirac, le voilà premier ministre de Valéry Giscard d’Estaing dont la grande bourgeoisie n’est plus à prouver. Dès 1975 et la sortie de la Peugeot 604, les ministères se dotent de la nouvelle berline française et Chirac n’y échappe pas. Lui, toujours à cheval entre ses envies populaires (et parfois de gauche) et ses désirs de reconnaissance bourgeoise (comme son mariage avec Bernadette Chodron de Courcel en atteste) préfère la CX, mais il doit se résoudre à rouler plus que de raison dans une 604 qui ne lui ressemble pas. Après avoir quitté la tête du gouvernement, il revient aux chevrons. Elu maire de Paris en 1977, il choisit à nouveau Citroën.

Une fois à Matignon, Chirac trompera la CX avec une Renault 25 Limousine

Dans les années 80, Chirac se cherche : si son garage personnel comprend toujours une CX, on le voit rouler en Renault 20, puis plus tard, revenu à Matignon, en Renault 25. En revanche, en 1981, son discours sur la sécurité routière reste fidèle à celui qui conduisait à haute vitesse 3 ans plus tôt en Corrèze malgré le verglas. Ce discours (cf vidéo) fait mouche, car c’est celui de toute une génération, sa génération : “ne nous emmerdez pas avec vos contrôles et vos limitations de vitesse, l’automobile, c’est la liberté du citoyen” dit-il en substance. Un discours qu’on ne lui entendra plus jamais tenir, trop politiquement incorrect à la fin des années 80 et au début des années 90, et encore plus dans les années 2000 : il faut bien devenir raisonnable.



A l’arrière des berlines

De plus en plus d’ailleurs, c’est à l’arrière et non plus au volant qu’on voit Jacques Chirac. Âge de raison ou acte politique ? Une chose est sûre : sa traversée de Paris en CX deviendra mythique. Au-delà des images, rouler en CX en 1995, c’était faire preuve de modestie, Chirac n’ayant pas succombé aux sirènes des berlines modernes et chères, comme la Peugeot 605 ou la Renault Safrane de ses concurrents.

François Mitterrand fait un clin d’oeil à Jacques Chirac en quittant l’Elysée à bord d’une Citroën XM

Clin d’oeil de l’histoire, François Mitterrand, président sortant qui finalement aura apprécié Chirac au point d’en devenir le complice en cette fin de mandat (et de vie), quitte l’Elysée dans une Citroën XM, comme si le choix d’une Citroën le rapprochait de son successeur, reconnaissant en lui la persévérance et le courage de l’homme d’Etat. Une fois président, Chirac de son côté goûte enfin à un plaisir rare : profiter des deux Citroën SM présidentielles commandées à Chapron par Pompidou.

En 1995, Jacques Chirac peut enfin profiter des Citroën SM présidentielles.

Durant ses deux mandats, Chirac va semble-t-il se désintéresser de la chose automobile, comme si l’âge lui faisait perdre la fougue de sa jeunesse, comme si la fonction présidentielle n’était plus auto-compatible. On verra alors Jacques Chirac conduit au gré des disponibilités ou des achats du parc élyséen, en 605 ou en Safrane. Ce n’est qu’en 2005 que notre président retrouve chaussure à son pied : la Citroën C6 est à ses yeux la digne héritière de la DS. Ce sera sa dernière monture officielle.

La fin de sa vie sera celle de toute sa génération : rangée des voitures. Avec l’âge, on finit par se détacher de la futilité automobile, ne serait-ce que parce qu’on en prend plus le volant. N’en reste plus que le souvenir, celui de la belle époque de la 304 cabriolet, souvenir heureux de sa jeunesse, celui des années vitesse et de son accident, celui des berlines avec chauffeur du temps de sa gloire présidentielle, et celui de son épopée victorieuse de 1995, symbole d’une renaissance inattendue devenue mythique.

Bonne route, Jacques.

Lire aussi : 4 voitures qui tirent à droite, et Ta berline est politique camarade

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