Petite histoire de Bugatti à la sauce Artioli (1987-1995)
GT et Supercars
Bugatti
Italienne

Petite histoire de Bugatti à la sauce Artioli (1987-1995)

Par Paul Clément-Collin - 11/03/2014

Bugatti est une des marques qui fait le plus rêver l’amateur d’automobiles anciennes. Ettore Bugatti, son fondateur, réalisa avant guerre des chefs d’oeuvre tels que la Type 55, la Type 57 « Atlantic » ou la Type 41 « Royale ». Elle perdura quelques années après guerre, survivant tant bien que mal à la mort de son fondateur et produisant son dernier modèle, la Type 101. La marque cessa toute activité automobile et fut vendue en 1963 au constructeur aéronautique Hispano-Suiza, qui par le biais des fusions et acquisitions donnera naissance à l’équipementier aéronautique Messier-Bugatti-Dowty, filiale aujourd’hui du groupe Safran.

Jusqu’en 1987, Xavier de La Chapelle obtient l’autorisation d’utiliser la marque Bugatti sur ses répliques d’excellentes factures (lire aussi : De La Chapelle Stimula). Mais en 1987, Romano Artioli, un homme d’affaire italien, créé Bugatti Automobili SpA à côté de Modène (haut lieu de l’automobile de sport), après avoir racheté les droits d’utilisation pour l’automobile de la marque et du logo. Sa volonté ? Faire renaître la prestigieuse marque au travers d’automobiles ultra-sportive. En 1989, les plans de l’EB110 sont présentés. Un premier prototype est dessiné par Marcelo Gandini, qui sera retravaillé pour donnée naissance à la Bugatti EB110.

En 1991, l’EB110 GT est présentée en grande pompe à Versaille et devant la Grande Arche de la défense pour les 110 ans de la naissance d’Ettore Bugatti (d’où son nom). Elle est motorisée par un V12 central arrière de 3,5 litres et 550 ch spécialement conçu pour elle. Le chassis est réalisé avec le concours d’Aérospatiale. En 1992, une version allégée et encore plus puissante (603 ch) est présentée : l’EB110 SS (pour Supersport). Michael Schumacher, célèbre pilote de F1 fut l’un des acquéreurs d’une EB110 en 1994, tout comme Albert de Monaco.

On estime à 139 exemplaires la production des Bugatti EB110 (13 pré-série, 95 GT, et 31 SS) ce qui n’est pas si mal quand on sait qu’une EB110 GT était vendue en 1994 au tarif de 2.471.624 F (2.921.118 F pour la Supersport), mais avec une garantie 3 ans kilométrage illimité.

En mars 1993, la Bugatti EB112, dont la production doit commencer en 1996, est présentée au salon de Genève. Cette superbe berline de grand luxe est motorisée par le V12 Bugatti de 6 litres et 455ch, et dispose d’un chassis en carbone et d’une carrosserie en aluminium, d’une transmission intégrale et d’une boîte 6 vitesses. Elle est annoncée comme la berline la plus rapide du monde, avec plus de 300 km/h, malgré sa taille de 5,13 et ses 1800 kg. Elle ne sera malheureusement jamais produite en série

Romano Artioli, sans doute grisé par les premiers pas de Bugatti, et désireux de constituer un groupe d’automobiles de sport aux marques complémentaires, rachète Lotus à GM pour 30 millions de £. Sous l’égide d’Artioli, Lotus développera l’Elise (du nom de la petite fille du propriétaire de la marque, Elisa). Mais le marché est en berne, et Romano Artioli fait faillite avec Bugatti en 1995, et revendra Lotus en 1996 au groupe automobile malais Proton. Il ne connaîtra donc pas le succès de la Lotus Type 111 Elise, qui vit le renouveau de la marque anglaise.

Lors de la faillite de Bugatti, la marque allemande Dauer rachète les stocks de pièces détachées, et réalise sur les chassis restant une série limitée, la Dauer EB110, de 400 kilos plus légère que les EB110 originales. Lors de cette même faillite, Gildo Pallanca Pastor (propriétaire actuel de la marque Venturi) rachète les 4 exemplaires de pré-série de l’EB112 afin d’en construire deux complètes. L’un de ces exemplaires (de couleur noire) appartient toujours au monégasque.

En 1998, le groupe VAG (Volkswagen, Audi, Skoda, Seat, puis Bugatti, Lamborghini, Porsche, Ducati) rachète la marque pour créer une supercar superlative, la Bugatti Veyron, qui ne verra le jour qu’en septembre 2005, dans le fief historique de Bugatti en Alsace, à Molsheim, mais cela, c’est une autre histoire.

Paul Clément-Collin

Paul Clément-Collin

Paul Clément-Collin est une figure reconnue du journalisme automobile français. Fondateur du site culte Boîtier Rouge, sacré meilleur blog auto aux Golden Blog Awards 2014 et cité parmi les médias auto les plus influents par Teads/eBuzzing et l’étude Scanblog Advent, il a ensuite été rédacteur en chef de CarJager et collaborateur de Top Gear Magazine France. Journaliste indépendant, spécialiste des voitures oubliées, rares, iconiques ou mal-aimées, il cultive une écriture passionnée et documentée, mêlant culture auto, design, histoire et anecdotes authentiques, et intervient également sur des événements majeurs comme le Mondial de l’Auto.

Autos similaires en vente

FERRARI 275 Gtb/4 Spider Nart (r)  1967 occasion
FERRARI 275 Gtb/4 Spider Nart (r)  1967 occasion
FERRARI 275 Gtb/4 Spider Nart (r)  1967 occasion
FERRARI 275 Gtb/4 Spider Nart (r)  1967 occasion
FERRARI 275 Gtb/4 Spider Nart (r)  1967 occasion
AC Ace Bristol 1959 occasion
AC Ace Bristol 1959 occasion
AC Ace Bristol 1959 occasion
AC Ace Bristol 1959 occasion
AC Ace Bristol 1959 occasion
PORSCHE 911 964 Turbo 3.3 1991 occasion
PORSCHE 911 964 Turbo 3.3 1991 occasion
PORSCHE 911 964 Turbo 3.3 1991 occasion
PORSCHE 911 964 Turbo 3.3 1991 occasion
PORSCHE 911 964 Turbo 3.3 1991 occasion
FERRARI 328 Gts 1988 occasion
FERRARI 328 Gts 1988 occasion
FERRARI 328 Gts 1988 occasion
FERRARI 328 Gts 1988 occasion
FERRARI 328 Gts 1988 occasion

Carjager vous recommande

03-bugatti-solitaire-brouillard-scaled.jpg
Nicolas Fourny / 12 nov. 2025

Bugatti Brouillard : l'exclusivité ultime

« La Brouillard reprend le nom du cheval préféré d’Ettore »
Bugatti
Française
Sports Cars
Dauer-02.jpeg
Carjager / 12 nov. 2025

Dauer EB110 S : la plus rare et la plus performante des Bugatti EB110

La Bugatti EB110 est un véhicule rare. Seuls 139 exemplaires ont été contruits entre 1992 et 1995 (lire aussi : Bugatti EB110). Mais il y a encore plus rare : une Dauer EB110 S. N’allez pas croire qu’il s’agit d’un tuning sur la base de la belle italienne. Au contraire, les Dauer sont assez fidèles au dessin originales malgré quelques différences mineures. Et il s’agit des plus performantes EB110 jamais construites. Voici leur histoire.
Bugatti
Eb110
Française
IMG_20220713_092720.jpg
Paul Clément-Collin / 12 nov. 2025

Quelle est la nationalité de Bugatti ?

S’il est un débat qui anime aujourd’hui le petit monde de l’automobile, c’est bien la « nationalité » de la marque Bugatti…Allemande pour les uns, italienne pour d’autres, française pour la plupart. Voilà une question épineuse à laquelle je vais essayer de répondre.
Allemande
Bugatti
Française
Bugatti-EB110-SS-LM-01.jpg
Carjager / 12 nov. 2025

Bugatti EB110 "Le Mans" : la tentation de la compétition

Certains se passionnent pour la Bugatti Veyron ou la Chiron mais d’autres (dont je fais partie) préfèrent la précédente renaissance de la marque, pendant sa période italienne à Campogalliano et la fabuleuse EB110. Les années 90 furent des années “supercars” avec le lancement d’une multitude de voitures plus performantes les unes que les autres, de la Jaguar XJ220 à la McLaren F1, en passant par la Venturi 400 GT et ses dérivés. Toutes tentèrent de briller en compétition, particulièrement aux 24 heures du Mans. L’EB110 elle-aussi eut droit de se frotter aux meilleures dans l’épreuve mancelle, à l’initiative de quelques passionnés.
Bugatti
Bugatti-Veyron-04.jpeg
Paul Clément-Collin / 12 nov. 2025

Bugatti Veyron 16.4 Coupé : la renaissance de Bugatti

La Bugatti Veyron est une voiture si superlative qu’il est difficile d’avoir un avis objectif. Première voiture de l’ère Volkswagen, défi technologique, prix stratosphérique, design discutable, on aime autant l’admirer que la détester. Il faut dire qu’elle représente à elle seule la toute puissance du Groupe Volkswagen des années 2000, seul groupe à pouvoir se permettre de reconstruire une marque sans objectif de rentabilité. La Bugatti Veyron est une vitrine technologique, une publicité ambulante et c’est peut-être ce qui explique l’ambiguïté des sentiments qu’elle procure encore aujourd’hui.
Eb110
Eb112
Ferdinand Piëch
BUGATTI.jpeg
Carjager / 12 nov. 2025

Campogalliano : la démesure selon Bugatti !

Le 15 septembre 1990, la flamboyante usine Bugatti était inaugurée avec faste, laissant croire à un futur radieux pour la marque devenue italienne, mais qui avait tenu à maintenir le lien avec « l’héritage » français en organisant la parade d’anciennes Bug’ et d’un flambeau (à la manière des jeux olympiques) de Molsheim, en Alsace, à Campogalliano, près de Modène. Le nom de Bugatti revenait enfin en terre italienne, 88 ans après qu’Ettore ait quitté sa mère patrie pour s’installer en France. Juste retour des choses pour les Italiens, hérésie pour les Français (lire aussi: La vraie nationalité de Bugatti).
Course
Ferrari
Lamborghini
BUGATTI-1.jpeg
Paul Clément-Collin / 12 nov. 2025

Bugatti EB110 : "la meilleure d'entre toutes" ?

Il existe au moins un mystère automobile pour moi : la Bugatti EB110 ! Comment un parpaing posé sur un autre parpaing, taillé ensuite à la serpe avec autant de grâce qu’un boucher face à l’entrecôte, peut-elle dégager autant de sex-appeal ? Peut-être justement parce qu’on aime l’entrecôte malgré son aspect brut et saignant … et qu’en y réfléchissant, le travail du boucher est en fait un travail d’orfèvre.
Gran Turismo
Lotus
V12
Vision-02.jpeg
Paul Clément-Collin / 12 nov. 2025

Bugatti Vision Gran Turismo: l'horreur automobile !

Je sais, vous allez me dire que « les goûts et les couleurs »… Pourtant, en découvrant à Francfort la Bugatti Vision Gran Turismo, censée préfigurer (ou alors, espérons le, juste évoquer quelques traits stylistiques), j’ai eu l’impression d’être en présence du pire de l’automobile. Car si je nétais déjà pas fan du dessin de la Veyron, autant dire que la Vision Gran Turismo ne m’a pas, mais alors pas du tout, séduit.
Course
Gran Turismo
Moteur

Vendre avec CarJager ?

Voir toutes nos offres de vente