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Dacia 1100 : le véritale ancêtre de la Logan !
- 4 nov. 2014Pour les générations d’aujourd’hui, Dacia n’est qu’une filiale de Renault, produisant des véhicules relativement séduisants à un tarif compétitif. Mais pour moi, cette marque automobile roumaine est aussi un pan d’histoire, celle de la guerre froide, des blocs est/ouest, des rivalités et des non alignés. La Roumanie au début des années 60 fait clairement partie du bloc de l’Est, mais l’arrivée de Nicolae Ceausescu au pouvoir en 1965 fait légèrement changer la donne.
Car celui qu’on nommera le Conducatore est certes communiste, mais il est aussi clairement nationaliste, ne cessant de chanter les louanges du peuple roumain. Il désire aussi, comme son voisin yougoslave Tito, se désengager d’une tutelle soviétique qui ne correspond pas à ses images de grandeur roumaine. Le génie des Carpates cherchera toujours à s’affranchir des Russes, y compris en matière d’automobile. Ceausescu l’a décidé : la Roumanie produira ses voitures, ses 4×4 (ARO, lire aussi: Aro 304) ou ses camions (usines de Brasov) en toute indépendance.
Nicolae Ceausescu prend possession de la première Dacia 1100 produite.On s’improvise cependant pas comme cela constructeur automobile. Il faut l’appui d’un constructeur étranger, du moins au début. Les autorités roumaines lancent donc un appel d’offre international auquel répondent Fiat (qui propose sa 1100 D), Alfa Romeo (avec sa 1300), Austin-Morris (avec la Mini), Peugeot (avec la 204), et Renault (avec la R10, lire aussi: Renault 10). Peugeot gagne la compétition une première fois, mais ce choix sera invalidé.
Mis à part les logos, rien ne distingue une 1100 d’une R8 française !Un deuxième tour voit alors Morris et sa Mini gagner. Finalement, les négociations entre la Roumains et les anglais échoueront. Il semblerait que le Conducator voyait d’un mauvais œil une collaboration industrielle avec des anglais trop « atlantistes ». Profitant de ces déboires, Renault (soutenu par l’Etat Français qui vient de se retirer de l’OTAN), tente un coup de poker en proposant à la Roumanie non pas un véhicule déjà amorti, mais bien une nouveauté à venir : la R12. Banco ! Le contrat sera signé en 1966 (la visite du Général de Gaulle en Roumanie y sera sans doute aussi pour quelque chose).
La société UAP (Usine de Autoturisme Pitesti) est créée et l’usine construite à Pitesti, au sud de la Roumanie, en un temps record. Sauf que la R12 n’est pas encore prête, et ne doit sortir en France qu’en 1969, alors que l’usine de Pitesti, elle, est opérationnelle en 1968. Il est donc décidé de lancer un modèle transitoire, en attendant la future 1300. La marque Dacia (référence à la Dacie antique et romaine) commencera donc avec un véhicule en CKD, la 1100. Il s’agit en fait d’une R8 à peine modifiée (seuls les logos changent), dotée d’un 4 cylindres de 1100 cm3 (d’où son nom) de 43 chevaux.
Si le ministère de l’intérieur disposait de « puissantes » 1100S, la police elle se contentait de 1100 !Cette première Dacia sera produite de 1968 à 1971, survivant même au lancement de la 1300 (R12) en 1969, qui elle sera construite totalement à Pitesti grâce à des fournisseurs roumains.En tout, 37 546 exemplaires de la 1100 seront produits. Il existait cependant une variante très rare déjà à l’époque, et encore plus aujourd’hui : la 1100S. A l’origine, elle était prévue pour le service compétition de Dacia, avec le moteur de la R8S de 60 chevaux. Mais une cinquantaine de 1100S furent aussi livrées au Ministère de l’intérieur pour sa police politique (qui deviendra par la suite la Securitate de sinistre mémoire). En tout, on estime la production totale de la 1100S à moins d’une centaine d’unité. Autant dire que si vous en trouvez une, sauter dessus.
Une des rares photos de la 1100S ! Elle se distinque de la 1100 par ses 4 phares !Si à partir de 1971 Dacia se concentrera sur la R12 et ses dérivés spécifiques à la Roumanie (nous y reviendrons), d’autres modèles Renault furent produits au compte goutte à Pitesti, comme l’Estafette (lire aussi: Dacia D6), ou la Dacia 2000 (lire aussi : Dacia 2000). Je suis sûr qu’un petit tour en Roumanie pourra vous faire trouver la perle rare pour rouler franchement décalé.
A voir, un reportage d’époque sur la « nouvelle 1100 »: